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De-là on peut conclure que le gouano a été
formé par la fiente des oifeaux aquatiques.
L’acideuriquedesoifeaux aquatiques eft, comme
celui du gouano , modifié par une fubftance colorante
qu'on n'en peut féparer & qui l’empêche de
criftallifer, comme l’acide urique ordinaire , en fe
précipitant.
D’après ces expériences, il devient très-probable
que les clalîes d’animaux ont les urines de la
même nature que celle de l’homme , à l’exception
de l’urée, & que la grande différence qui exifte
entre les urines des quadrupèdes herbivores, &
celle de l'homme & des oifeaux, dépend moins
de la nature des alimens qu’ils prlnnent, que de
Torganifation des reins & peut-être des autres
■ vifcères.
§. IX. Ufage de l ’urine.
L’urine a été employée en médecine comme un
fpécifique dans les obftru&ions du foie, les ulcères
opiniâtres, les fièvres intermittentes, il paroît
qu’elle a des propriétés purgatives allez prononcées
: l‘urine a été & eft quelquefois appliquée à
l’extérieur dans les brûlures, les foulures^, les
humeurs froides, &c.
Uurine pourrie remplace le carbonate d ammoniaque
dans plufieurs circonftances, notamment
dans certaines opérations de teinture , dans la préparation
de l’orfeille & du tournefol, dans le iou-
Jage &r le dégraiffage des draps.
Enfin, Y urine des animaux herbivores peut encore
donner un produit utile aux arts ; c’eft l’acide
benzoïque. Depuis que Fourcroy & moi avons an-
. noncé ce fait, nous avons appris qu’on avoit mis
dans le commerce une a fiez grande quantité de
cet acide qui avoit été extrait de' Y urine de cheval.
Jufqu’.à ce qu’on ait eu connu les ^moyens d’extraire
le phofphore des os, on a retiré ce combuf-
tible de Yurine humaine.
ÜRINEUX. ( Voyei U r i n a i r e . )
URIQUE (Acide). Schéele découvrit cet
acide en faifant l'analyfe- de plufieurs calculs urinaires;
on l’a trouvé dans l'urine de l'homme,
dans celle des animaux carnivores , dans les ex-
crémens des oifeaux; & enfin, M. Robiquet l’a
découvert dans les cantharides. Il forme le plus
grand nombre des calculs de la veflïe; tantôt il y
eft combiné à la foude & à l’ammoniaque ; le plus
fouvent il y eft à l'état de pureté , feulement les
particules en font foudées pgr du mucus animal.
IM. G’uytôn Fa décrit, d’après Schéele, dans le
premier volume de ce Di&ionnaire (page 407) ,
fous le nom d'acide lithiafique > Fourcroy en a
parlé enfuite aux mots C a l c u l v é s i c a l ,
, tome I I , pag. 682-, & C o n c r é t i o n s a n i m a l
e s , totiie IV, page 52 : les détails qu’on trouve
à ces articles nous obligent à ne préfenter ici
qu’ un ré fumé des faits les plus remarquables que
préfente l’acide urique.
u R î
’ On prépare l’acide urique à l’état de pureté en
diffblvant dans la potaffe foible un calcul d’acide
urique j on filtre la liqueur, & on y verfe enfuite
un excès d'acide muriatique. L’acide urique fe
précipite fous la forme de petits criftaux blancs,
qui font quelquefois légèrement colorés en gris.
L’acide urique eft blanc , brillant, criftallifé en
petites aiguilles ; il eft rude au toucher & eft pre£
| que fans faveur. Lorfqu’on le diftille , on obtient
quelques gouttes d’eau ammoniacale , du carbo-
I nate d’ammoniaque fec , du prufliate d’ammoniaque
, un fublimé qui m’a paru avoir beaucoup
d’analogie avec l’urée ( voye% ce mot ), des atomes
de matières huileufes , enfin du charbon.
L’ acide urique fe diflout dans mille fept cent
vingt parties d’eau à quinze degrés cenfcigr., &
dans onze cent cinquante parties d’eau bouillante.
La diffolution faite à chaud dépofe, par le refroi-
diffement, de petits criftaux brillans; quoi qu’il en
fo it, elle retient encore affez d’acide pour rougir
la teinture de tournefol ; elle ne précipite aucun
fel terreux ni métallique. Elle fedécompofe fpon-
tanément en carbonate d’ammoniaque.
L’acide urique eft infol ub’e dans î’alcool.
L’acide fullurique concentré le chjirbonne^
L ’acide fulfurique foible.& l’acide muriatique
ne lui font éprouver aucune altération fenfible.
L’acide nitrique le décompofe ; il fe dégage de
gaz azote, de gaz acide carbonique, de gaz pruf-
fique & de gaz nitreux. En faifant évaporer la liqueur
, on obtient un réfidu d’une belle couleur
rofe ; ce réfidu eft foluble dans l’eau, & la colore
en, rouge : il ne contient que très-peu d’acide
oxalique.
Le gaz muriatique oxigéné humide convertit
l’acide urique en acide carbonique , en muriate
d’ammoniaque & en furoxalate.
L’acide urique fe combine aux bafes falifiables,
& forme des fels appelés urates. On ne connoît
guère que les urates alcalins, & notamment ceux
de potaffe, de foude & d’ammoniaque.
Urate de potajfe. L’acide urique fe combine à.
la potaffe en deux proportions ; la cpmbinaifon
faturée de potaffe eft foluble dans 1 eau. Tous
les acides un peu énergiques la décompofent &
en précipitent l’acide urique. Si on n’emploie pas
une quantité d’acide fuffifante pour faturer l'alcali,
le précipité n’eft pas de l’acide urique pur , mais
un urate acidulé qui eft peu foluble dans l’eau..
Vurate de potaffe décompofe les fels terrèux &
métalliques. _
Urate de foude. La foude fe comporte avec l’acide
urique de la même manière que la potaffe.
Cette combinaifon forme les concrétions arthritiques,
qui font ordinairement blanchâtres, irrégulières
, poreufes ; elles donnent a U diftillation
un réfidu de prufliate de foude ; elles font un
peu folubles dans l'eau bouillante, très-folubles
dans la potaffe & la foude ; ce qui prouve qu’êlles
font formées & urates acidulés. Elles contien-
U R I U S T 5 5 5
f i e n t b e a u c o u p d e m a t i è r e m u q u e u f e . 'Vurate
de foude n ’ a p o i n t e n c o r e é t é d é c o u v e r t d a n s l e s
c a l c u l s u r in a i r e s .
Urate £ ammoniaque. L ’ a m m o n i a q u e f o r m e é g a l
e m e n t d e u x c o m b in a i f o n s a v e c l’ a c i d e urique;
l ’ u r a t e f a t u r é d ’a l c a l i e f t l e p lu s f o l u b l e d e s f e l s
d e f o n g e n r e ; F u r a t e a c i d u l é d ’ a m m o n i a q u e e f t à
p e u p r è s a u f l i f o l u b l e d a n s l ’ e a u , q u e l ’ a c i d e urique
p u r ; i l a é t é t r o u v é d a n s l e s c a l c u l s u r i n a i r e s ,
t a n t ô t f e u l , t a n t ô t m é l a n g é a v e c l e s p h o f p h a t e s
d e c h a u x & a m m o n i a c o -m a g t i é f i e n ; i l e f t d ’ u n
b l a n c l é g è r e m e n t j a u n â t r e .
L ’acide urique eft quelquefois coloré en rofe ; tel
eft furtout celui qui fe dépofe de l’urine des per-
fonnès qui font affe&ées de fièvres intermittentes.
Comme le principe colorant eft foluble dans l’ai**
co o l, il s’enfuit qu’on peut décolorer l’acide uri-
que en le traitant par ce liquide. L’alcool évaporé
laiffe un réfidu acide & rouge, qui a été examiné
par M. Prouft, & auquel ce chimifte a donné lô
nom & acide rofacique.
USTENSILES CHIMIQUES. ( Voye^ Y a i^
s e a u x . )