
La filice trouvée dans cette cendre étoit accidentelle,
ainfî que je le prouverai dans la fuite.
II. Action de [alcool fur le bois épuifé par l’ eau.
9. Le bois épuifé par l'eau teignit en jaune
l'alcool avec lequel on le fit bouillir. Il ne fallut
pas une très-grande quantité d alcool pour enlever
au bois tout ce qu'il contenoit de foluble dans ce
menllrue ; toutes les liqueurs futent réunies &
concentrées dans une cornue 5 le réfidu fut enfuite
évaporé à ficcité dans une capfule de porcelaine ;
l'eau mife en digeftion fur ce réfidu en a diflous
une très-petite quantité j elle prit une teinte rofee
qui fut avivée par l'acide muriatique, & qui palia
au violet par le contaét des alcalis. La matière in-
foluble dans l'eau étoit évidemment de nature
huileufc ou réfineufe ; elle contenoit encore de la
matière colorante, & peut-être un peu de matière
animale. Lorfqu'on la projettoit fur un charbon,
elle fe fondoit & exhaloit une odeur .balfanuque
mêlée d'empyreume j elle étoit diffoute par 1 alcool
chaud.; une partie s’en précipitoit par le refroi-
dilfement à la manière de la cire. L eau troubloit
abondamment cette diffolution.
10. Il fuit de-là que l’alcool avoit diflous de la
matière colorante & une fubftance réfineufe ou hui-
leufe qui étoit en véritable combinaifon avec la
première. Comme cette combinaifon eft infoluble
dans l'eau quand elle eft fixée fur le bois, il faut i
en conclure que la fubftance huileufe ou réfineufe i
fait l'office de mordant pour une partie de la :
matière colorante.
III. Action de [acide muriatique fur le bois épuifé par ’
Veau. & Valcool,
1 1. Quoique le bois eût été traité par l’alcool ,
cependant il étoit encore odorant; la teinte étoit
lingulièrement affaiblie ; mais dès qu il eut le con-
taél de l’acide muriatique à 10 ° , il prit une belle
couleur rofe. L’acide, après quatre jours de digef-
" tion I ne s’étoit pas coloré d’une manière fen-
fible (1) ; il fut féparé du bois & remplacé par de
nouvel acide : lorfque le bois fut épuifé, on réunit
tous les lavages acides & on les fatura par l’ammoniaque
; ils devinrent jaunes & dépofèrént une
poudre grenue qui ne paroiftoit pas fenfiblement
colorée ; mais quand on vint à la rediffoudre dans
un peu d’acide muriatique (afin de.la détacher du
vafe où elle s’étoit précipitée), elle, teignit cet
acide en beau rofe. Cette poudre précipitée de
nouveau par l’ammoniaque & décompofée enfuite
par le carbonate de potalfe, donna du carbonate de
chaux & de Yoxalate de potajfe ; elle étoit donc
formée à’oxalate de chaux (1). Mais une chofe
(1) Un acide plus concentré, à quinze degrés, par exemple
, fe1 feroit coloré en rofe.
^ (a) Il eft probable qu’elle contenoit au£E un peu,dephof-
phate de chaux.
qu’il faut remarquer, c’eft l’affinité de ce feî terreux
pour la matière colorante, affinité qui doit
néceflairement contribuer à fixer une partie de la
couleur fur le ligneux du campêche.
IV. AU ion du calorique fur le bois épuifé par l’eau ,
Valcool 6? l’acide muriatique,
12. Le bois qui avoit été traité par l’acide muriatique
fut lavé avec de l’eau bouillante i les
premiers lavages étoient jaunes y les derniers
étoient incolores & ne précipitoient pas le nitrate
d'argent : le bois n*avoit plus qu’une couleur rofée
prefqu’imperceptible. Je ferois allez difpofé a
croire que la petite quantité de matière colorante
qu’il retenoit, étoit combinée à cette matière
végéto-animale qui exifte dans prefque toutes les
parties ligneufes des végétaux : les alcalis avec
f lefquels on le mit en digeftion ne parurent pas
lui enlever de couleur} iis prirent feulement une
légère teinte jaune.
13. Je diftillai le bois qui avoit féjourné dans
l’acide muriatique , pour lavoir s’il contenoit de
l’acide en combinaifon} mais malgré les foins que
j’ai pris pour rechercher cet acide dans les produits
de l’opération, je n’ai pu y en découvrir de
traces fenfibles.
Cent parties de bois bien fec ont donné , i°. de
l’eau incolore } 2°. un liquide jaune-citrin; 3°- une
huile orangée} 40. une huile brune, plus pefante
que l'eau, f Q. une huile noire concrète : tous
ces produits étoient acides j ils dégageoient un
peu d’alcali volatil lorfqu’on les mêloit avec la po-
taffe-j-6Ç. un charbon ayant la forme du bois que
l ’on avoit diftiilé, 6c qui pefoit 18 3.
14. S’ileft vrai, comme Vont dit MM. Four-
croy & Vauquelin » que le carbonate de chaux des
cendres du bois flotté provienne de la décompo-
fitionde l’oxalate calcaire, on ne doit plus retrouver
de chaux dans la cendre d’un bois qui aura digère
pendant long-temps dans un acide •, or, c èft le re-
fiiltat que j’ai obtenu du bois de campêche épuifé
par l’acide muriatique : le peu de cendre qù il a
donné étoit formé de filice , d’ un atome de potajfe
& d’une trace prefqu’ infenfible de chaux.
§. II. "Examen analytique de l ’extrait aqueux de
campêche.
15. Les expériences précédentes ne m’avoient
point fait connoître tous les corps qui pouvoient
fe diffoudre avec la matière-colorante lorfqu’on
applique l’eau au bois de campêche > elles avoient
eu pour but principal de déterminer la nature des
fubftances qui fixent une partie de la couleur fur
le bois, & qui la défendent par l’affinité qu’elles
exercent fur elles de l’aélion diflolvante de l’eau.
Pour achever le travail analytique que j'avois comi
mencé, il falloir ifoler le principe colorant des
corps auxquels il étoit uni dans l’extrait aqueux
de campêche.
I. A£iion de l'oxide de plomb fur l ’infufion aqueufe de
campêche.
16. Je fis bouillir plufieurs litres d’eau fur foixante
grammes de Iitharge réduite en poudre fine , afin
de lui enlever tout ce qu’elle pouvoit contenir de
foluble. Le lavage ne me préfenta que des traces
de carbonate de plomb, dont la préfence étoit
rendue beaucoup plus fenfible par l'infufion de
campêche que par l’hydrogène fuifuré. L’ oxide de
plomb ainfi lavé fut mis en contaét avec des in-
fufions de campêche, jufqu’à ce qu’ il refufât d’en
“décolorer de nouvèlle 3 dans cet état on pouvoit
le confidérer comme étant faturé de matière colorante
} toutes les infufions qui avoient été décolorées
avoient la même odeur que le bois} elles
furent réunies & diftillées : le principe odorant
palTa dans le récipient; celui qui diftilia fur la fin
de l’opération avoit l’odeur de champignon. Il eft
vraifemblable que ce produit contenoit de l’ acide
acétique, mais je n’eri recherchai pas l’exiftence.
17. Le liquide concentré dans la cornue avoit
line légère couleur citrine , une faveur fade ; il
n’éioit pas fenfiblement acide au papier de tour-
nefols il étoit épais} il contenoit quelques flocons
blancs. Par l’oxalate d’ammoniaque il précipitoit
de l’oxalate de chaux , & par le muriate de platine,
du muriate triple de potajfe. Ces deux bafes étoient
combinées à l’acide acétique} car lorfqu’on verfoit
de l’acide fulfurique étendu dans le liquide qui les
contenoit, il fe dégageoit une légère odeur de
vinaigre.- Le liquide, concentré de nouveau dans
une capfule de porcelaine , dépofa quelques flocons,
& des cercles blancs comme terreux fur les
parois du vaiffeau : on l'abandonna enfuite à lui-
même pendant plusieurs jours. Il ne donna pas de
criftaux ; il fe recouvrit d’une pellicule élaftique ,
& finit par enduire le fond de la capfule d’une
matière luifante qui attira l’humidité de l’air. Ce
réfidu repris par l’eau fut dilfous en partie ; la diffolution
filtrée précipitoit par la noix de galle ( i) ,
par l’alcool & l’acétate de plomb ; par l’évaporation
, elle donnoic de nouveaux flocons. D’après
ces propriétés, je penfe qu’elle contenoit de la
matière végéto-animale, & peut-être un peu de
gomme.
Il fuit de ces faits que la liqueur décolorée par
la Iitharge contenoit de l’huile volatile 3 des acétates
de potajfe & de chaux, & de la matière végéto-
animale.
II. Anion des dijfolvans fur l ’extrait aqueux de
campêche.
A. Effais analytiques.
18- L’expérience précédente ne prouvoit pas
qu’il n’y eût eu que le’principe colorant à fe fixer
à la litnarge; il étoit même plus naturel de foup-
çonner le contraire , attendu l’affinité de cet
oxide pour un grand nombre de corps. Il me
fembloit, fi cette opinion etoit fondée, que les
diflolvans étoient les feuls réaélifs propres à ifoler
le principe colorant, par la raifon que les oxides
métalliques & les autres bafes qui forment avec
lui des combinaifons peu folubles , dévoient fe
comporter à la manière de l’oxide de plomb.
L’alcool fut le premier diffolvant que j ’employai.
JPar l'alcool. 19. (a). Je mis cinq grammes
d’extrait fée avec cent grammes d’alcool. Après
quatre jours de macération, je décantai le liquide
& je le fis évaporer dans" une capfule de platine
parfaitement propre. Lorfque la liqueur fut à
confiftance de firop clair, j’y aperçus , en la
regardant au foleil , de petites paillettes crijtal-
lifées. Je verfai de l’eau dans la liqueur 3 il fe fit
un précipité qui fut rediffous à l’aide de la chaleur.
Je ns evaporer : par la concentration il fe
forma beaucoup de criftaux qui rêftéchijfoient la
lumière du foleil avec beaucoup de force. Quand je
jugeai l'évaporation affez avancée, j’eflàyai de
féparer la fubftance criftallifée de l’eau-mère. Ce
fut en vain que, pour y parvenir, je me fervis d’eau.
Lorfque je veriois ce liquide dans la liqueur concentrée,
il fe faifoit fur-le-champ un précipité
qui fe mêloit aux criftaux & qui empêchoit d’obtenir
ceux-ci à l’état de pureté} l’alcool, au contraire
, me réuffit parfaitement} j'en verfai fur la
liqueur concentrée } je délayai, & enfuite je mis
le tout fur un filtre. Il palia une eau-mère brune
que j’examinerai plus tard.
(b) Je remis cent grammes d’alcool fut le réfidu
qui n’avoit pas été diffous par l’alcool (a). Après
; fix jours de macération, je décantai, quoique
cette liqueur contînt beaucoup moins de matière
en diflolution que la précédente} elle avoit une
couleur plus foncée } elle étoit plus brune } l’ extrait
qu'on en obtint, traité par l’eau, fut en
partie diflous par ce menftiue. La diflolution évaporée
fe couvrit de pellicules brunes, fe troubla
par le refroidiffement, & dépofa une matière tenace
, comme gralfe , d’ une couleur orangée-
brune 3 ce qui reftoit en diffolution étoit d’un
orangé-clair. La partie de l’extrait qui ne s’étoit
pas difloute dans l’eau, étoit beaucoup plus brune
que celle qui s’y étoit diffoute.
(d) Je remis cinquante grammes d’alcool fur le
réfidu infoluble dans .l’alcool (b). Après trois
jours je filtrai. J’obtins une liqueur analogue ji la
précédente j feulement la couleur orangée alloic
toujours en diminuant, & elle étoit remplacée
par une couleur brune.
(e) Un quatrième & un cinquième lavage alcoo-
que préfentèrent les mêmes réfultats.
(ƒ) Le réfidu infoluble dans l’alcool fut diffous,
pour la plus grande partie, par i’eau chaude
8c par l’alcool bouillant ( 0 Ce précipité croit dû en partie à l’acétate de chaux. employé en tiès- grand«