
avec Peau qui les diflbut, comme on peut îa con-
fidéret dans le ferum blanc, püifque la quantité
d’eau ajoutée dépend entièrement de la volonté
de celui qui opère & du procédé qu’il emploie.
Le phofpliate furoxigéné de fer ou le phofphate
de fer rouge qui colore ce ferum enlevé au caillo
t , y eft di flous par l’aibumine, & fe précipite
avec elle quand le feu la coagule & la fépare.de
l ’eau : il relie même à cette albumine une partie de
fon activité "dilïblvante, puifqu’outre le fel ferrugineux
qu’elle contient naturellement, elle réagit
fi promptement & fl fortement fur le cuivre &
fans doute fur d’autres métaux. On conçoit la pré-
fence fimuhanée du phofphate de fer & de la foude
dans le fang lorfqu’on fait que l’alcali fixe ne dé-
compofe qu’en partie ce fel métallique , ne le
porte, comme le prufflate de fe r , qu’à l’état de
phofphate avec excès de fer ou phofphate rouge,
& puifqu’ il ett en cet état dans le fang. On le conçoit
encore mieux lorfqu’on fe rappelle que le fer
eut s’oxide dans une dilïblution de phofphate de
foude décompofe une partie de ce fe l, & pafle à
l’état de phofphate furoxigéné de fer. Peut-être
eft-ce ainu que fe forme dans le fang ce fel ferrugineux
, & que s’opère la réparation de la foude.
§. VIII. De la partie fibreufe du fang ou de la fibrine.
44. Quand on a bien lavé le caillot placé dans
le nouet de linge , il refte une matière blanche
en filamens durs, entrelacés les uns dans les autres
& comme feutrés, qu’on a nommée matière
fibreufe j & qui eft appelée fibrine dans la nomenclature
méthodique. Cette même fubftance fe répare
du fang quand on l’agite dans les boucheries
3 & s'attache aux baguettes avec lefquelles on
le bat, fous la forme de petits faifceaux folidès,
tortil és comme des fils mêlés, d’une couleur rofée,
qui deviennent blancs par le lavage. On la trouve
conftamment encore flottante en petits flocons ou
en fibres blanchâtres dans l’eau où l’on reçoit le
fang dé s faignées du pied : quelquefois il fort de
pareils filets avec le fang des faignées du bras,
& il n’y a pas lieu de douter qu’on doiye rapporter
a ces filets les prétendus vers qu’on a dit
avoir vus fortir des veines ouvertes.
4 j. La fibrine bien préparée, égouttée fur des
papiers non collés, le lèche dans une étuve,
& perd par-là les deux cinquièmes ou entre 0.39
Si 0.40 de fon poids; elle devient alors dure &
prefque caflante. La quantité moyenne de cette
matière, prife fur fix fangs d’hommes dîfferens,s’eft
élevéè dans nos expériences à 0.0028 ; fur uri plus
grand nombre de fangs comparés , le minimum de
fa proportion eft de 0.001 J , & le maximum de
0.0043. La fibrine eft fans faveur, & d’ une côn-
fiftance ,* d’une-ténacité telles dans fon tiflti, que
les animaux ont beaucoup de peine à la mâcher
crue. Quand on l’expofe à üii feu violent 8c lu-
b it , elle fe retire & fe meut en divers fens comme
le fait le parchemin. Diftillée à feu nu 8c dans
une cornue, elle donne de l’eau chargée de carbonate
d’ammoniaque, une huile épaiflè, lourde,
très-fétide, & beaucoup de carbonate ammoniacal
concret. Il s’en dégage aufli du gaz hydrogène
carburé & du gaz acide carbonique : c’eft une
des fubftances animales qui fournit le plus d’ huile
d’ammoniaque ; aufli l’ai-je indiquée comme matière
fpécialement azotée. Le charbon qu’elle laifle
après fadiftillation eft compacte, lourd, aflez difficile
à incinérer. On n’y trouve que du phofphate
de chaux pour cendre5 on l’extrait, on le recon-
noît en le diflolvant dansTacide nitrique & en le
précipitant par l’ammoniaque. Il ne contient ni
phofphate diflolnhle ni fer.
46. La fibrine fe pourrit promptement & fortement
dans l’eau ; elle exhale une odeur très-fétide
& fe convertit en matière grafle adipocireufe :
il s’en dégage aufli beaucoup de carbonate d’ammoniaque
pendant fa putréfaction. Elle n’eft pas
difloluble dans l’eau ; ftc Jorfqu’on lad aille long-
tems dans ce liquide bouillant, elle fe racornit
8c fe durcit en prenant une couleur grife. Les alcalis
étendus d’eau n’ont que très-peu d aêtion fur
elle 5 l’ammoniaque ne la diflbut pas davantage.
Les leflivesd'alcalis fixes cauftiques, baryte, po-
tafle, foude & ftrontiane, fort concentrées,.l’attaquent
cependant à l’aide de la chaleur ; elles la
colorent en rouge-brun, en dégagent de l’ammo-
niaque, la ramoliilfent, finiflenc par la fondre entièrement:
il en réfulte une efpèce de favon amer,
fluide ou vifqueux que les acides 8c les fels
métalliques décompofent.
47. Les acides ont une aêtion beaucoup plus
fenlible fur la fibrine. Les plus foibles même la
diflolvenr. L’acide nitrique affoibli en dégage.à
froid beaucoup de gaz azote j enfuite , à 1 ddô
de la chaleur du gaz acide prullique, du gaz acide
carbonique, mêlés de gaz nitreux, il fe forme
alors des flocons graifleux jaunâtres, & la liqueur
tient en diüolution de l’acide oxalique. L’acide
fulfuriqüe concentré la charbonne en la conver-
tiflant en partie en eau & en acide. Le muriatique
la diffout & lui donne la forme d’une gelée
verte. L’acide acéteux la diflbut aufli, comme
les acides citrique, tartareux & oxalique, à l’ aide
d’une douce chaleur. Toutes ces diflolutions acides
prennent, lorlqu’elles font concentrées pat
l’évaporation , bien faturées d’ailleurs, & en re-
fr pi enflant, la forme géiatineufe; elles rcffemblent
aloîs à une véritable gelée. Les alcalis précipitent
la fibrine de ces diflolutions acides en flocons
altérés à la vérité, & qui font devenus difc
folubles dans l’eau chaude ; il fembleroit qu’elle
a pris lé caractère d’un tiflii gélatineux, & qu’elle
a rétrogradé en quelque manière dans fa compo-
fition.
48. Malgré la petite quantité de fibrine con-
tenus dans le fang, elle joue un rôle bien frfil
portant dans l ’organifation animale fit dans la vie
des animaux, puifcru’elle fe dépofe^dahs leurs muf-
cles, dont elloconititue le tiftu particulier, puif-
qu’elle devient le fiége d’une des puiflances vitales
les plus importantes 8c les plus incompréhenfibies,
celle de l’irritabilité, & conféquemmem le prim
cjpe du mouvement qui préfide à toutes Iss autres
fonctions, depuis celui du coeur, où réfidel’entretien
de la vie , jufqu’à celui de la moindre
fibre mufculaire,
§. IX. Des principales dijférences du fang,
49. Il ne fuffit pas d’avoir examiné le fang entier
& fes divers élémens ou matériaux immédiats dam
les circonftances les plus générales , d’en avoir
déterminé les propriétés en quelque forte moyennes
ou communes. La chimie peut aller beaucoup
plus loin encore; elle doit embraflVr un enfem-
ble bien plus grand, s’appliquer à des détails bien
plus étendus. C ’eft à elle à faire apprécier les
différences que ce liquide vital préfente, fuivant
les lieux qu’il occupe dans le corps , fuivant les
âges & le fexe qui le mod’fient* fuivant les divers
ordres d’animaux auxquels il appartient. Quoique
le travail d analyfe que ces données exigent
pour être remplies foit encore peu avancé, déjà
cependant les connoiflances chimiques ont répandu
quelque jour fur ces confidérations , & il eft
important de réunir ici ces lumières comme dans
un foyer, pour éclairer au moins l’entrée de l’im»
menfe panière que la médecine attend à cet égard
de la phyfique, qui doit la précéder de fon flambeau
dans cette route fi peu fréquentée encore.
50. Les Anciens avoient quelques notions fur la
différence du fang contenu dans les deux ordres
de vaiffeaux artéiiel & veineux. En admettant dans
les premiers un efprit ou un air élaftique, ils fem-
bloient avoir confidéré le fang raréfié, aérien, écu-
meux qui les parcourt On ne dotite plus, depuis
Harvey, que le fang à., s artères ne foit plus rouge,
plus chaud , plus rare & plus irritant que celui des
veines, 6c la chimie pneumatique a fait voir qu’en
effet le liquide artériel devoir ces propriétés au
gaz oxigène qu’il abforbe dans le poumon, & à
la perte qu’il y a fa:te d’une portion de fon hydrogène
& de fon carbone. A mefure qu’il circule,
il-perd, 8c fa chaleur & fon oxigène, & la proportion
de fes principes ; de forte que, devenu d'un
rouge-brun, moins chaud, moins roncrefcible,
plus hydrogéné fif plus carboné dans les veines, il
eft difpofé à s’oxigéner, s’échauffer, fe déshydro-
géner & fe décarbonner dans les véficules pulmonaires
, & la refpiration a ces effets fimultanés
pour terme & pour principal uCage.
51. A cette première différence du fang dans
le fyftème des artères & dans celui des veines, il
faut joindre celle qu’il acquiert dans les diverfes
régions qu’il parcourt. On l’a cru plus léger, plus
aérien , plus fpiritueux dans les vaiffeaux de la
tête , & difpofé par-là à former le fluide nerveux
ou l’éfprit vital, qui n'eft encor2 à ia vérité qu’une
hypothèfe. On fait qu’il eft gras & huileux ou au
moins très-difpofé à le devenir dans le bas-ventre,
& fpécialement dans le. fyftème de U veine-porte ;
qu'il fubit aufli un changement encore inapprecié
dans la rate ; qu'il eft très-atténué, rempli d’aéti-
vité & de vie dans le fyftème fparmacique. Nul
doute encore qu’il n’ait un caractère très-particu^
lier dans le voifinage des reins, & furtout a« for-
tir de cet organe urinaire & dans les veines émul-
gtntes ; mais on ignore en quoi confilte ce caractère.
Il n’eft pas moins évident que, près du coeur,
& avant d’y entrer pour être envoyé dans l’appareil
aérifère du poumon, le chyle qu'il reçoit le
modifie Si le renouvelle en lui fourniflanc une
fource pure de réparation continuelle. On ne peur
mécoonoîtte la (iifpofition particulière à fe folidi-
fier & à fe convertir en tilïu fibreux qu’il affeéle
par le ralentiflemenrdans les artères, piefque toujours
rétrogrades , qui le portent dans la chair
mufculaire.
f i . La feule infpc&ion fuffit pour faire voir que
le fang varie fuivant l’âge & le fexe. Celui du
foetus diffère efientiellement de ce qu’il fera dans
l’enfant après fa refpiration commencée, puifque
l’air ne l ’a point encore frappé ni imprégné. Déjà
les premiers eflais que j’ai i>u faire fur cet objet
m-ont appris que le fang du foetus, humain qui
n’a pas refpiré, ne conttnoit, au lieu de matière
fibreufe , qu’un tiflu mollafle, fans confiftance &
comme gélatineux; qu’il n’étoit pas fufceptiblede
devenir rutihm par le contaél de l’air comme celui
de l’adulte, & qu’ il n'offroit pas de fels pftof-
phoriques.
Quelque tems après la naiflance, le fang prend
une couleur éclatante , une concrefcibilité plus
forte, & il s’enrichit de phofphatei, furtout do
celui de chaux, qui, fourni aflez abondamment
par le lait de fa mère, porte promptement la matière
folide aux os du jeune animal.
A l’âge de puberté, le fang eft plus chaud, plus
coloré, plus irritant, plus oaorant, & fe vivifie de
l’émanation fpermatique qui domine ; mu avec
force dans fes couloirs, il tend à s’en échapper.
& c’eft l’époque de la turgefcence & des hémorragies.
Le fujet devenu adulte & dans U force permanente
qui fuccède à la jeuneflfe, a plus de cor.fif-
tance & plus de matière fibreufe dans fon fang.
Dans la vieilleffe, ce liquide p&dde fon énerg
ie , de fa chaleur, de fa propriété plaftique; mais
il devient plus difpofé à s’arrêter, à former des
concrétions de plusieurs genres.
La femme conferve long-tems dans fon fang le
cara&ère de celui de la jeunefle : on a cru que le
fang utérin & menftrud avoir quelques qualités
particulières, une odeur, une vapeur diftinaes qui
agifloient à diftance fur les fleurs & les fruits, .es
liqueurs en fermentation, lès matières colorantes
, &c. En féparanc ce que cette opinion a eu