
expofant à 1 Vi«5tion de la chaleur dans la boule de
verre, il fe dégagé d’abord une vapeur jaune; la
matière fufe enfuite fans dégager beaucoup de
lumière; il refte un charbon alcalin retenant de !
l’ acide carbonique & de l’acide pruffîque ; il y a
de plus un peu d’acide volatil non décompofé.
Le produit gazeux eft formé, en grande partie,
d’acide carbonique & d’azote.
Acide volatil & bafes alcalines te neuf es.
30. Les eaux de chaux, de ftrontiane, de ba-
rice, font, prendre à la diffolution d’acide volatil
une belle couleur jaune. Enfaifant concentrer la
combinaifon d’acide &de barite, il fe forme, par
1$ refroidiffement, de petits criftaux orangés qui,
expofés à la chaleur, ne détonent pas , mais
rougiffent & laiffent enfuite un charbon qui .
brûle en lançant une infinité de petites étincelles
rouges. x
Toutes ces combinaifons font décompofées par
les acides fi»Ifurique , nitrique & muriatique.
L’acide volatil ne m’a pas paru décompofer le
muriate & le nitrate de. potaffe comme l’amer.
Acide volatil & oxides métalliques.
31. L’acide volatil bouilli avec l’oxide d’argent
le diffout ; mais fi l'on fait bouillir trop longtemps
la dilTolution, celle-ci noircit, & l’oxide
d’argent paroît fe réduire.
Il décompofé à chaud le carbonate de plomb,
diffout une partie d’oxide , & dépofe, par le refroid
ifTement, de petits criftaux orangés qui fufent
fans détoner.
. Il diffout l’oxide de fer rouge, & fe colore en
rouge hyacinthe : toutes ces combinaifons m’ont
paru acides.
III. De la matière rêfineufe.
32. La matière rêfineufe, qui a voit été féparée
de la matière orangée, par l’eau bouillante (te ) ,
a été foumifede nouveau à l’aétion de cet agent,
jufqu’ à ce que le lavage ne fût que très-légèrement
coloré. Cette opération a demandé beaucoup
de temps. Le réfidu, infoluble dans l’eau , a
été traité à plufieurs reprifes par l ’alcool bouillant;
la réfine a été diffoute, & il eft refté un
mélange d’oxalate de chaux, de fable, &c.
33. On a féparé la réfine de l'alcool au moyen
de l’eau; on a. fait concentrer. La réfine ainfi
obtenue étoit brune; elle avoit une faveur amère
extrêmement légère3 elle jauniffoit très-foible-
ment l’eau avec laquelle on la faifoit bouillir. Cette
eau ne précipitoit pas la gélatine ; elle ne colo-
roit pas le fulfate de fer en rouge, mais elle y for-
moit un léger précipité ; elle ne rougiffoit pas le
papier de tournefol, mais après, l’avoir fait concentrer,
elle le rougi (Toit fenfiblement.
La réfine, jetée fur un fer rouge, exhaloit
line fumée aromatique, & laiffoit un charbon
bonrfouflé.
En la diftillant dans une petite cornue de verre,
on a obtenu, entr’autres produits, un liquide
ayant une forte odeur d’acide pruffîque & de l’arr.-
moniaque huileufe.
La réfine eft foluble dans la potaffe, l’acide
nitrique & 1 alcool. Je penfe que, même après
qu’elle a été bien lavée, elle contient de l’acide
nitrique en vraie combinaifon, & un peu d’acide
volatil & d’amer. Il eft probable que toutes les
matières réfineufes qui fe forment dans le traitement
des coppofés végétaux ou animaux , par
l’acide nitrique, retiennent une portion de cet
acide en combinaifon.
34. Les lavages de la réfine (32) étoient rougeâtres;
ils fe troubloient par le refroidiffement,
& laiffoient dépofer une matière rêfineufe un peu
vifqueufe, amère au goût, & qui ne m’a paru
différer de la réfine lavée que par une plus grande
quantité d’acide nitrique, d’acide volatil & d’amer.
Je penfe qu’elle ne s’étoit diffoute dans l ’eau qu’à
la faveur de ces corps.
En traitant cette matière rêfineufe avec un quart
de fon poids de carbonate de plomb, on a obtenu
une diffolution d’amer, d’acide volatil & de
plomb. La réfine n’a pas été diffoute ;*elle retenoit
un peu d’oxide de plomb en combinaifon. Quoique
l’on faffe bouillir la réfine avec un excès de
i carbonate de plomb, elle eft toujours acide, &
donne toujours de l’ammoniaque à la diftillation.
Cela me confirme dans l’opinion qu’elle retient de
l’acifle nitrique.
3 J. La réfine , traitée à plufieurs reprifes avec
de l’acide nitrique à 43 deg., a été diffoute &
a formé un liquide brun-rougeâtre. L’eau a féparé
de ce liquide une matière jaune de chamois
, qui m’a paru être de la réfine combinée à
de l’amer & à de l’acide nitrique. Il reftoit en diffolution
de l’amer, de la matière d’apparence
huileufe, & un peu de réfine.
Quoique la réfine qui avoit fervi à mes expériences
contînt un peu d’amer, cependant je ne
doute pas qu’ il ne s’en fût formé une quantité notable
par l'aétion de l’acide nitrique, ainfi que
MM. Fourcroy & Vauquelin J’ont dit dans leur
Mémoire. Ce qui m’a paru s’oppofer à la con-
verfion totale de la réfine en amer, c’eft la combinaifon
qui fe forme entre ces deux produits ;
j’ai, même remarqué que cette combinaifon pou-
voit défendre, jufqu’à un certain point, l’acide
volatil de l’aélion de l’acide nitrique.
§. IV. Réflexions fur la nature de l'acide volatil &
de l ’amer.
36.' Si l’on regarde l’amer comme une combinaifon
d’acide nitrique & de matière végétale
dont la nature nous eft encore inconnue, on fera
conduit à regarder l’acide volatil comme ure J
combinaifon analogue , qui diffère de la première I
en ce qu’elle contient moins d’acide nitrique; je
fais bien que je ne puis prouver ces affertions par
des expériences directes; mais en rapprochant
les faits obfervés dans ce Mémoire, on voir que
le raifonnnementleur donne ungrandair de vérité.
i°. L’acide volatil & fes combinaifons, expofés
à la chaleur, fe comportent à peu, près de la
même manière que l'amer & fes combinaifons; Us
quantités différentes d’acide nitrique qu’ils contiennent,
expliquent pourquoi les premiers ne
font que fufer, tandis que les autres détonent
fortement,
2°. L’acide nitrique, bouilli avec l ’acide volatil,
le convertit en amer.
3P. Les combinaifons de l’amer ont beaucoup
d’analogie avec celles de l’acide volatil; elles ont
une faveur plus ou moins amère, une couleur jaune
plus ou moins foncée.
4°. S’il eft vrai que la matière combinée à l’acide
nitrique foit de nature huileufe, on conçoit
pourquoi i’amer eft plus foluble dans l’eau que
i’acide volatil, qui contient moins d'acide nitrique
que lui; pourquoi l’acide volatil eft plus foluble
dans les alcalis que dans l’eau; enfin, pourquoi
les combmaifons d'amer, font moins foncées en
couleur que celle de l’acide volatil.
Si l’on demande pourquoi l’acide volatil, dans fa
décompofition par la chaleur, ne donne pas de gaz
nitreux tandis que l’amer en donne, je répondrai
qu’ il y a deux raifons pour que l’acide nitrique
du premier foit décompofé radicalement; la première,
parce que les élémens combuftibles y font
en plus grande quantité que dans l’amer; la fécondé,
parce que l’acide nitrique y eft plus fortement
retenu.
37. Si ces raifonnemens font jufies, il faudra
appeler I-’acide volatil, amer au minimum d'acide
nitrique, & l’amer,de Welther, amer au maximum
d'acide nitrique.
C’eft à des expériences ultérieures à faire voir
s’il eft poflïblede féparer de l’acide nitrique de
ces. fubftances, fans employer l’aêtion de la chaleur,
H à faire voir fi l’amer au minimum ne fe-
roit pas une combinaifon d’amer au maximum ,
déjà formé avec une matière huileufe ou rêfineufe.
Je me propofe de foumettreces corps à l’aétion
de la pile voltaïque, auftitôt que mes occupations
me le permettront.
38. M. Welthet, dans fon Mémoire fur l ’amer,
avoit regardé h matière détonante, qu’ il forme
avec la potaffe, comme étant une combinaifon
de nitrate de potaffe & d’amer. Il fondoic fon
opinion fur cette expérience, qui eft très-exaête;
il avoit pris de l’amer criftallifé; il l’avoit mêlé
à du nitrate de potaffe ; il avoit évaporé , & il
avoit obtenu dè la matière détonante. Mais j’ai
prouvé plus haut que la matière détonante fe
formoit avec le muriate de potafie comme avec
le nitre, & que par conféquent'faci le du faî-
pêtre n’avoit aucune influence fur la production
de la matière détonante. Cette expérience fait
voir en même temps la différence qu’ il y a entre
la manière dont j’ ai envifagé l’amer-dan s le cours
de ce Mémoire , & celle dont M. Webber l’a
envifagé dans fon travail fur la foie. Dans toutes
les expériences que j’ai décrites, on a pu voir
que l’amer ne cédoit fon acide nitrique à aucun
corps; qu’il agiffoit fur les bafes par affinité ré-
fulranre ; que par conféquent l’acide nitrique
étoit un principe néceffaite à fon exiftence, tandis
que M. Welther a regardé l’amer comme une
matière fui generis, qui ne devenoit détonante
qu’en fe combinant au nitrate de potaffe.
39. L’acide nouveau que M. Moretti dit avoir
obtenu en diftillant l’indigo avec l’acide nitrique
(7 ) , ne paroît être que i’amer au maximum ;
au moins les propriétés qu’il lui attribue , appartiennent
elles à ce dernier compofé.
Extrait d'un Mémoire fur les fubflances tannantes ,
formées par la réaction de l'acide nitrique fur plufieurs
matières végétales3 lu a V Inflïtut le 10 juillet
1809, par M. Chevreul.
1. M. Hatchett a diftingué trois variétés 4e
matières tannantes artificielles.
i°. Celle qui eft produite par l’aétion de l’acide
nitrique fur toute matière charbonneufe végétale,
animale & minérale;
20. Celle qui eft produite par l’a&ion de l’acide
nitrique fur la réfine commune, l’indigo, le fan-
dragon, &c. M. Hatchett ayant obfervé que les
fubftances les plus carbonées étoient les plus propres
à être converties en matière tannante, a penfé
que quand on formoit celle-ci avec des réfines,
ces corps perdoient une partie de leur hydrogène,
de fe rapprochoient alors des fubftances carbonées.
30. Celle enfin qui eft produite par l’acide ful-
furique & le camphre, la réfine commune, rélé-
mi , &c. &c.
2. Je ne parlerai dans ce Mémoire que des
deux premières variétés de matière tannante.
! J’examinerai d’abord celles qui font formées avec
les corps réfineux, & enfuite. celles qui le font
avec les fubftances charbonneufes. Dans un autre
Mémoire, j’expoferailes propriétés de la matière
tannante formée avec l’acide fulfurique be le
camphre.
P R E M I È R E P A R T I E .
Substances tannantes formées avec les corps
résineux.
§. Ier. Subfiance tannante formée avec l'indigo.
3. C ’eft cette fubftance que j’ai défignée dans