
en continuer l'exécution, il faudra compliquer la
marche & les détails des tables, Si y inférer toutes
les conditions des échanges entre les corps, de
manière à en diminuer finguliérement la claité &
l'utilité.
Quant à la faturation qui nous a engagés dans
cette digreflion, il eft bien évident qu'en n'admettant
que l'attraélion générale & une forte
d'indifférence à l'union entre les corps, la faturation
doit fuivre le fort des affinités électives;
auffi, dans le fyftème dont je m'occupe, les quantités
refpeétives de matières qui s'uniffent font
variables & dont varier l'état des combinaifons,
ainfi que la facilité ou la difficulté des décompo-
fitions : elles entrent encore comme caufes & non
comme effets des affinités. Au refte, cela rie doit
point'empêcher de rechercher dans les analyfes
les proportions des principes qui conftituent les
compofés, & de déterminer les quantités, quand
bien même elles ne tiendroient pas aux degrés de
faturation.
SATURNE : furnom que les alchimiftes ont
donné au plomb , à l'époque où ils comparoient
les métaux aux planètes. Ils attribuoient le nom
de faturne, au plomb, à caule de fa propriété d'ab-
forber & de détruire en apparence les autres métaux
, fur tout l'étain i le cuivre, l ’argent & l’or,
& ils voyoient dans cette propriété l'emblème du
plus vieux & du père des dieux dévorant fes en-
fans. Tout étoit emblème & comparaifon dans
les dénominations qu’affe&oient les alchimiftes ; ils
y attachoient des idées de propriétés femblables,
de fympathie, d’analogie, de rapports entre les
aftres & les métaux, qu'ils puifoient entièrement
dans leur imagination èc qui n’avoiînt aucune réalité
dans la nature. On peut croire que la principale
raifon de ces inventions & de ces idées fin-
gulières confiftoic dans l'intention de voiler les
prétendus fecrets de leur do&rine & des opérations’
de leur art : c'étoit là une des bafes principales
de la philofophie hermétique. Il y a près
d'un demi-fiècle qu’on a renoncé à ces chimères;
& s'il en reftoit encore en 1787 quelques traces
dans les noms donnés aux préparations chimiques
, la nomenclature méthodique, propofée à
cette époque par les chimiftes français, $£ généralement
adoptée dans le monde favant, les a fait
difparoître pour jamais. ( Voye[ Varticle Pl o m b .)
. SATURNIN : mot adje&if dont on fe fervoit
autrefois pour déligner quelques compofés dont
le plomb faiforr la bafe , comme des fels, des on-
guens, des emplâtres,&c. (Voye1 le mot Plomb.)
SAUCEES. Ce mot eft employé dans les arts
chimiques pour déligner des monnoies , des médailles
& de petites pièces métalliques en gér
néral trempées dans des mélanges faims, d’alun,
de fel commun, de vitriol ou fui fa te ue fer ou de
cuivre, de vinaigre ou d'alcalis, d'acide fulfu-
rique affoibli , &c. , avec l'intention de leur
donner une teinte brillante ou diverfement colorée
, ou même de les couvrir d'unecroûte ou d'un
enduit. Les fauces ou mélanges'falins varient
entr'eux, fuivant le métal qu'on y plonge, l'effet
qu’on veut y produire, l'enduit dont on veut le
recouvrir, la couleur qu'on veut lui donner , le
mat qu'on deftre de leur procurer, &rc. On donne
par conféquent ce nom dans une foule d'arts ou
de procédés variés» fuiyant les. fabriques où on
l'emploie; on l'applique aux petites ftatues, aux
petits bronies, comme aux monnoies & aux médailles
; on l’emploie auffi pour des bijoux d'or,
pour de l'argenterie, &c.
SAUMATRE : expreffion dont on fe fert pour
défigner une eau falée ou amère , qui doit cette
faveur à la préfence du fel marin, mêlé de mu-
riaues déliquefcens Se âcres de chaux & de magné-
fie. Il y a des pays où l'eau qui fort de la terre &
qui fe raffembie dans quelques cavités eft conf-
tamment faumâtre, tels que plufieurs ïies de la
mer du Sud, des côtes de l'Amérique, de celles
de l'Afrique. Oh a remarqué que les eaux fau-
maires fe. rencontrent le plus fouvent dans lès
lieux éloignés des fleuves, des fources d'eaux
douces, & rapprochées des étangs, des lacs Se
des fources falines.ou des bords de la mer.
SAUMURE. C ’eft le nom qu'on donne, dans les
arts & dans l’économie domeftique, à de l'eau plus
ou moins chargée de fel marin, dans laquelle on
conferve beaucoup de fubftanees végétales &
animales, telles que des légumes, des poif-
fons, _&c.
La faumure, lorfqu'elle a fervi quelque te ms,
ou lorfque des matières végétales & animales y
font renées plongées quelques jours, varie beaucoup
dans fa nature & fa compofition ; e il entrent
en diffolution une quantité très-variable de fubf-
tance végétale ou animale, fuivant la qualité plus
ou moins dilFolubîe des principes contenus dans
les différentes fubftanees ; auffi a-t-elle, dans dif-
férens cas, une faveur, une odeur, une transparence,
une pefanteur, & c ., Si beaucoup d'autres
propriétés variées qui la rendent abfolument
difiembiable. On n'a point encore examiné les
faumures diverfes,fi cen’eft que par les propriétés
fenfibles qu'on ,a reconnu leurs principales différences.
Ce feroit un travail utile tout à la fois à
la fcience & à l'avancement des arts économiques,
que de faire une analyfe des efpèces de faumure
employées en eu i fi ne ^ ou, en d'autres termes, de
déterminer les a étions qui fe partent entre les dif-
folutions de fel marin & les matières végétales &
animales, les plus ufitées pour les alimens .ou les
a fiai fon nemens.
SAVEUR : propriété qui appartient à prefque
tous les corps, & qui, perçue par l'organe du
goût, fert à faire reconnoïre ou à caraéterifer
chacun de ces corps ; elle dépend manifeftement
de l'aétion que chaque fubftance exerce fur l’organe
deftiné à la percevoir, & cette aétion n’eft
autre choie que la tendance à la combinaifon entre
le corps fâpide & la nature même de l'organe ;
auffi remarque-t-on que la fapidité eft en raifon de
l'énergie chimique. L'extrême ou le maximum de
cette propriété, dont il a été traité à l'article
C a u s t ic it é , confifte dans l’aéte énergique de
la combinaifon entre le cauftique & la fur face organique,
d'où réfulte la mort & la deftruétien
de celle-ci; en effet, lorfque cet aéte a eu lieu,
le cauftique a perdu fa caufticité, & l’organe fa
fenfibilité.
Quoique les faveurs fimples paroiffent être fort
éloignées de la caufticité , c'eft à la même caufe,
à la même aCtion générale qu’elles font dues ;
elles ne diffèrent que par le degré plus ou moins
foible de cette a&ion. Pour être beaucoup moindre,
l’effet répété des corps fapides finit par
produire l'infenfibilité des organes , comme tout
le monde peut l'obferver dans l'ufage des corps
doués (Purie faveur marquée. Les hommes accoutumés
à des mets d'une faveur falée, trouvent
fades ceux qui n'ont pas le même degré de falure.
Si font ordinairement forcés d’ajouter du fel aux
mets qui en contiennent moins que ceux auxquels
ils ont été habitués : il en eft de même pour les :
corps d'une faveur fucrée, pour ceux d’une faveur :
amère, pour ceux d’une faveur piquante, comme
les oignons, l’ail, le raifort, le poivre, le pi-
rrient, les épices & aromates. On fait que les per-
fonnes habituées aux chofes douces Sc fades ne ;
peuvent prendre fans répugnance les mets très-
épicés Si qui, comme ils le difent, leur emportent
la bouche ; & qu'au contraire celles qui
prennent habituellement des alimens très-falés &
très - épicés ne trouvent aucune faveur aux mets
trop doux ou trop fades. 11 eft bien évident pour
ceux qui favent obferver les faits & réfléchir fur
leurs analogies & leurs différences , que cet effet
eft de la même nature que celui des cauftiques*
qu'il tient à la même caufe que lui, & qu'il ne.
varie que par l'aCtion beaucoup plus foible à laquelle
il eft dû.
. En comparant les faveurs les unes aux autres,
les médecins & les naturalistes ont cherché à les
caraCtérifer & à les clalïer entr'elles,de manière
à s'en repréfenter des idées générales & à en
donner des définitions & des idées claires. Si le
fuccès de ces claffifications eft encore loin de ré-^
pondre aux voeux des favansqui les ont propofées,
on n'en doit pas moins de reconnoi fiance à leurs
efforts. C'eft à cet ordre établi entre les faveurs ,
que plufieurs auteurs de matière médicale doivent
celui qu’ils,ont efl’ayé de former pour reconnoître
les vertus des rnédicarnens, & l’on voit, par exemple,
dans le Traité deCartheufer,» que cette manière
de confidérer les fubftanees médicamente
ufes peut offrir de véritables avantages, fore
pour bien clarter ces fubftanees entr’elles, foit
•pour choifir les corps deftinés à foulager les malades,
fuivant les indications que préfentent leurs
maladies.
Après avoir étudié & comparé les divifions établies
entre les faveurs par les phyficiens & les
médecins qui s'en font occupés avec le plus dé
fuite Si de fuccès, je crois qu’on peut en recon-
noître dix clartés principales, auxquelles peuvent
être rapportées toutes celles qu’on connoît. Ces
dix ciafies font : i°. la faveur acide; 2®. la faveur
alcaline ; 30. h faveur falée ; 40. la faveur amère ;
j° . la faveur âcre; 6°. la faveur aftringente ; 7®. la
faveur aromatique ; 8°. la faveur fucrée; 90. la
faveur fade ou douce ; 10°. la faveur terreufe.
La faveur acide eft. bien déterminée & admife,
comme très-diftin£te, par tous les hommes ; il n'y
a pas lieu de douter, par l’effet bien connu des
acides vîolens & cauftiques, que l’imprefiion de
cette faveur ne foit due à l'aètion chimique qu'ils
exercent fur l'organe du goût. Elle varie beaucoup
dans fa force-, depuis la caufticité des acides,
nommés autrefois minéraux, jufqu'aux légers acides
des végétaux. Cette faveur varie encore par la pureté
ou par fon mélange avec d'autres : ainfi il y a
des acides inftringens ; il y en a de doux, de
fucrés, d’amers, &c.
Quant à h faveur alcaline, qu’on a coutume
d’oppolèr à la faveur acide, elle n'eft pas auffi
diftin&e pour tous les hommes ; il n’y a que ceux
qui s'occupent des arts, & qui ont de fréquentes
occafions de goûter les alcalis , qui puifïent eri
avoir une idée affez exaCte. Cela prouve d’abord
que la faveur alcaline, d'ailleurs bien caraétérifée
par fon âcreté & fon analogie avec celle de l'urine
pourrie, eft beaucoup moins fréquente dans
la nature que la faveur acide. On ne la trouve
guère que dans quelques. matières animales,
\ fur tout dans les poifionsen putréfaction, dans
les cendres des végétaux fortement calcinées.
Quelque rare & quelque peu généralement connue
que foit la faveur alcaline , il faut obferver
que les matières qui- en font douées, four, de
tous les agens chimiques, ceux qui ont, avec les
matières animales, l'affinité la plus forte, qui les attaquent
& les détruiféne avec le plus d'énergie. On
pourroit dire, d'après cet expofé, que c’eft un
bienfait de la nature d'avoir rendu rares les fubf-
tances alcalines trop dommageables par leur
à la confervation des animaux vivans.
La faveur falée qui fe rencontre dans un fi grand
nombre de fels, & qui paroît réfu’rer du compofé
formé par un acide & par un alcali, eft l’une des
plus connues & des pluseàraCtériftiques. Iifemble
qu elle ait été deftinée par la nature pour fervir
d’affaifonnement aux mets dont les animaux ont
j befoin ; car c'e lf celui qu'ils recherchent prefque
| tous , & qui leur eft offert le plus fréquemmenr.