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rence, il faut favoir que Vurine de cheval fraîche
ne contient jamais d’ammoniaque, & fe fouvemc
qu’elle recèle au contraire des carbonates de foude
& de chaux: c'ell donc à une altération que-
prouve cette liqueur animale 5 après avoir été
rendue, & qui y développe de nouveaux compo-
fés 1 qu’eft due la différence obfervée entre l'umte
fraîche & l’urine fermentée. En peu de temps
elle fubit, en effet, un mouvement de fermentation
dans lequel il fe forme limultanément de
l'ammoniaque & de l’acide acéteux. Cet acide, a
mefure qu’il fe développe C fe combine avec la
foude, de laquelle il chaffe l’acide carbonique :
mais celui-ci ne fe dégage pas à l’état de fluide
élaftique, parce qu’ il eft retenu a 1 ammoniaque a
laquelle il s’unit, & forme du carbonate d ammoniaque
que nous avons trouve dans 1 urine altérée.
S’il fe forme plus d’acide acéteux qu’il n en
faut pour raturer la foude, le furplus s’ unit a
l’ammoniaque ; & fi l’on diflille enfuite cette
urine avant d’ en avoir fépare le carbonate de chaux J
il fe fait alors une double décompofition, d’ou il
réfulte du carbonate d'ammoniaque qui fe vola-
tilife, & de l’acétate de chaux qui refie dans la
liqueur, ainfi que nous l'avons obfervé dans mlu-
fieurs urines qui avoient éprouvé une plus forte
fermentation que celle dont nous avons donne
l’analyfe.
Mais'fi, au contraire, on a extrait Ig carbonate
de chaux pour l’expofition de Yurine à l’air avant
fa fermentation , l'acétate d'ammoniaque eft de-
compofé par la chaleur 1 il fe volati ife une portio
n d’ammoniaque, & Il relie dans la liqueur de
l ’acide acéteux libre, ce que nous avons egalement
reconnu. On voit par la pourquoi il ne fe
dégage aucun gaz pendant la fermentation de 1 urine
de cheval ; pourquoi l’ on n’ y retrouve plus enfuite
de carbonate de foude, mais du carbonate d ammoniaque
& de 1 acétate de foude.
Il paroît donc que Y urine de cheval contient,
dans fon état naturel, une matière muqueufe dans
une proportion convenable pour former de 1 acide
acéteux plutôt que de l’acide carbonique , comme
cela a lieu dans les autres matières animales , &
que l’urée contribue à former cet acide, en meme
temps quelle fert à la formation de l’ammoniaque ;
car nous ne l'avons plus trouvée dans 1 urine de
cheval fermentée. ^
C ’ell une chofe remarquable que, tant qu’ il fe
forme de l ’acide acéteux dans cette urine, il ne fe
développe jamais d’acide carbonique ; car il ne
s’ett manifefté aucun mouvement d effervefcence
pendant la fermentation de ce liquide. Il eft vraisemblable
que fi Rouelle le cadet , dont rexaéli-
tude eft connue de tous les chimiftes, n a pas
trouvé de carbonate de foude dans 1 urine de
cheval , c’ ell qu’il n’a opéré fur cette matière
Qu’après quelle avoit fubi la fermentation, & cependant
Ù n’a pas aperçu l’ acide aceteux qu elle
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contient dans cet état, ou au moins il n’en a paS
parlée
A r t i c l e II.
Analyfe de turine de chameau,
M. Brande.avoit annoncé l’exiftence du phoî-
phate de chaux & de l’urate de potaffe dans Y urine
de chameau ; mais M. Chevreul, qui a répété cette
analyfe avec beaucoup de foin, a obtenu un ré-
fultat contraire. Voici , fuivant ce chimifte, les
fubftances qui compofent Yurine de chameau î
1°. Eau y 2°. matière animale qui fe coagule par
la chaleur ; 30. carbonate de chaux ; 40. carbonate de
magnifie; f .fiiUce; 6°. un atome defiulfiate de chaux;
70. un atome de fier; 8°. du carbonate d’ammoniaque ;
q°. du muriate de potajfie en petite quantité; io°. du
fiulfiate de foude en petite quantité ; 11°. du fiulfiate
de potajfie en grande quantité; 120. d u carbonate de
potajfie en petite quantité; 1 $°. de l’acide benzoïque
qui eft à l'état de fel ; 140. de Y urée ; 150. une huile
odorante roujfie.
A r t i c l e III.
Analyfe de Vurine de cafikor,
L’analyfe foignée & répétéeplufieurs fois de
Y urine de caftor m’a fait connoître qu’elle avoit
| beaucoup de reffemblance avec celle des animaux
herbivores ordinaires. En effet, ôn y trouve du
carbonate de chaux qui y eft tenu en diffolution
par une furabondance d acide carbonique, des
acides benzoïque & acétique, de l'urée, du muriate
de foude, du fulfate de potaffe. On n y
rencontre pas d’acide urique ni de fels phofpho*
riques. ^
Cependant elle en diffère en ce qu elle ne contient
pas de muriate d’ammoniaque, & qu’elle recèle
une quantité notable de carbonate & d’acétate
de magnéfie qui ne fe trouvent pas, au moins en
grande quantité, dans les urines des animaux herbivores.
Voici comment fa i reconnu le carbonate de
magnéfie, après avoir concentré à une chaleur
douce une certaine quantité de cette urine: je^décantai
la liqueur épaiffie, & je lavai avec de l'eau
diftillée le vafe fur les parois duquel le carbonate
de chaux s’étoit attaché; f y paffai enfuite de
l’acide fulfurique étendu d’ eau, qui produifit une
effervefcence écumeufe, à caufe d'une matière
muqueufe qu’entraîne avec lui le carbonate de
chaux. . .
M'étant aperçu que l’acide fulfurique avoit pris
une faveur amère par cette combinaifon, je fis
fécher 8c calciner le mélange , puis je le lavai
avec un peu d’eau, & j’obtins, par 1 évaporation,
de cette dernière,un fel qui avoit toutes les pto-,
priétés du fulfate de magnéfie*
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Voulant favoir par une autre expérience s’il y
avoit du muriate d’ammoniaque dans^ l ’urine de
caftor comme dans celles des autres animaux herbivores,
je mis dans une portion de cette liqueur
épaiffie un morceau de potaffe cauftiaue ; 8c comme
l’odeur de l’ammoniaquene fe fit pas fentir même
à l’aide de la chaleur, j'èn conclus qu’elle ne con-
tenoit pas de muriate d'ammoniaque; mais il fe
préfenta un phénomène qui m’étonna, & qui me
donna l’envie d'en rechercher la caufe. La liqueur
fe prit en une mafle comme gélatineufe; foup-
çonnant que cet effet étoit produit par la précipitation
de quelque fubftan.ee terreufe, je traitai
la totalité de Y urine épaiffie que je poffédois, avec
de la potaffe cauftique ; je filtrai la liqueur pour
obtenir la matière en queftion, 8c après l’avoir
lavée 8c calcinée , je la combinai avec l’acide
-fulfurique étendu d’eau, & j’obtins du fulfate de
magnéfie mêlé d’un peu de fulfate de chaux.
Quoique j’aie annoncé que Y urine de caftor contient
de l’acétate de magnéfie, cependant je n’en
‘fuis pas parfaitement fûr. Il feroit en effet pof-
fible que, pendant l'évaporation, quoique faite à
une douce chaleur, il fe fut formé une certaine
quantité d’acide acétique, 8c que celui-ci eût agi
fur le carbonate de magnéfie refté dans la liqueur,
à caufe de fa folubilité plus grande que celle du
carbonate de chaux.
On reconnoît ordinairement par la cou’eur,
l’odeur, la faveur & la propriété de teindre les
-étoffes alunées furtout, qu’a Y urine de caftor,
i ’ efpèce de végétal dont cet animal s’eft nourri.
* J’ai diftingué très-évidemment, dans celle qui
nous occupe, la partie colorante du faule, & fon
gardien m’ a depuis confirmé cette obfervation.
Il y a donc des cas où certaines fubftances végétales
peuvent paffer par les voies de^ la digeftion
Sc de la circulation, fans perdre entièrement les
propriétés qui les diftinguent dans leur état naturel.
J’ai trouvé atiffi dans Y urine de caftor une quantité
de fer qui m’a d’abord étonné ; mais ayant
•réfléchi qu’ on l'avoit recueillie dans un vafe de fer-
blanc, & qu’elle contient de l’acide carbonique ,
je crois qu’on doit attribuer au vafe la plus grande
partie de ce métal.
L’urine de caftor eft donc compofée :
• i° . D’urée;
20, De mucus animal ;
3*°. De benzoate de potaffe ;
- 40. De carbonate de chaux & de magnéfie ;
- y°. D'acétate de magnéfie ( douteux ) ;
6°. De fulfate de potaffe ;
70. De muriate de potaffe ;
8°. De matière colorante végétale ;
9°. Enfin, d’un peu de fer.
§. V I I I .
Je vais rapporter un travail fur l’urine de plu-
fieuis oifeaux, que j’ai fait conjointement avec
u R I 351
Fourcroy, dans le courant de l’année 1806. Il n’a
été imprimé dans aucun ouvrage.
Analyfe de l'urine et autruche, & expériences fur les
excrêmens de quelques autres familles d’oifeaux,
Jufqu’ici l'analyfe des urines des animaux herbivores
n’a démontré aucune trace de la préfènee
de l’acide urique ni de. l’acide phofphorique, 8c
l’ on en a conclu que ces productions étoient ex-
clufivement réfervées aux animaux carnivores :
cependant M. Vauquelin a annoncé, il y a environ
feize à dix-fept ans, l’exiftence de l’acide urique
dans une concrétion trouvée dans la veffie d'une
tortue, par M. Vicq-d’Azir; mais la quantité de
cette fubftance étant fort petite, il ne put multiplier
fuffifamment fes expériences pour démontrer
le fait d'une manière évidente, en forte qu’on eft
refté à cet égard dans le doute depuis cette
époque. Nous étant procuré, au Muféum d’Hif-
toire naturelle, de Y urine d'autruche, nous l'avons
fourni fe. à quelques expériences, pour en connoître
les élémens les plus cara&ériftiques.
. Nous commencerons par en décrire les propriétés
phyfiques, qui different fenfiblemenc de
celles des urines des autres ciaffes d'animaux.
Cette urine eft blanche comme du lait ; elle eft
ordinairement mêlée à une quantité plus ou moins
grande d'excrémens. Quand elle eft féparée de ces
corps étrangers, elle dépofe les matières qui la
rendoiqnt laiteufe, devient tranfparente & eft peu
colorée d’abord;mais elle prend une teinte brune
foncée à la longue. Elle contient aufiî une affez
grande quantité de matière muqueufe qui lui donne
beaucoup de confiftance, & qui peut en être féparée
par la filtration, n’étant pas en véritable
combinaifon avec les autres principes.
Cette urine aune faveur piquante 8c fraîche,
comme celle d’une légère diffolution du nitrate de
potaffe.
Nous allons maintenant examiner fucceffivement
le dépôt, la partie liquide & le mucus de ces
urines. Lorfque la matière qui forme le dépôt a été
lavée & féchée, elle eft: blanche & pulvérulente
comme de la craie ; elle a âu toucher la douceur
& le gras de l’argile, n’a aucune faveur, & brûle
comme une matière animale.
Les acides étendus d’une certaine qûantité d’eau
ne lui font éprouver aucune altération, ce qui
exclut l’idée que cette fubftance foit formée de
craie ou d’argile. Les alcalis cauftiquesla diiîolvent
promptement; ils ne laiffsnt qu’une très-petite
quantité de mucilage animal. La diffolution alcaline
de cette fubftance n’eft pas fenfiblement colorée
; les acides la précipitent abondamment, &
le précipité prend une forme criftalline, fi le mélange
étendu d’eau eft agité pendant quelque temps.
Le précipité formé par les acides dans la diffo--
lution alcaline, lavé & defféché, nous a préfenté
toutes les propriétés de l’ acide urique, c’eft-à-
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