d’étain avec l'alun* qui doit être en plus grande
proportion.
» Pour fubftituer le quercitron à la gaude dans
l’impreflion des toiles * Bancroft prefcrit, après
les opérations préliminaires de l’imprefiion , de
délayer le quercitron en poudre dans l’eau froide,
d’introduire les pièces que l’ on veut teindre , &
d’échauffer peu à peu le bain en les dévidant lentement
fur le moulinet. La couleur eft plus vive
& plus durable fi l’on n’élève la chaleur qu’un
peu au deffus de la température du corps humain
* que lorfqu’elle approche plus de l’ébullition.
On fait varier l’intenfité du jaune * ou en
augmentant la proportion du quercitron, ou en prolongeant
i’immerfion. Un avantage de cet ingrédient
fur la gaude * c’eft qu’il ne colore prefque
pas les fonds blancs lorfque l’on n’a pas trop élevé
fa chaleur du bain ; de forte que le lavage à l’eàu
froide* & furtout à l’eau chaude, iuffit fans paf-
fage au fon & fans expofition fur le pré. La différence
des températures qu’ exigent le quercitron &
la gaude, fait que le mélange de ces deux ingré-
diens ne produit pas de bons effets. L’addition du
tartre augmente la propriété qu’a le quercitron de
ne pas altérer les fonds blancs : il fait tirer la couleur
vers cette nuance verte qui fait rechercher
la gaude} mais il faut alors élever un peu plus la
chaleur du bain.
*> Bancroft décrit une couleur d’ application que
l’on obtient du quercitron. On fait une forte décoction
de quercitron,• on la filtre, on la fait évaporer
à une douce chaleur , & , quand elle eft réduite
au-delà de la moitié, on la laide refroidir
jufqu’à la température humaine. Après cela on
mêle avec cette liqueur un quart d’acétate d’alumine
: on épailfit le mélange avec la gomme autant
qu’il faut pour qu’elle ne coule pas dans l ’application
, mais en évitant une confiftance qui l’em-
pêçheroit de pénétrer dans l’étoffe. La couleur
que l’on obtient par cette application n’a ni autant,
d’intenfité ni autant de foiidité que celle qu’on
a en imprégnant d’abord l’étoffe du mordant y cependant
on peut augmenter l’une & l’autre par
un mélange de nitrate de cuivre & de nitrate de
chaux.
» On doit indubitablement regarder le quercitron
comme une fubftance très-utile en teinture} cependant
les épreuves qui, à notre connoilïance,
ont été faites avec les précautions prefcrites par
B/mcroft, furtout relativement à la température
du bain , nous paroiifent prouver que la coule ur
qui en provient, eft inférieure en foiidité à celle
qui eft due à la gaude. On peut obtenir une cou
leur plus pure & plus vive du quercitron , en fui-
vant ie procédé que Chaptal a donné pour le bois
jaune. »
QUIESCENTES. La dénomination d’affinités
.ou d’ attraéhons quiefeentes a été donnée par le célèbre
M. à celles des affinités exiftantes
entre les principes des compofés qui fubfiftent malgré
les forces qui tendent à les détruire. Comme
le produit de ces forces quiefeentes e ft, ainli que
leur nom l’exprime , le repos, quies , ou le maintien
des compofés, M. Kirwan leur a oppofé les
mots à’affinités divellentes par l’effet defquelles les.
compofés font détruits, les premiers principes
conftituans féparés ou arrachés les uns aux autres ,
& par conféquent de nouveaux compofés formés.
D’après ce fimple expofé, on conçoit que ces
dénominations, auffi claires qu’elles font fimples,
font très-propres à rendre ce qui fe paffe dans le
jeu général des affinités. S i, en mêlant deux compofés
enfemble, ils reftent tous deux dans leur
premier ordre de compofition, & s’ils n’éprouvent
aucune altération réciproque, on dit que les
affinités quiefeentes l’emportent fur les affinités divellentes.
Lorfqn’au contraire le mélange de deux
compofés' fuffit pour en opérer la double dé-
compofition , & donne une nouvelle compofition
fouvent également double, on dit que les affinités
divellentes font plus fortes que les affinités qu.ief-
centes, & que c ’eft là la caufe de la décompofition.
( Voyei les articles AFFINITÉS , ATTRACTIONS ,
Décomposition. )
QUINQUINA. A l’article Analyse végét
a l e , tome II de ce Dictionnaire, j’ai inféré,
comme exemple d’analyfe d’une matière végétale
fèche, celle du quinquina de Saint-Domingue, comparé
au quinquina rouge du Pérou. L’importance
de ce médicament & les travaux chimiques auxquels
il a donné lieu, me perfuadent qu’ on trouvera
ici avec plaifir des expériences faites il y a
trois ou quatre ans, & près de quinze années après
les miennes, fur l’écorce du Pérou, foit parce
qu’elles offrent des faits comparés fur feize ou
dix-fept efpèces de quinquina, loit parce qu'elles
préfentent une méthode d’examen un peu différente
de celle qui eft contenue dans l’article cité
ci-deffus, foit enfin parce qu’elle contribuera à
perfectionner l ’art de reconnoitre les propriétés
difiinCtives des efpèces & des variétés de l’un
des remèdes les plus héroïques que la médecine
poffède.
Expériences fur les différentes efpèces de quinquina ,
par M-i Vauquelin..
§. Ier. Propriétés physiques des quinquinas.
On connoît dans le commerce un affez grand
nombre d’efpèces de quinquina ; mais les principales
& les plus ufitées font les luivantes : la première,
anciennement delignee fous le nom vague
d'écorce du Pérou, paroi: être celle qui provient de
l'arbre appelé par Linné, cinckona offiûnalis. Cette
efpèce a une couleur gnfe à l’exterieur, rouge-
paie intérieurementj elle eft mince, roulée lur
elle-même du côté qui rt-gardoit le bois , ayant
une enflure lifte & comme réfineufe , quelquefois
légèrement fibreule j une faveur afiringente &
amère. Elle donne une pouffière fauve , melee
d’ une nuance de gns. .
La deuxième efpèce, appelée quinquina rouge,
& fauffement quinquina pitton , eft d une couleur
beaucoup plus intenfe que la première , ordinairement
crès-épaifle, peu ou point roulée , prefen-
tant une calfure fibreufe & nullement réfineufe ,
ayant une faveur aftringente & très-légéiement
amère.
Enfin, la troifième efpèce , plus nouvellement
connue, & qu’il ne faut pas confondre avec l'écorce
d’angujlura , comme cela eft arrive quelquefois
dans les pharmacies, eft défignee par le nom
de quinquina jaune.
Sa couleur eft d’un jaune-pale, fa faveur elt
plus amère & moins aftringente que celle des deux
précédentes efpèces : fa cafture eft en partie ligne
ufe & en partie réfineufe j elle eft un peu roulée
fur elle-même , félon qu’elle eft plus ou moins
épaiflèr - i l
Telles font les trois efpèces de quinquina lesplus
connues, & le plus communément employées en
médecine j mais il y en a encore beaucoup d autres
que l’on confond louvent avec celles-ci, dont
auffi plufieurs variétés^ font peut-être regardées
comme des efpèces différentes. Ces variétés peuvent
avoir pour caufes l 'âpe , le fo l, le climat oc
les parties de l’arbre fur lefquelles ces écorces ont
été récoltées (i).
1 Quoique l’écorce appelée anguflura ne foit pas
un véritable quinquina , cependant, comme il en a
quelques caractères.extérieurs, & qu’on peut facilement
le confondre avec lu i, il eft bon d’ en
faire connoître les propriétés diftinêtives. Cette
écorce eft jaune, extrêmement amère, nullement
aftringente & point du tout roulée comme les
quinquinas ,* en poudre > elle donne a 1 eau froide
une couleur jaune, plus intenfe qu’aucune des efpèces
de quinquinas connues.
§. II. Y a-t-il des caraftères pour reconnoitre les
bonnes efpèces de quinquina d’avec les mauvaifes ,
& d’avec celles qui ont été avariées ?
Cet objet eft fans doute de la plus grande importance
pour le fuccès de la médecine, dans le
traitement des fièvres intermittentes, ainfi que
( i ) M. Muds diftingue fept efpèces differences de quinquina;
mais la plupart ne font pas connues dans le commerce
de France. Les feules que l’on connoiife à P a r is ,
outre celles dont j’ai parlé plus hau t, font ainfi dénommées :
quinquina rouge ordinaire, quinquina gris-canelle, quinquina
gris-plat, quinquina Santa-Fè ; mais on n’eft pas certain
qu’ils appartiennent à des efpèces d’arbres différentes. Au
Telle , on verra plus bas que plulieurs fe reffemblent prefque
en tout po int, 2c que d’autres ne font point de vrais quinquinas.
pour les commerçans qui font venir en gros cette
fubftance étrangère.
Si l’on avoit une méthode fimple & exempte
d’erreur pour reconnoitre les bonnes efpèces de
quinquina & les diftinguer des fauffes ou de celles
qui auroient été altérées par des caufes quelconques,
il fer o it , je penfe, de la fag-lie du Gouvernement
de charger une commifbon formée de
médecins & de pharmaciens pris dans chaque
port de mer, de foumettre à 1 examen tous les
quinquinas qui y arriveroient , & de s’oppoftr à
l’ introduction, dans le commerce , de toutes les
efpèces qui ne pourroient fouffrir les épreuves
prefcrites. Mais maiheureul’emenr le jugement que
l’on porte de la bonne ou mauvaife qualité de
ce médicament, n’a été fondé jufqu’ici que fur
quelques propriétés phyfiques, fouvent trompeu-
fes , telles que la couleur, l ’odeur, la faveur, la
cafture , la compacité , & c . , qualités qui toutes
prêtent beaucoup à l’arbitraire , puifque c’eft par
les fens & l’habitude qu’on en juge.
Récemment M. Seguin a cherché par des expériences
à porter, fur cet objet important, une
lumière plus certaine que celles qu’on avoit eues
ju qu’à ptéfent. Suivant lui, l’infufion aqueufe des
bonnes efpèces de quinquina poffède exclusivement
la propriété de précipiter l’ infufion du tan, tandis
qu’au contraire les mauvaifes efpèces précipitent
la diffolution de gélatine animale. Ainfi, non-feulement
il juge des qualités abfolties de ces matières,
mais auffi il peut donner la mefure des qualités
refpe&ivesdes diverfes efpèces de quinquina ,
par l’abondance plus ou moins grande des précipites
qu’il obtient.
Si l’obfervation de M. Séguin e'toit générale
pour tous les bons quinquinas, & fi le phénomène
qui lui a donné beu étoit dû au principe qui dans
cette matière eft fébrifuge, on ne pourroit fe dif-
fimuler quelle deviendroit très-utile à la médecine
, fi furtout le Gouvernement prenoit la mefure
de police propofée plus haut.
Mais j’aurai plus bas occafion de faire quelques
remarques fur les aflertions de M. Séguin , en fai-
fan t voir qu’il y a plufieurs efpèces de quinquina
véritable qui ne précipitent pas la folution de tan,
& qui cependant guériffent la fièvre.
§. III. 'traitement de différentes efpèces de quinquina
par l'eau, manière dont leur macération & leur
décoftion agijfent fur les réuftifs.
J’ai comparé, par les propriétés phyfiques &
chimiques, les infufions de toutes les efpèces de
quinquina qui fe trouvent dans le commerce , auxquelles
j’ai joint l’examen de quelques autres lubf-
tances végétales qui paroiffent avoir des analogies
avec les quinquinas> & qui ont paffé pour guérie
la fièvre.
Les infufions ont été préparées avec les mêmes
quantités d’eau , les mêmes quantités d’écorce, à