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poflîble : on a l'avantage de refroidir moins le four,
& la fou.de qu'on obtient eft toujours meilleure que
lorfque le mélange a été fait avec des matières
mouillées 3 ou lorfqu’il a été mouillé par un acci-
dent quelconque,
La foude faite avec des matières mouillées fe
délite tpujcurs beaucoup plus fortement & retient
plus de fulfurp que celle faite avec des matières
bien fècfies.
On peut également; employer la chaux à la place
di la craie j on en met un tiers de moins, mais
il n'y a aucun bénéfice.
Il faut, pour les fours à foude & à calciner, de
très-bonnes briques , & lier avec un mortier fait
avec de très-bonne argile & de fable» faire ce
mortief très-liquide & bien appuyer la brique, afin
que les joints foiçnt \es plus petits poflîble ; car la
vapeur alcaline, jointe à la grande cnaleur, vitrifie
très-promptement la voûte. Lorsqu’on le peut, il
faut faire mouler les briques en coin , ou à peu
près, ce qui leur donne la coupe nécellaire pour
former la voûte, & empêche que les clefs de la
voûte ne fe détachent auffi facilement.
§. V. Defcription des procédés pour la fabrication de
la foude.
Les fours ayant été bien recuits au rouge-blanc,
on les laiffe refroidir & on démarge l’ouverture
qu’on a réfervée pourpaffer la chaudière en plomb.
On place la chaudière en l'élevant fur un échafaud
à hauteur de la folle du four, & la pouffant
dans le four à l’aide d’un cric, on coule tout autour,
entre les bords de la chaudière & dés murs,
un peu de gros mortier mêlé de foin, puis on
referme bien l'ouverture. La chaudière étant
placée, on y répand le fel qu’on étend également,
puis on y verfe l’ acide fuUurique, qui ne doit pas
avoir plus dè 50 deg.} on braffe Je mélange avec
tin râble en fe r , dont la patte eft en cuivre ou
couverte de plomb, car les râbles en bois caffent
dès la fécondé fois. Pour vider les bouteilles d’acide
fulfurique, on fe fert de deux moyens: ou
d’un fiphon dont on introduit la courte branche
dans la bouteille, & dont l ’autre rend dans un
conduit en plomb qui eft incliné dans le four,
ou on penche la bouteille tout doucement d^ns
le conduit en plomb j cette dernière méthode eft
plus fujète à brûler les emballages des bouteilles.
Lorfqu’on fe fert d’acide concentré, il faut
bien fe donner de garde de verfer l’acide fur le
fe l, car l’effervefcence feroit tout fortir j on
verfe l’acide en premier, & on introduit le fel
peu à peu par petites pelletées, ayant foin de le
faire couler lentement de deffus la pelle pour
que l’acide ne rejailliffe pas contre les.murs.
Lorfque l’acide a fini fon aétion, on chauffe
fortement dans le commencement, ayant foin de
diminuer le feu vers la fin. On braffe la matière
toutes les fois qu’on voit fe. former à fa furface
s o u
des croûtes qui durciffent. Enfin , lorfqu’elîe eft
defféchée & qu’elle ne fume prefque plus, on la
retire du four avec des pelles à enfourner en fer 3
& on la jette dans les fours à calciner, furtout lorfque
ceux-ci fe trouvent placés devant les foins
à chaudières. Auffuôt on voit ce fel, qui avoit une
couleur grife, fe tondre dans le peu d’eau qu’ il retient
encore, puis blanchir, & enfin fe liquéfier
parfaitement & fortir par les ouvertures qifon a
deftinées à cet ufage.
Une chaudière de lïx pieds quatre pouces de
longueur, fur quatre pieds fix pouces de largeur
& fix pouces de profondeur, peut contenir
quatre cent cinquante livres de fel & cinq cent
quatre-vingt-cinq livres d’acide à 45 deg.» proportion
qu’on doit fuivre pour faire une bonne
foude ; ce qui fait cent trente livres d’ acide à 45
deg. fur cent livres de fel } ou bien l’on mettra
dans la même chaudière cinq cent cinquante
livres de fel & quatre cent douze d'acide fulfu-
rique à 45 deg., ce qui établit la proportion 3
foixante - quinze livres d’acide pour cent ljvreS
de fel. L’opération eft; terminée en dix ou onze
1 heures de tems. Quand une fois les fours font
bien en travail, cent livres de fel ordinaire four-
niffent cent cinq à cent dix livres de fulfate de
foude fondu.
Dans certaines fabriques on ajoute moins d’acide
fulfurique» alors il refte plus de fel marin, &
le fulfate elt beaucoup plus fufible. Lorfqu’i! refte
une trop grande quantité de fel marin, on pourroit
prefque le féparer par la fufion, car le fel marin
fond long-tems avant le fulfate de foude. Dans
 es autres fabriques on fe contente de chauf-
tement le fel qu’on retire des chaudières
de plomb, jufqu’à ce qu’il paroiffe parfaitement
blanc dans le four & qu'il ne donne plus d’odeur
d’acide muriatique} le fulfate ainfi préparé donne
toujours une foude qui contient beaucoup de fel
marin, & inférieure à celle préparée avec le fulfate
de foude fondu.
Le fulfate de foude étant bien préparé, on le
paffe au moulin ou tordoir, qui confifte en une
grande meule en grès, mue par un levier à l’aide
d’un cheval : une pareille meule a fix pieds de
hauteur, un pied de largeur, & tourne dans une
auge en bois far un tour en grès ou en fonte.
On met dans un pareil moulin cent cinquante
livres de fulfate, quarante-cinq livres de charbon
de terre, vingt-une livres de charbon de bois
ou de braife, cent foixante livres de craie féchée
fur les fours. On broie bien le fulfate avec les
charbons, jufqu’à ce que la poudre foit à peu
près d’une coiffeur homogène} on la retourne
avec un inftrument en fer appelé racluche. Ce
mélange eft fait en vingt minutes} alors on ajoute
la craie} on continue de bien retourner la matière,
& en trente-cinq minutes on a un mélange affe£
bien fait} en forte qu’en une heure on peut piler
trois cent foixante-feize livres de matières. Pouir
s o u
mener un pareil tordoir, il faut trois chevaux qui
fe relèvent toutes les quatre heures & repofent
huit, & deux hommes qui fe relèvent toutes les
huit heures.
Le mélange étant jugé bon, on en porte mille
îivres dans le four ; on l’enfourne avec des pelles
en fer emmanchées en bois : l’ouvrier l’étendra
prefqu’également , ayant foin cependant d’en
mettre un peu plus du côté où eft le feu : il faut
que le four foit rouge-blanc au moment où l’on
enfourne. Lorfque le four n'eft pas affez chaud,
la matière fe colle au pavé, & on a beaucoup
de peine à la faire entrer en fufion} il faut alors
décpuvrir toute la place où on voit le mélange
adhérent, afin que la chaleur le faffe fondre. Sitôt
que la matière eft dans le four, on bouche les
portes} on continue à faire bon feuj on voit
alors tout le mélange entrer en fufion à la furface}
on le laifl’e agir ainfi pendant trois quarts d’heure.
Alors l'ouvrier a le foin d’enlever la couche fon:.
due avec un râble de fe r , t i de la repouffer au
fond du four, puis il referme les ouvreaux; un
quart d’heure après il recommence la même manoeuvre
& ainfi de fuite, jufqu’à ce qu’il foit à fond
du mélange, ce qui dure ordinairement une heure „
non compris les trois premiers quarts d’heure ;
alors il braffe fortement toute la matière, qui
entre en fufion très-liquide. On voit dans ce moment
une vive effervefcence qui a lieu, & qui
eft accompagnée d’une grande quantité de jets de
flamme : cet état continue pendant une heure}
c’eft pendant ce tems qu’il faut vigoureufement
& fouvent braffer le mélange. A cette époque
on voit la matière s’affaiffer dans le four ; il n’y
a prefque plusd’eff rvefçence, les jets de flamme
diminuent confidérabîeme'm} enfin, au bout d’une
demi-heure on ne voit plus que quelques petits
jets ifolés à la furface } la matière durcit : c’eft
le moment de la raffembler promptement & de
la tirer hors du four à terre fur des plaques de
tôle ou dans des moules de fonte} elle fe fige
fur-le-champ, & à mefure quelle refroidit, elle
répand une très-forte odeur d’ammoniaque : cette
odeur eft fi forte, que fouvent, lorfqu’on brife
les pains de foude encore chauds pour pouvoir
les tranfporter, on eft prefque fuffoqué par la
grande quantité d’ammoniaque.
Gent livres de fulfate rendent ordinairement
cent cinquante-cinq à cent foixante livres de foude
brute, qui donnent quarante-deux à quarante-trois
livres de fel par quintal : ce fel contient 32,68
de carbonate fur 43 ou 76 livres pour 100 de
fel.
On peut rendre fa foude plus riche en fel en
diminuant la quantité de craie} mais alors le fel
eft moins riche eh carbonate. On voit que toute
l’opération dure trois heures un quart à trois
heures & demie. Au bout de ce tems, la foude
eft cuite. Les outils dont fe fervent les ouvriers
S O U M S
font des râbles en fe r , & des pinces & pelles dé
même métal (1).
Nota. Pour les figures des fours employés à dé*-
compofer le muriate de foude par l’acide fulfuri-
que, & le fulfate de foude par la craie Si le charbon}
voyez les planches x x vm t x x ix & xxx.
S o u d e b o r a t e e . (Haüy. ) C’eft l e borate d e
foude.
Soude c a r b o n a t é e . (Haüy.) C ’eft le carbo*
nate de foude.
S o u d é m u r i a t é e . (Haüy.) C ’eft l e m u s i a t e
de foude.
SOUDURE, flous ne croyons mieux faire que
de rapporter ici ce que dit Macquer de la foudurc
dans, fon excellent Diflionnaire de Chimie.
« On a continuellement bc foin, dansîes arts, de
» joindre de lier d’une manière folide des pièces
*» métalliques les unes avec les autres, & l’on y
>» parvient par l’opération que l’on nomme fou-
m dure ; elle confifte à incorporer les parties des
» pièces métalliques qu’on veut lier, & pour ainfi
«dire à. les coudre enfemble, dans un autre
» métal o.u. alliage métallique, qui doit être plus
» fufible que les métaux que l’on veut fouder, &
»de nature à y adhérer très-folidement. Les
» métaux ou alliages métalliques qu’on emploie dans
« ces opérations portent aufli le nom de foudure.
,.m Tout l'art de fouder eft fondé fur le principe
»5 général, qu’il n’y a que les matières méralii-
« ques, U dans l’état de leur plus parfaite métal-
*>léité, qui puiffent s’unir complètement entre
« elles, c’ eft-à-dire , avec d’autres matières mé-
■» talliques, & que l’on en peut déduire faciîe-
« ment la raifon de toutes les pratiques des diffé-
» rentes efpèces de foudure.
« ‘On fent bien d’abord que, comme lé métal
»» ou les métaux à fouder ne doivent pas être fon-
» dus, & qu’il faut qu’il y ait fufion au moins d’une
>» des matières métalliques qu’on veut unir, il faut
»» nécefiai rement que le métal ou l’alliage métalli- 39 que qui doit fervir de foudure, foit plus fufible 93 que le métal à fouder.
39 La foudure de l'or eft un alliage d’or & d’ar-
: >3 gent ou de cuivre; celle de l’argent, un alliage
»3 d’argent & de cuivre» celle de cuivre eft, ou
»? de l ’étain pur, ou un alliage d’étain Sc de cuivre :
•3 ce dernier faifant une foudure beaucoup plus
»s folide, fe nomme foudure forte ; on l’emploie 1
(1) Aumo ijien t où on enfourne, il faut que les ouvriers
aient foin de pôufler le regiftre , afin d’arrêter le trop fore
courant d’air qui entraîne une allez grande quantité du mélange
avec lui. I l faut aufll bien veiller à ce que les ouvriers
n’enlèvent que les petites furfaces fondues lorfqu’i Is commencent
à râbler j autrement on fait encore yolatiiiler une
grande quantité de la matière en pou/fière.