feulement pour reconnoître l’ acide fulfurique &:
en eftimer la quantité dans les liqueurs par celle
du fel indiffoluble qu’elle forme avec lu i, mais
encore pour féparer la potaffe ou la foude , & pour
lès obtenir ifolées l’une ou l’autre. On verra par
la fuite qu’on l’emploie plus ordinairement à l’état
de fel foluble pour précipiter l’acide fulfurique
feul ou combiné.
2°. La potaffe pure ou bien cauftique , difficile
à obtenir dans fon état de pureté, & connue fous
ce rapport feulement depuis les quinze dernières
années du dix-huitième fiècle] fert utilement pour
féparer toutes les terres des acides, pour abforber
Sc enlever ceux-ci, pour fondre des pierres fili-
ceufes compofées, pour diffoudre la ulice & fur-
tout l’alumine. Ces deux dernières dilfolutions ne
peuvent avoir lieu que lorfque les terres à diffoudre
font extrêmement divifé^s, comme cela a lieu
par la fufion ou lors de leurs précipitations à l’état
gélatiniforme. Au défaut de la potaffe on pourroit
employer la foude, qui agit de la même manière
& produit les mêmes effets, pourvu qu’elle foit
à l’état d’une grande pureté ou caufiicité.
3°. La chaux bien pure, préparée avec les coquilles
ou le marbre blanc fpathique calciné avec
foin , eft un très-bon & très-utile reà&ifi A l’état
fec &: pulvérulent, elle fert à faire reconnoître les
fels ammoniacaux , à deffécher les gaz trop humides
qu’on fait paffer4fur e lle ,à deffécher, a durcir
les matières animales & végétales. Diffoute
f reconnoître la préfence du gaz acide carbonique
I parmi les produits de fluides élaftiques mélangés, &
pour pVécipiter le carbonate de chaux diffous dans
i’eau par l’acide carbonique, foit pour féparer quelques
dans l’eau & à l’état d’eau de chaux, on l’emploie
pour abforber & précipiter l’acide carbonique des
eaux, & pour en déterminer la proportion; pour
féparer la magnéfie des fels magnéfiens ; pour enle- j
ver & faire dépofer en phofphate calcaire l’acide |
phofphorique liquide. Elle peut fervir auffi pour |
reconnoître la préfence de l’ acide oxalique ou
d’un oxalate foluble, celui de potaffe par exem- ;
pie, dans les fucs végétaux , dans les infufions, |
les décodtions & les macérations des plantes. J’ai !
le premier employé ce rêa£lif&. beaucoup d’au- !
très fort en grand, au lieu d’en faire un fimple
effai dans des verres, afin de recueillir les précipités
& de m’affurer de leur nature par un examen
attentif.
4°. L’ammoniaque eft devenue un réaftif affez
important Sc affez utile depuis que, bien connue
dans Ton état de pureté & comparée dans fes'attractions
avec le carbonate d’ammoniaque, on eft
arrivé à déterminer exactement fes affinités avec
les acides : elle fert à féparer & précipiter l’alumine
des diffolutions falines ; elle annonce la préfence
des fels magnéfiens qu’elle décompofe partiellement
, mais.dont elle ne peut pas faire eftimer
la proportion parce qu’elle s’unit en fels triples
avec une partie de c es compofés ; elle eft employée
avec fuccès pour féparer le phofphate de chaux
de fes diffolutions acides ; elle a le même effet fur j
j’oxalate de chaux diffous dans l’ eau par l’acide J
nitrique. On peut encore l’employer, foit pour -
oxides métalliques des acides , & pour en
diffoudre plufieurs, comme ceux de zinc , de cuivre
& d’argent. La belle couleur bleue qu’elle
prend en diffolvant les oxides de cuivre & de
nickel annonce la préfence de ces métaux, que
l’on diftingue enfuite par d’autres moyens qui font
à la difpofition du chimifte.
Des réaliifs falitis.
i°. Le nitrate de baryte fert furtout pour re*
connoître & eftimer la portion d’acide fulfurique
ou de fels formés par cet acide, foit dans les eaux
minérales, foit dans les liqueurs falines quelconques
, mais furtout dans les dîverfes variétés d’acide
nitrique ou d’ eau-forte qu’on emploie fi fréquemment
& fi abondamment dans les arts & dans
les fabriques.
Ce fel en criftaux eft encore très-utile , & employé
très-fréquemment, depuis quelques années,
pour la fufion des pierres dans lefquelles on foup-
çonne la préfence de la potaffe ou de la foude.
2°. Le nitrate de potaffe eft l’un des fels les
plus employés & les plus utiles dans les anaîyfes
chimiques j mais c'eft moins comme réaftif, que
comme agent en grand fur une foule de corps
combuftibles. Il fert auffi à brûler rapidement ces
corps, & à les porter à l’état d’oxides ou d’acides,
fuivant leur nature. C ’eft ainfi que fe font les détonations
du nitre âvec le charbon, le foufre, le
tartre, l’antimoine, le zinc , l’arfenic, le fe r , &c.
Il faut ne pas oublier qu’après ces détonations les
matières brûlées, oxidées ou acidifiées font fou-
vent combinées avec la potaffe , bafe du nitre ;
que lorfqu’elles n’y font que mêlées, il faut laver
la maffe dans i ’eau, qui enlève l’alcali & laiffe les
premières pures & ifolées.
3°. Le nitrate de chaux peut fervir comme réact
if pour reconnoître la préfence des fulfates alcalins
folubles qui fe convertiffent en fulfate de
chaux, précipité en pouffière & en nitrate alcalin
qui relie en aiffoîution dans h liqueur. Dans fon
état de criftaux, le nitrate calcaire fert à produire
des refroidiffemens aflèz confidérables en le mêlant
avec de la neige ou de la glace broyée. Enfin ,
à l’état de calcination par la chaleur, ce fel fert à
deffécher les gaz qu’on fait paffer dans un tube à
moitié chargé de ce fel.
4°. Il en eft du muriate de baryte comme du ni*
trate de baryte : fa diffolut-ion fert à faire reconnoître
la préfence & eftimer la proportion de l’acide
fulfurique libre ou combiné qui fe trouve
dans des liqueurs muriatiques, furtout afin que le
| fulfate de baryte, formé & précipité, lailfe l’acide
! muriatique libre dans ces liqueurs qu'il ne peut altérer.
On fent bi.en qu’il eft également décompofe
parles fulfates folubles, que par l’acide fulfurique
i nu ! & qu'il indique auffi bien celui-ci combine
que libre. C'eft à peu près « M M ufage du nni-
riate de baryte comme réaltif. On 1 emploie aufli,
mais dans une autre vue, pour montrer par la com-
buftion dé l'alcool dans lequel il e (t diffous, la propriété
qu'a la baryte de colorer fa flamme en jaune,
tandis que la ftrontiane la colore en touge-pour-
pre fort éclatant. | , r
t°. Le muriate de chaux fe rapproche, par les
ufages, du nitrate de chaux ; comme lui il indique
les fulfates diffous dans les eaux , par le fulfate de
chaux qu’ il fait précipiter. Dans 1 état crihallin, il
fe refroidit beaucoup avec la glace, & procure
un froid v i f , utile dans plufieurs expériences.
Dans l ’état de fel calciné, il abforbe 1 eau des
gaz, & fert à les deffécher. On l’emploie en dif-
folution épaiffe & concentrée, foit pour faire
voir le calorique qui fe dégage au moment de la
eriftallif.ttion , foit pour opérer une folidification
remarquable, une forte de miracle chimique, avec
l’acide fulfurique concentré : ce font deux liquides
dont le mélange forme un folide>
î 6°. Le phofphate de foude en criftaux eft employé
comme fondant, & fait partie du néceftaire'
chimique deftiné aux minéralogiftcs. Ils effaient
plufieurs foffiles en faifant chauffer au chalumeau
des fragmens de ces minéraux avec quelques petits
criftaux de ce fe l, & ils eftiment, par première
ai proximation, la nature de ces foffiles parleur
inrufibilité, ou par le genre de fufion rapide ou
lente, très-liquide ou pâteufe, colorée ou non
colorée, donnant un verre tranfparent ou opaque,
de telle ou telle nuance.
7°. Le borate avec excès de foude eft deftiné,
dans des vues analogues, auxeffaisminéralogiques
des foffiles par le chalumeau, & il eft même, fous
ce rapport, d’un ufage plus fréquent que le phofphate
de foude. La fufion avec ou fans boursouflement,
tranquille ou agitée, en verre tranfparent
ou comme une forte d’émail, & la coloration
de ceux-ci, font des caraitères que le minéralo-
gifte & le géologue faififfent avec utilité pour distinguer
& reconnoître les différens foffiles qu’il
rencontre dans fes courfes, & dont il veut prendre
fur le lieu même , au moment où il les arrache
à la terre, une première notion , finon exaéle, au
moins rapprochée de la vérité.
8°. Le carbonate de potaffe bien pur & faturé
d acide carbonique en beaux criftaux reliant ina|f
téraWes à l’air, eft un réaétif très-fréquemment &
très-utilement employé pour connoître les fels
terreux dans lt » eaux, & c ., & pour en précipiter
les bafes à l ’état de carbonates. 11 faut remarquer
que la grande quantité d’acide carbonique, con*
tenue dans ce reaâf, étant prefque toujours excé-
dente à la faturation des bafes terreufes, l’excès
de cet acide rend fouvent diffoluble une partie de
ces bafes, de forte que le premier précipité qui
fe prefente, n’eft pas la matière féparée.toiue entière,
& que, pour l’obtenir complète, il faut faire
chauffer les liqueurs afin d’en dégager l’ acide carbonique
qu’ elles contiennent.
9°. Le carbonate d’ammoniaque, par le-s lois
des doubles affinités, opère la décompofition des
lèls calcaires , barytiques & ftrontianiques que
l’ammoniaque feule n’opère pas ; il décompofe
complètement les fels magnéfiens , tandis que
l’ammoniaque ne les décompofe que partiellement.
D’après ces deux genres de propriétés, ce
fel eft très-utile comme réattif, & à peu près dans
les mêmes circonftances que le carbonate de po-
tafiè, dont il eft comme le fupplément & le complément.
Le carbonate d’ammoniaque eft indif-
penfable lorfqu’il s’agit de précipiter les diffolutions
qui contiennent les élémens des minéraux x
dans lefquels on foupçonne la préfence de la potaffe
& de la foude, & pour la fufion defquels on
a employé de préférence le nitrate de baryte.
io°i. L’oxalate d'ammoniaque a été fubftitué,
depuis quelques années, à l’acide oxalique pour
reconnoître dans les eaux, les liqueurs & les diffolutions
falines, la préfence de la chaux & des
fels calcaires, parce qu'il décompofe plus facilement
& plus complètement ces fels, que l’ acide
oxalique feul. Celui-ci en effet ne précipite que
partiellement la chaux pour peu que les liqueurs
qui la contiennent, foient avec excès d’ acide , tandis
que l’oxalate d’ammoniaque en opère promptement
la précipitation , à caufe de la double affinité
qu’il exerce fur les fels calcaires, même avec
excès d’acide. En effet, tandis que l’oxide oxalique
fe porte fur la chaux, l’ammoniaque fe porte
fur les acides qui lui étoient unis & qui la ren-
doient foluble. Sous ce rapport, c’eft un des
rcaftifs les plus fûrs qu’on puiffe employer, & un
de ceux dont l’effet eft le plus certain.
n ° . Le fuccinate d’ammoniaque a été propofé
comme rcaftif, en 1802, par M. Klaproth, pour
féparer l’oxide de fer de l’oxide de manganèfe qui
l’accompagne prefque toujours dans les minéraux,
& qui fe précipite avec lui des diffolutions lorl-
qu’ on y verfe de l’ammoniaque. Ce réaftif paroîc
préférable à ceux dont on fe fervoit pour le même
objet, avant qu’on le mît en ufage; mais il a l’ inconvénient
d'être difpendieux , à caufe de la rareté
du fuccin & de la petite quantité d’acide
fuccinique que ce bitume fournit par la diftilla-
tion.Pour l’employer avec fuccès, il convient de
faturer par l'ammoniaque la diffoiution concentrée
qui contient les oxides, de manière à n'en précipiter
aucune portion, puis on verfe la diffoiution
de fuccinate d’ammouiaque. L’acide fuccinique
s’ unit à l’oxide de fer & fe précipice fur-le-champ.
On jette promptement le tout fur un filtre. Si tout
le fer eft précipité, la liqueur paffe incolore &
retient le fuccinate de manganèfe : on lave & on
calcine le fuccinate de fe r , & l’on juge par la
quantité d’oxide que l’on a pour réfidu, de la quantité
d’oxide de manganèfe qui y éxoit mêlé. Oh