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voit autrefois pour défigner la partie la plus fine ,
la plus atténuée, la plus volatile , la plus odorante
& en même tems la plusaétive des matières
diftillées ou fublimées. Comme on donnoit le nom
d'ejfenceà ces matières en général, furtout à celles
qui avoient une odeur v iv e , ainfi que les huiles
effentielles, par exemple, on fuppofoit qu’on augmentent
leur vertu en les atténuant pluneurs fois
des diftillationsfucceflives,&de là par la dénomination
de quinte ejfence ou quintejfence.
On Ta enfuite étendue à toutes matières très-
volatiles, très-odorantes & huileufes, &même à
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des mélanges ou à des efpècesde teintures d’huiles
&: de réfines dans l’alcool. Depuis cette extenfîon
le mot quintejfence a ceffé d’être employé en chimie
, & il n’eft plus réfervé que pour quelques
préparations pharmaceutiques.
QUIS ou QUISSE : nom donné autrefois à une
pyrite ou marcaflite de cuivre : il eft depuis long-
tems inufité. Cependant comme on le trouve dans
quelques, vieux livres d'hiftoire naturelle , de chimie
& de pharmacie , il étoic utile d’en faire
mention dans cet article.
R A B
R.ABDOMANCIE : prétendu art de deviner ou
de reconnoître des chofes cachées à l’aide d’une
baguette. Telle eft la baguette divinatoire qui ,
placée fur les deux mains , doit tourner à l'approche
des métaux renfermés dans la terre, des
tréforsenfouis, de l’eau fouterraine, delà houille
& des mines en général. Ce mot ne mériteroit pas
d’être placé dans un Dictionnaire de fcience exaCte,
ft cette efpèce de folie qui a beaucoup occupé les
hommes dans les fiècles de fuperftition, d’ignorance
& d e barbarie littéraire , n’avoit pas reparu
depuis une vingtaine d’années en Europe > fi^ des ;
efprits, non fans lumières, mais exaltés fur 1 état
avancé des fciences & fur les découvertes d’é- ;
leétricité & de galvanifme, & féduits d’ailleurs
par quelques fripons adroits, n’avoient pas effayé
de rattacher cette chimère à des théories vagues
& erronées fur cette force naturelle, & s’ils n’a-
voient pas entraîné dans leur opinion beaucoup
d’honnêtes gens qui reprochent à tort aux favans
de repouffer ou de.ne point accueillir ces théories.
11 faut que ces honnêtes gens fâchent que
des expériences bien faites à diverfes époques ,
ont démontré que la baguette divinatoire eft une
erreur ou une infigne charlatanerie , qu’elle ne
tourne qu’ à la volonté de celui qui la porte, ou
dans de certainespofitions des doigts, qui lui impriment
un mouvement de rotation ; qu’ il n’y a
point d’émanations électriques ou magnétiques
forties de la terre qui puiffent la faire tourner ,
que les tremblemens &r les convulfions des hommes
n’ont lieu ni par les vapeurs de l’eau fouterraine ,
ni par les miafmes exhalés des métaux & de la
houille } qu’on a vu mille fois la baguette tourner
& les tremblemens avoir lieu loin de ces corps ,
& n’avoir pas lieu dans le voifinage le mieux conf-
taré î que la crédulité dans ce genre eft une véritable
duperie , & que des théories aufli indéterminées
& auffi hafardées rameneroient les fciences
aux fiècles où tout étoic occulte & fans principes.
Toutes les académies , toutes les fociétés feienti-
fiques, ont toujours repouffé avec une égale force
cette doCtrine dangere ufe aux progrès des fciences,
& la faine raifon montre que l’avis unanime des
hommes les plus éclairés de l’ Europe doit l’emporter
fur les rêves de quelques enthoufiaftes.
RABETTE. La rabette eft: une plante du genre
des choux , ou plutôt une variété de l’efpèce
navet ou navette donc la graine eft employée à
l ’extraCtion d’une huile graffe ou fixe dans quelques
pays du nord : elle eft très-analogue à l’Huile
de navette ; elle eft auffi bonne que celle-ci , &
n’en diffère pas fenfiblement pour les ufages de
la vie. ( Voyc£ les articles Huiles fixes , grasses,
douces. )
RACINES. Les racines , parties des plantes cachées
dans la terre , doù elles tirent & portent
la nourriture dans les végétaux , ne peuvent être
confidérées en chimie que par rapport aux principes
quelles donnent à l’analyfe& aux propriétés
qui dépendent de ces principes.
Confidérées fous ce point de vue , on peut
diftinguer cinq principaux ordres de racines '. i°. les
racines alimentaires ; z°. les racines médicamen-
teufes î 30. les racines vénéneufesj 40. les racines
colorantes ou tinCtoriales ; 50. les racines odorantes
ou deftinées aux parfums.
Des racines alimentaires.
Il y a un allez grand nombre de racines qui fervent
à la nourriture de l’homme ou des animaux,
& qu’on cultive plus ou moins en grand pour cet
ufage. En comparant entr’elles les differentes
racines efculentes, on reconnoît qu’ il y en a de
farineufes , de muqueufes fades , de muqueufes
& charnues fucrées.
Parmi les premières doivent être rangés les
orchis qui fervent à la fabrication du falep {Voy.
ce mot ) ; les racines de manioc dont le fuc eft vénéneux,
& donc la fécule bien lavée eft la nourriture
la plus ordinaire des Nègres i les pommes
de terres qui remplacent fi utilement en Europe
la farine de blé dans'les tems de difettej les tubercules
du cyperus efculentus , fouchet comef-
tibie 5 les racines de bryone, d’arum, & une foule
d’autres qui , contenant un fuc âcre, peuvent,
comme celle de manioc, être convertis en une
farine douce par un leftîvage plus ou moins fôigné.
Toutes ces racines font bien cara&érifées par la
i propriété de donner de la feeuîe blanche lorf-
11’après les avoir râpées , on les lave ^au deflus
’un tamis à travers lequel l’eau entraîne la fécule
fous la forme d’une pouftiëre blanche.
Les racines muqueufes fades font moins nom-
breufes & moins alimentaires que les précédentes:
c’eft furtout aux efpèces de lys ou de la famille
des liliacéès que ces racines appartiennent. Il faut
en excepter les efpèces des genres ail, Teille &
afphodèle * dont les racines font en général âcres
& brûlantes. Les premières pourroient fervir au
befoin de nourt icure , quoiqu’elles ne foienc guères
employées comme telles.
Dans les racines muqueufes fucrées, je comprends
fpécialement les patates, l’igname , & quelques
autres dont on fait un grand ufage dans l<?s çolo