
eft formée d’azote & d'hydrogène, & que la me- j
fure de la réfraction qu'elle opère à l'égard de la
lumière, donne enfuite celle de la proportion de
fes deux principes. Ainfi l'on ne voit là qu’une
partie de l’analyfe, partie fans doute très-importante
, mais qui doit être précédée d’une autre,
fans laquelle celle-ci ne feroir ni poffible ni d’aucun
ufage j Si quand on fuppoferoic que l’analyfe
ordinaire, en prouvant d'abord l’exiftence & le
nombre des principes d’un compofé, ne pourroit
pas parvenir à en connoître la proportion, & de-
vroit avoir recours à la réfraction pour acquérir la
connoifiance de ces proportions, cette méthode
fe trouveroit-elle aujourd'hui affez avancée, affez
exa&e & affez fûre, & furtout affez facile pour
être préférée & fubftituée à toutes celles qu'on
poffède, qu'on fait pratiquer, & qui n'a pas laifte
de donner les réfultats que l'on cherchoit dans les
travaux de Bergman, de Schéèle, de MM. Ber-
thollet, Klaproth & Vauquelin?
Je fuis loin affurément de vouloir rejeter un
moyen nouveau pour arriver à des notions exactes
fur la nature des corps j je defire avec ardeur
qu'on trouve des méthodes plus fûres & plus multipliées
que celles qui exiftent, & furtout qu’on
arrive par elles à reconnoître la nature de com-
pofés qui nous ont échappé jufqu'ici 5 mais je ne
puis encore trouver ce caractère dans la réfraction,
qui ne deviendra que difficilement une pratique
ufueile & commune à caufe des inftrumens délicats
& des opérations minutieufes qu'elle exige,
qui ne pourra être effectué que fur un petit nombre
de corps, qui demande impérieusement une
tranlparence pure dans ces corps, & qui exclut
tous ceux qui font non-feulement opaques , mais
même tranflucides. Je peux affurer que, fans en
rejeter l'emploi,il faut y foumettre tous les corps
qui pourront s'y prêter, mais ne pas négliger pour
cela les autres moyens d’analyfe, Si comparer les
réfultats qu'elle fournira avec ceux que ces autres
moyens donneront de leur côté. Le tems apprendra
quelle confiance elle mérite, & quelle influence
elle doit avoir fur la connoifïance des com-
pofés naturels, mais je ne puis croire qu'il con-
duife jamais à facrifier tous les procèdes avantageux
que poffède la chimie.
RÉFRIGÉRANT. On donne ce nom à tout
vaiffeau, à tout appareil deftiné à contenir de
l’eau froide, de la neige ou de la glace broyée
pour refroidir & condenfer les vapeurs produites
par la diftillation. Ainii dans les alambics de cuivre
ordinaire, le chapiteau, de figure coniquè, eft
enveloppé d'un feaü de cuivre foudé vers le bas,
& s'écartant par le haut de manière à pouvoir
contenir des quantités d'eau froide, affez grandes
pour opérer la condenfation que l’on defire d'ob-
tenir.’Ce feau porte vers le bas & en dehors un
robinet qui laiffe fortir Feau lorfqu’elle eft échauffée
par la vapeur > 8c lorfqu’on veut y en fubftituer ,
de froide parle haut du vafe. Dans les grands ap-
parei s de diftill ition des laboratoires, on a foin
déplacer le réfrigérant à la portée d'un tuyau qui
y porte du dehors de l'eau froide qu'on peut renouveler
facilement.
Dans les ateliers.de brûlerie de vin & d’eau-
de-vie, le réfrigérant eft un grand tonneau dans
lequel eft placé le ferpentirr(voyeç ce mot') : celui
ci étant entouré d'eau froide qu'on y fait circuler
fans celle lorfque l'abondance & les chutes
d’eau le permettent, les vapeurs font condenféës
promptement & facilement, & la diftillation va
très vite ou en filet continu. On'a, dans les laboratoires
de chimie, des féaux de cuivre cylindriques,
dans iefquels font plongés & fondes, par
des fupports latéraux, les ferpentins d’étain. L'extrémité
fupérieure de ceux-ci s'ajufte avec le bec
du chapiteau de l’ alambic, Si l’inférieure, qui
fort vers le bas.du feau, eft adaptée au récipient.
Les féaux ouverts par le haut reçoivent de l'eau
froide, & font ainii de grands îécipiens où l’ on
renouvelle l’eau en faifant fortir la chaude par des
robinets placés vers le bas.
On refroidit fouvent les vapeurs, foit par des
torchons mouillés d’eau froide, qu'on applique
& qu'on renouvelle fur les alonges, les ballons
ou les récipiens, foit en faifant couler de s filets
d'eau froide fur ces appareils. ( Voyt% les mots
A p pa re il , Instrumens, Labo ratoire 6'
V aisseaux. )
REFROIDISSEMENT. Outre les divers réfri-
gérans employés en chimie, dont il eft parlé à
’ l'article ci-deffus, & qui n'ont pour objet que de
condenfer les vapeurs ou les liquides vaporifés ,
pour les obtenir plus promptement Si plus abondamment,
on a fouvent befoin de faire naître ou
de produire en chimie un refroidijfement artificiel
pour donner naiffance à des phénomènes particuliers
, & pour favorifer des combinaifons chimiques
qui n'ont lieu qu'à des températures inférieures.
Si les chimiftes fe qualifioient autrefois du
titre pompeux de philofophes par le feu, ils favent
aujourd’hui qu'il eft poffible d'obtenir des réfultats
précieux par des températures abaiffées; ils
favent que ces températures favorifent les crif-
tallifations, qu'elles font naître certaines décom-
pofitions, ou qu'elles s'oppofent à l'a&ion trop
forte qu'exercent quelques matières les unes fur
les autres, en forte qu'en affoibliffant ou en modérant
cette adtion, il leur eft permis d'obtenir &
d'obferver des effets qu’ils tenteroient en vain de
faire naître, non-feulement à des chaleurs fupé-
rieures, mais même à la température moyenne de
l'atmofphère dans nos climats. Voilà pourquoi ils
ont cherché à produire des refroidiffemens plus ou
moins confidérables.
Les procédés qui leur ont le mieux réuffi pour
remplir cet objet, confiftent préfque tous à mêler
avec de la neige battue ou de la glace pilée P cüfférens
fels plus ou moins folubles & a 1 état de
ctiftaux. Le muriate de fonde eft un de ceux les
plus employés j & il produit ordinairement, en le
prenant à la température de o , un froid de 6 a b
degrés — o. Les fels déliquefcens , & furtout le
nitrate | le muriate de chaux. donnent un refoi-
dijftment plus confidérable & qui vajufqu'à 10 ou
i j degrés. Lorfqu'on a befoin d'avoir un plus grand
froid, on commence par plonger ce s fels Si la g’a ce ;
•à part dans un bain de fel marin & de glace a o , ,
qui leur font prendre une température de 6 à ic
degrés, enfuite on les mêle enfemble ainfi abaiffés :
on obtient par-là de 15 à 25 degrés de froid. On
fent qu'en fuivant ce procédé de premier refroidif-
fement dans des bain^ fucceftivement plus froids,
on abaifferoit beaucoup davantage la température.
En profitant d’un froid atmofphérique de 12 à
■ 14 degrés , & en abaiffant fucceftivement les fels
du mélange, je fuis parvenu à faire naître un froid
de 40 degrés, qui non-feulement folidifia le mercure,
mais encore fit congeler & criftallifer l’ammoniaque,
l’alcool le plus rectifié , &c. On n’a
-point encore pouffé cet effai jufqu’où il peut
aller.
RÉGALE ( Eau ) : dénomination du mélange
d’acide nitrique & d’acide muriatique fait dans des
proportions variées, Si qui eft fufceptible dedif-
. loudre l’o r , tandis que les deux acides ifolés qui
• la compofent, n’ agiffent point fur ce métal.
Comme l’ or étoit appelé le roi des métaux , on
nommoit eau régale ou royale fou diffolvant ap-
• proprié. -
RÉGALIN. On nommoit régalin tout fel formé
par l’eau régale, avec des bafes Si furtout des
^ oxides métalliques : on fait aujourd’hui que ce
■ genre de fel ne contient que des muriates. ( Voyeç
-Les articles MURIATES METALLIQUES.) -
RÉGALISATION. En obfervant que tout mé-
lange des deux acides nitrique Si muriatique, de
, quelque manière qu’il foit fait, a la propriété de
diffoudre l'or, on a nommé règalifation tout phénomène
où ce mélange a-lieu, foit qu'on diftolve
, du fel marin ou du fel ammoniac dans l'eau-forte,
foit qu'on ajoute un nitrate quelconque à l’acide
muriatique ou à l’efprit de fel. ( Voyei les articles
Sels.)
REGATTES : nom qu’on donnoit autrefois à
-quelques prétendus fels régaliens, qui font aujourd’hui
reconnus pour des muriates. £ Voye£ les
■ articles MURIATES 6* SELS. )
REGISTRES. On nomme ainfi, dans la def-
cription des fourneaux chimiques, les ouvertures
latérales qui y font pratiquées, Si qui repréfentent
de petits canaux cylindriques traverfant l'épaif-
feur des parois des fourneaux, 8c pénétrant jufqu'à
leur foyer. Autrefois on bôuchoit ces trous
avec des cylindres de terre, & on iesouvroic pour
augmenter la combuftion ôc la chaleur du foyer.
Aujourd'hui on n'a prefque plus de ces fourneaux
à regiftres : on les couftruit fouvent pour chaque
opération un peu importante, & on laiffe entre
les briques quelques inrervales qu’on peut ouvrir
ou fermer pour accélérer ou ralentir la chaleur
intérieure. ( Voye£ les articles Fourneaux ,
Instrumlns & V ais seaux.)
RÈGNES DE LA NATURE. On fait partout
aujourd’hui que les productions de notre Giobe
ont été divifées en trois grandes claffes par les
naturaliftes, & que ces claffes ont reçu le nom
des trois régnes de la nature : on les nomme régne
minéral , régne végétal Si régne animal. Les chimil-
tes, en traitant des propriétés Si des combinaifons
des corps, ont fuivi long-tems la même marche,
& étudié fucceftivement les trois régnes, à
la vérité chacun dans un efpric & avec une méthode
différente. Les uns en effet, confidérant leur
fcience comme" uniquement occupée d’analyfes ,
ont commencé l’étude des corps par celle des mixtes
naturels , comme ils les appcloient : leurs premières
leçons rouloient fur les végétaux, Si ils
arrivoient ainfi à l'hiitoire des minéraux après
avoir traité des matières les plus compofées. Les
autres, & depuis un demi-ûëcle cette méthode
étoit la plus employée , s'occupoient d’abord des
minéraux , Si parmi ceux-ci des êtres les plus
fimples ; ils paffoient de là aux végétaux Si enfuite
aux animaux dont ils ne parloient qu’en dernier,
comme des êtres les plus compliqués dans leur
compofition.
Depuis long-tems les chimiftes avoient remarqué
que cette divifion des êtres naturels en trois
régnes ne convenoit pas complètement à leurs
études & à la bonne diftribution des principes qui
conftituent leur fcience s ils fentoient, par exemple
, qu'il manquoit à cette divifion un quatrième
régne, celui des anciens élémens , comprenant la
lumière, le calorique, l'air & l’eau, qui femblent
en effet appartenir tout à la fois aux trois régnes,
n’appartenir à aucun d'e-ux en particulier, Si former
une claffe indépendante, dont les propriétés
préfentent le plus grand intérêt pour leurs
études. Frappé de cet état de chofes & du peu
d'ordre qui régnait dans les Traités ou dans les
Cours de chimie, j'ai oie le premier fortir des
fe:ntiers battus Si créer une méthode chimique de
cîaffffication des corps, qui diffère de leur divifion
en trois régnes Si tirée delà nature connue, comme
fini pie ou compofée, de ces corps ; de forte q.i’au
lieu de trois régnes, j’ai huit claffes de corps, dans
lefquelles peuvent être rangées toutes les fubf-
tances naturelles.
La première claffe eft formée par les corps fimples
ou non décompofés j elle comprend la Iu-
J mière, le calorique , l’oxigène, l’azote,l'hydro