
72 S A L
plomb , de mercure & d'argent, troublent fortement
te précipitent abondamment la falive : c'eft
par-là que j'ai fpécialement trouvé les phofphates
qffi exiftent dans ce liquide animal î car ces précipités
métalliques donnent des traces très-fenfi-
bles d’.icide muriatique te d’acide phofphorique
tout à la fois.
Il fuit de tous les faits énoncés, que, chez
l'homme, la falive eft formée d'une quantité d'eau
qu'on évalue aux trois quarts ou aux quatre cinquièmes
d'un mucilage animal très-aéré, mouf-
feux, prefqu'indifloîuble ou très-peu diffoluble dans
l’eau 5 d'une petite proportion d'albumine & de
matières falines, qui font du muriate & du phofphate
de foude, d’ammoniaque & de chaux. Cette
manière de concevoir la compofition de ce liquide
, outre qu’elle eft le réfultat des expériences
faites jufqu'ici fur fa nature , explique encore tous
les phénomènes que préfentent la falive, fa demi-
coagulation par le feu, par les acides, par l’alcool
$ fa difficile diffolubilité dans l'eau, les légers
flocons qu'elle donne dans beaucoup de cas, fa
lente .vifeofité , fa propriété écumeufe, fa précipitation
par line fou'e de corps. Il faut fe représenter
la falive comme une diffolution rapprochée
d'un mucilage vifqueux , qui arrête avec une
grande promptitude l’air dans lequel elle plonge ,
de manière à L'entraîner avec elle dans le bol alimentaire
te dans l’eftomac. Les fels peuvent y
varier dans leur proportion, & varient en effet,
fuivant une foule de circonftances.
H eft affez fréquent qu’il fe forme dans les
couloirs de la falive, & qu'il fe dépofe dans les
canaux excréteurs des glandes falivaires, des ef-
fèces de concrétions ou de calculs qii’on a mal-
a-propos nommés des pierres. On les a furtout
obfervés dans le canal de Warthon, beaucoup plus
fouvent que dans ceux dh Stenon & de Rivinus.
Haller, après avoir cité une foule d’exemples
d’après les auteurs, demande quelle peut être la
caufe qui favorife cette formation dans le premier
de ces canaux plutôt que dans les deux autres.
On ne connoît point affez la ftruéture des diverfes
glandes falivaires pour prononcer fur la caufe de
cette fingulière prérogative du canal de Warthon.
Sçherer, dans une Differtation qui a pour titre
De calculo in diMu falivali, a décrit avec beaucoup
de foin les maux que produit cette efpèce de concrétion
, & toutes les circonftances qui l'accompagnent.
Hippocrate connoiffoit déjà la pierre
fous la langue. On a vu la tumeur nommée ranule
ou grenouillette, & les angines être la fuite de cette
efpèce de concrétion. Beaucoup de faits ont auffi
prouvé qu'elle fe formoit promptement. J’ai examiné
un de ces calculs falivaires qui m’a été donné
par M. Sabbatier, & je l'ai trouvé compofé de
phofphate de chaux & d'une efpèce de mucilage
animal. Sa Source eft donc manifeftement dans la
falive 3 qui, comme tous les fucs blancs & plus
ou moins vifqueux, contient le phofphate de
S A L
I chaux, dont la proportion augmente quelquefois
par des^ caufes encore inconnues ou inappréciées.
Il paroît que cette augmentation tient, dans plusieurs
circonftances, à une caufe générale, te
qu’elle a lieu dans toutes les humeurs à la fois,
fans doute parce que les couloirs qui en évacuent
naturellement la furabondance , fe trouvent alors
refferrés. Dans ce cas il fe forme, dans beaucoup
de lieux, de pareilles concrétions, te il s'en dépofe
jufque dans l'épaiffeur des membranes.
Ces ncruftations fi fréquentes qui enveloppent
la bafe des dents, qu’on connoît fous le nom
de tartre, qui les déchaufient , qui repouffent
& détruifent les gencives, & deviennent quelquefois
fi considérables, qu'elles écartent, ébranlent
te déplacent les dents elles-mêmes chez certains
individus qui n’ont pas foin de leur bouche,
font encore de la même nature. La falive te les
autres fucs de la bouche qui baignent fans ceffe
ces os , qui féjournent entre le bord des gencives
te des d-:nts, y dépo.fentpeu à peu, par une véritable
criftalüfation, les molécules de ce fel terreux
, & ce n'eft point au réfidu des alimens,
comme on le croit communément, qu’il faut attribuer
ce prétendu tartre dentaire. En examinant
avec une bonne loupe la concrétion tartariforme
qui ceint ces os vers leur couronne, te qui s'étend
quelquefois jufqu’aux alvéoles , fur le bord
defquelles elle fe moule , on la voit compofée de
petits grains réunis les uns aux autres, brillans
dans quelques points. Au microfcope on y apper-
çoit un grand nombre de pores ou de petites cavités
polyédriques qui imitent la forme te l’arrangement
des cellules des polypes. Magellan le phy-
, ficien, qui a fans doute vu des animaux microfco-
piques fe mouvoir, a penfé que cette concrétion
étoit une forte de polypier formé par ces animaux >
mais il eft plus naturel de croire que ce dépôt crif-
tallin des humeurs buccales, femblable aux concrétions
fi généralement répandues te fi communes
dans l'économie animale, reçoit à fa furface te i dans fes pores quelques molécules du réfidu ali-
; mentaire , chargé , comme toute matière organique
molle, humide te chaude, d’animalcules mi-
crofcopiques. La nature de ce dépôt dentaire eft
de véritable phofphate de chaux, mêlé d'une portion
de fubftance muqueufe & glaireufe ; auffi Ls
acides le diffolvent-ils , comme on le fait depuis
long-tems , par l’emploi de ces matières propres
à nétoyer les dents, fur lefquelles, à la vérité,
les acides agiffent d’üne manière dangereufe fi l'on
n'a pas l’attention de borner leur énergie à la
feule couche de tartre qui enveloppe te recouvre
les dents.
SALMIACK : nom barbare du fel ammoniac, &
qui en eft manifeftement un abrégé, employé par
beaucoup d’alchimiftes & de prétendus adeptes.
11 eft tout-à-fait abandonné, & on ne le retrouve
plus dans les bons auteurs de chimie.
SALPÊTRE :
S A L S A L 73
- SALPÊTRE : nom vulgaire te encore employé, •
par lequel on a défigné le nitrate de potaffe, parce
qu’on le retire fouvent des pierres des vieux édifices
à l’aide de la leffive te de l’évaporation. Plu-
fieurs chimiftes penfent que ce nom, qui défigne
véritablement l'efpèce de nitre qu on extrait des
pierres, repréfente comme tel le nitrate de chaux
qu'on trouve en effet dans les pierres calcaires
des vieilles conftruétions , te qu'on ne convertit
en véritable nitre ou nitrate de potaffe qu’en
traitant la leffive par 1 alcali ou la potaffe. Voila
pourquoi les fàlpêtriers qui extraient 1 efalpêtre des
plâtras, traitent leurs eaux de leffive par cette efpèce
d’alcali i mais; il n’en eft pas moins certain
que le commun des hommes qui emploie le mot
falpêtre dans les arts, entend par-là le vrai nitre,
celui qui fert à la préparation de la poudre à canon.
( Voye^ les articles NlTRE & NITRATE DE
POTASSE. )
- Salpêtre de houssage.Une des plus grandes
preuves que le'mot falpêtre eft appliqué au,véritable
nitre ou nitrate de potaffe, c'eft que le fel
qu'on défigne fous le nom de falpêtre de koujfage
eft le vrai nitre utile à la fabrication de la poudre.
Ce nom n'appartient en effet qu'à un fel qui tend
à criftailifer te à s'effleurir en criftaux fins, foyeux
ou aiguillés à la furface des pierres qui le recèlent,
furtout dans les féchereffes qui fuivent les grandes
humidités. Les pierres poreufes, les anciennes
murailles dans lefquelles ce fel s'eft formé, préfentent
fouvènt à leur furface, du côté du midi
ou de l’eft, une efflorefcence faline fine te comme,
foveufe, qui tombe bientôt fur le fo l, s’ y accumule
, te peut être détachée des murs par le
frottement des balais ou des houffoirs. Il y a quelques
lieux où l’on en obtient ainfi des quantités
affez confidérables pour en tirer un profit qui in-
demnife de la peine qu'on y prend. On affure qu’il
s'effleurit de cette manière dans plufieurs terrains
de l’Efpagne & de l’Inde, te que telle eft la fource
de l’abondance avec laquelle ce fel eft apporté de
l’Inde en Enrope par le commerce maritime > il
paroît même que cette contrée en contient te en
fournit au-delà de ce qui eft néceffaire aux be-
foins de l’Europe ; ce qui eft vraifemblable par le
bas prix auquel cette matière eft livrée dans les
grandes places de commerce. ( Voye[ les articles
Nitre & Nitra te de pota s se .)
- Salpêtre terreux : nom donné aux nitrates
de chaux t e de magnéfie qui accompagnent toujours
le nitrate de potaffe qu'on extrait des matériaux
pierreux des Salpêtres. On a cru que tout le
nitre extrait de ces matériaux étoit du falpêtre
terreux i mais l’efflorefcence du nitre ,en criftaux
fecs, à la furface des murs falpêtrés, prouve qu’il
eft en partie formé de véritable nitrate de potaffe.
( Voye^ les mots.SALPÊTRE, SALPETRE DE HOUSSAGE,
Nit r e , Nitrate de pota sse. )
Chimie, Tome VI,
SALSOLA SODA : c'eft le nom linnéen d'un©
plante rangée parmi celles d'où l’on extrait la foude
par l’incinération. J'en parle i c i , foit parce que
c’eft une des fources de cet alcali, foie i parce
qu'elle a été le fujet d’une analyfe exaéte faite par
M. Vauquelin, te parce que cette analyfe peut
jeter un grand jour fur la manière de recueillir
la foude» & fur l'origine de cette fubftance fi utile
en chimie te dans les arts chimiques.
La plante envoyée de Cherbourg à M. Vauquelin
en 1793, & analyfée peu de tems après_,
a été bien féchée te mife en poudre : elle avoit
dans cet état une couleur verte-jaunâtre, une faveur
falée un peu alcaline te une odeur de marécage
i elle verdiffoitla couleur des violettes. Macérée
dans l'eau à quinze degrés pendant quelques
jours , elle s’eft noircie, couverte de moififfures ,
te eft devenue fétide.
Son infufion à froid a donné, par l’évaporation
à ficcité, du muriate te du carbonate de
foude.
Traitée à la cornue par l’acide nitrique, à vingt-
quatre degrés de l’aréomètre de Baumé, elle a
donné du gaz nitreux, du gaz acide carbonique ,
te de l'eau avec un peu d'acide pruffique, qui, fa-
turéë de potaffe , a fourni du bleu de Pruffe avec
le fulfate de fer. La matière reftée dans la cornue
étoit en paillettes blanches , acide, foluble dans
les alcalis,, d'où les acides la précipitoient en
flocons j foluble dans l’alcool, dont l’eau la féparoit
en lames brillantes , recouverte d’ une huile brunâtre,
figée, duétile comme la cire qu'elle imitoir.
Cette cire ne fe forme qu’avec l'acide foible &
à l'aide d'une longue ébullition. Elle provient de
la combuftion du charbon par l’oxigène de l ’acide
nitrique chaud, te par la furabondance de l’hydrogène
de la partie ligneufe de la plante. La liqueur
reftée dans la cornue , outre la matière végétale
dénaturée dont il vient d’être que ftion ,
contenoit dunitrate.de magnéfie, du nitrate de
foude, de l’acide muriatique & de l'acide nitrique
tenant en diflolution une matière végétale jaune.
Elle n’a préfenté aucune trace d'acide oxalique ni
d'acide citrique, fans doute parce qu’ils avoient
été détruits par la longue te forte aètion de l'acide
nitrique. Plufieurs de ces produits annoncent la
préfence de l'azote dans le falfola foda.
Une once de cette plante en poudre a été distillée
dans une cornue avec l'appareil pneumato-
chimique. Il a paffé d'abord quelques gouttes
d'eau fans couleur, puis un liquide jaune auquel a
fuccédé une huile rouge avec un fluide élaftique
très-fétide, qui a communiqué fon odeur à l'eau
de la cuve. Cette odeur étoit détruite par l’ acide
muriatique’oxigéné. Ce fluide, à la quantité de
deux cents pouces cubes, contenoit deux tiers
d'acide carbonique. Le produit liquide, fétide
verdiffoit la teinture de violettes, répandoit une
fumée blanche par le voifinage de l ’acide muriatique
oxigéné y dégageoit de l'ammoniaque par U
K