
Ce vernis eft employé fur les meubles , fur les
tabatières, les ouvrages de carton, &c. ; quand il
a été appliqué fur un corps quelconque , on le
laifle féclier , tk enfuite on le polit. Les vernis gras
font les plus durables.
Le vernis de la Chine n’eft pas encore bien
connu.
VERRE , 6* de l'art de la verrerie. On donne en
général le nom de verre à toute fubftance tranfpa-
rente, qui provient de la fufion des matières alcalines
& terreufes ; mais on applique plus particulièrement
ce mot au compofé qui réfulte de la
fufion de trois parties de filice & d’une partie de
potaffe ou de foude: cette proportion eft celle qui
conftitue le beau verrey mais comme l’alcali & la
filice que l’on emploie dans les arts, ne font pas
parfaitement purs, le verre contient toujours piu-
iïeurs autres fu bilan ces dont la nature, & furtout
la quantité , varient beaucoup; d’un autre côté ,
il y a des matières que l’on ajoute exprès à certains
verres pour leur donner des propriétés qu’ils'
n’auroient pas fans cette addition : de ce nombre
font les oxides de plomb & plufieurs oxides colo-
rans.
Pour faire le verre , H faut des fours d’ une conf-:
truélion particulière & des créufets très-grands ,*
que l’on appelle "pots. Nous allons décrire un four
qui donnera une idée de ceux que l’on peut conf-
truire.
Des fours a verrerie.
L’ intérieur du four repréfente un berceau de
cave carré par le bas & voûté en cintre par le
haut} il a huit pieds de hauteur, neuf à dix de
largeur) & trois pieds à trois pieds & demi de profondeur}
il eft conftruit en briques les plus réfractaires
poffible; l’extérieur du four doit être recouvert
d’une maçonneriede pierres de taille liées
par de forts tirans de fer : ce fourneau a quatre
cheminées à la voûte, qui font placées à une égale
, diftance l’ une de l’autre} elles s’élèvent d’un pied
. & demi au-delfus de la maçonnerie.
Le fol du fourneau a , dans fa longueur, une
ouverture d’un pied de large, qui le divife en
deux parties égaies; cette ouverture eft garnie de
grilles; elle communique à une très-grande cave
qui fert de cendrier) & qui a été pratiquée fous
le four; on defcend dans cette cave par un efcalier.
C ’eft fur l’ouverture que l’ on place le cômbuftible
qui doit échauffer le four; aux deux côtés de l’ouverture,
on élève, du fol dans l’intérieur du four,
deux maflifs en forme de bancs d’un pied & demi
de hauteur & de trois pieds de largeur.
Sur ces deux efpèces de bancs, l’on place quatre
çreufets, deux de chaque côté.
Aux deux extrémités de l’ouverture, qui eft
garnie d’une grille, il y a une porte cintrée, de deux
pieds & demi à trois pieds de largeur, & d’un a
cinq pieds de hauteur ; c’eft par cette ouverture
qu’on fait entrer les quatre çreufets ou pots qu’on
doit placer fur ces maflifs.
. Les çreufets étant fur les bancs fe trouvent placés
chacun à fix pouces au-deffous d’une fenêtre
par laquelle on introduit dedans les matières vitri-
fiabîes, & par où on retire le verre lorfqu’il eft en
état :ces quatre fenêtres fe nomment les ouvreaux;
elles font féparées par un mur, afin que l’ouvrier
qui travaille à l’une d’elles ne foit pas incommodé
par la chaleur de l’autre.
Lorfqueles pots font arrangés dans le fourneau,
on bouche avec des briques les deux ouvertures
par où on les a fait entrer, en laiflant feulement
une fenêtre d’environ un pied & demi en carré ,
& élevée de trois pieds au-deflus du fol. Ces fenêtres
font perpendiculaires à la grille du fourneau;
elles font réfervées pour introduire les matières
combuftibles dans le four.
Àu-defius_du four on a pratiqué deux petits
foursl’un à côté de l’autre, & féparés par une d o i -
fon de briques ; dans les coins de ces petits fours
viennent aboutir les quatre cheminées .dont nous
avons parlé, c’eft-à-dire, deux dans chaque : la
flamme des combuftibles placés dans le four où
font les çreufets fort par ces cheminées, & vient
achever de s’ufer dans les deux petits fours fupé-
rieurs : c’eft dans ces petits fours que l ’on place
.les matières deftinées à faire le verre 3 pour y fubir
une efpèce de calcination qui en mélange les parties
, & qui leur fait éprouver un commencement
de fufion. Cette calcination fe nomme fritte.
Pots ou çreufets.
Les pots dans lefquels on fait le verre doivent
être d’une argile très-réfraétaire, afin que les fon-
dans alcalins du mélangé vitrifiable ne les attaquent
pas} ils doivent être d’une argile dépourvue d’oxi-
d?s métalliques, afin qu’elles ne colorent pas le
.verre; ils doivent être affcz folides pour fervir
plufieurs fois : il y en a qui foutiennent pendant
fix mois fans interruption l’aétion de la chaleur,
car-dès qu'un four elEchauffé, il ne faut pas laifler
tomber le feu.
Les pots fe font avec un mélange d’argile & de
ciment ( i ) à partie égale. On mêle ces matières ;
on y met de l’eau ; on les corroie; on en forme
enfuite des pots qui font prefque cylindriques; ils
ont environ deux pieds & demi de diamètre &
trois pieds de hauteur. Leur épaiffeureft de trois
pouces, & bien égale partout. Quand le creufet
eft formé,- on le laifle fécher jufqu’à ce qu’il ne
reçoive prefque plus l’empreinte des doigts; on le
Ci) L e c im en t eft de l’ a rg ile cu ite ; les teffons de po te rie
peu v en t en fe r y ir ,
bat
bat avec des palettes; on le polit enfuite avec ces
mêmes palettes qu’on trempe de temps en temps
dans l’eau ; on le laifle fécher enfuite pendant fix
mois à l’abri du foleil.
On ne fait cuire les çreufets que quand on en a
befoin , car on les place dans Je four de verrerie
quand ils font encore rouges de feu ; c’eft pour
cela que le four où on les met doit être placé auprès
du four de verrerie.
Pour les cuire, on les chauffe doucement pendant
trois jours, & enfuite on les fait rougir à blanc.
Des matières vitrifiables.
On donne ce nom aux matières qui forment le
verre, lorfqu’èlles font expofées à l’aétion d’une
chaleur fuffifante.. Les matières vitrifiables que l’on
emploie font ;
i° . Les pierres filiceufes;-
i ° . La chaux & fon carbonate ;
3°. La potaffe;
4°. La loude;
y®. Les oxides de plomb.
Il faut que ces matières foient dépourvues
d’oxides métalliques colorans & de matières organiques,
lorfqu’on veut fabriquer des verres parfaitement
incolores, tels que des verres à vitre, des
glaces, des criftaux, &c.
Pour les verres communs on emploie des matières
très-impures, & très-peu d’alcali.
Le fabricant doit connoître la nature des cinq
fubftances que nous venons de nommer; il doit
avoir fait l’analyfe de celles qu’il emploie, afin
de favoir quelles font les purifications qu’il a à
faire & la quantité de matière fur laquelle il opère ;
ainfî, il doit être familier avecl’effai des potaffes
& l’analyfe des pierres.
Nous diviferons les verres en deux claffes, ceux
qui ne contiennent pas d’oxide de plomb, &ceux
qui en contiennent.
P r e m i è r e c l a s s e .
Verres non plombeux.
Voici la compofition de quelques verres non
plombeux.
Verre blanc pour glaces , à la façon de Saint-Gobin.
- Sable blanc............ ................................... ioq
Chaux éteinte à l’air................................ iz
Carbonate de foude......................... 4 à 48
Calcin ou rognures de verre de même
qualité— ...........1 ...................................... iôo
Quand,le verre eft coloré, on ajoute-0,25 centièmes
de partie d'oxide de manganèfe.
Verre a vitre commun,
Potaffe............................................ ; . 20 à 21
Sulfate de foude . . . . . . . . .................... g
Charbon de hêtre .................................... 2.
Cendres neuves........................................ igç»
Craffesde verres ditspécadils, provenant
du qui tombe, ou de celui qui fe forme
dans le fond du four , ou bien d’autres verres
de rebut de diverfes fabrications, pilé &
calciné............... . . ............ 120 à 1 yo -
Cette compofition peut varier confidérablement;
aufli, dans les fabriques de beau verre, on eft dans
l’ufage d’employer, pour faire le verre à vitre commun
dont nous venons de donner la recette, tous
les verres & matières de rebut.
La compofition du verre à bouteille eft fujette
encore à beaucoup plus de variations, foit dans les
proportions des matières, foit dans leur nature ;
on peut employer :
Sable........ ................................................ 10 o
Soude brute de varec . ............................200
Cendres neuves................. jq
Caffons de bouteilles ad libitum 3 mais au
commencement..................................... 100
Du frittage.
Nous avons déjà dit. en parlant d’un four à
verrerie, qu’on ménageoit deux petits fours defti-
nes a fritter les matières vitrifiables avant de
mettre celle-ci dans les çreufets pour les fondre.
Cette opération a pour but de deffécher & de mélanger
les matières, de leur faire éprouver un
commencement de combinaifon; ce commence-^
ment de combinaifon a quatre avantages : i°. les
matières exigent moins de calorique pour fe fon-
dre; 2°. il y a économie dans les proportions
d alcali, parce que lorfqu’on chauffe fortement
les_ matières ^vitrifiables, il y a une partie d’alcali
qui fe volatilifé : dès-lors on feroit obligé
de mettre celui-ci en plus grande quantité, fi l’on
ne frittoit pas; 30. les matières non frittées attaquent
les çreufets avec beaucoup plus d’énergie
que celles qui l’ont été; 40. les matières organiques
fe brûlent par le frittage.
Malgré Tavantage^ que l’opération de fritter
préfente, cependant il y a un affez grand nombre
de verreries qui ne la pratiquent plus. Quand on
fritte, on met les matières frittées encore chaudes
dans les pots.
Il ne faut pas croire que dans tous les fourneaux,
les foiirs à fritter foient dans la partie fupérieure
du grand four ; dans plufieurs, ils fe trouvent placés
fur les côtés. r
De. la manière de purifier le verre.
11 arrive fouvent que le verre fe colore pendant
la fufion : cet effet peut être produit par des matières
charbonneufes qui font dans les matières
vitrifiables, ou bien par la fumée du cômbuftible
qui fert à chauffer le four. Si cette coloration a lieu,
X x
Sable.........................
C h i m i e . Tome VI.
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