
fait évaporer à ficcicé, en ayant foift de remuer,
fur la fin de l’évaporation, tout l'acide muriatique
• en excès, & celui qui tenoit la filice en folution
fe volatilife ; il ne refte que celui qui a neutralifé
la potaffe & les autres fubftances terreufes & métalliques
que le minéral pouvoit contenir. Or,
. comme la filice eft infoluble dans le muriate de po-
taffe & dans l’eau, en délayant dans ce liquide le
réfidu de l’évaporation , on obtient cette terre à
l’état de pureté. On la lave par décantation dans
un flacon, enfuite on la jette fur un filtre. On re-
connoît qu’on a fufïifamment lavé lorfque l’eau
qui a macéré fur la filice ne trouble plus le nitrate
d’argent.
Quand on fe fert d’un creufet d’argent, la filice
retient quelquefois un peu d’oxide ; elle eft alors
légèrement colorée en gris. Quand le minéral que
Ton a traité par la potaffe tient du fer, il eft bon
d’ ajouter un peu d’acide muriatique à l'eau que
J’on verfe fur le réfidu formé de filice & de muriate
de potaffe 5 par ce moyen on rediffout l’oxide de
fe r , qui auroit pu fe féparer de l'acide muriatique
dans l’évaporation.
La filice eft fous la forme d’une pouffière blanche
, rude au toucher; elle paroît formée de très-
petits grains criftallifés & tranfparens. Suivant
Kirwan, fa pefanteur fpécifique eft de 2,66.
La filice fe trouve criftallifée dans la nature en
prifmes hexaèdres, terminés par une ou deux pyramides
à fix faces. Lorfque cescriftaux font purs,
ils font parfaitement incolores : on les défigne
alors par le nom de criJlaux de roche.
La filice eft inaltérable au feu, d’après les expériences
de La voilier & de Guyton, qui l’expofèrent
à un feu alimenté par le gaz oxigène. Sauffure &
M . Delame therie prétenden t cependant l’avoir fon-
du, le premier en en expofant une parcelle au feu
du chalumeau, le fécond en expofant un petit criftal
de roche à l’aélion d’un feu alimenté par le gaz
oxigène.
Dans quelques circonftances la filice paroît fe
volatilifer ; car on a obfervé des filamens blancs,
foyeux , de filice^ pure , qui s’étoient formés dans
des matières qui fe fubliment pendant la fufîon
de certains minerais de fer.
Kirwan prétend que l’eau peut diffoudre 0,001
de filice très- divifée ; ce qu’il y a de certain, c’eft
que prefque toutes les eaux terreftres paroiffent
en contenir plus ou moins ; ce qui met ce fait
hors de doute, c’eft qu’on a obfervé dans certaines
excavations des dépôts de filice qui fe font par
l’évaporation d’ une eau qui fuinte lentement fur
les parpis de ces excavations. Cette formation
eft analogue à celle des ftala&ites calcaires. Il eft
poflible que l’acide carbonique & plufieurs fels
qui fe trouvent dans ces eaux contribuent à la fo-
lujtion de la filice.
Du moment où la filice a été féchée , fes parties
pnt acquis tant de cohéfion , qu’elles ne peuvent
contrarier d’union avec l’eau ; cependant;
cette terre jouit d’une propriété hygrométrique
telle , que quand on.la transporte dans une atmof-
phère humide, elle peut abforber de dix à quinze
pour cent d’humidité. Lorfque la filice qui étoit
en folution dans une grande maffe de liquide
vient à fe précipiter , elle retient beaucoup d’eau
& forme une gelée affez femblable à celle de
viande. L’eau n’eft pas fixée à cette gelée par une
forte affinité ; il fuffit de la chauffer, pour que
l’eau s’évapore & que les molécules de la terre
fe réunifient pour former une fubftance fur laquelle
l'eau n’a plus d’aéfcion fenfible : la filicet
roùgie aij feu, ne retient plus d’eau.
L’hydrogène, le phofphore le carbone , le
foufre n’ont pas d’aétion fur la filice.
La filice en poudre n’eft pas diffoute par les
acides fulfuriqüe, nitrique & muriatique. Lorfqu’on
la chauffe dans un creufet avec les acides
boracique & phofphorique , on obtient une corn*
binaifon fous forme de verre tranfparent.
De tous les acides il n’y en a aucun qui ait fur
la filice une aélion aufli forte que le fluorique 5 il
la diffout & forme un gaz incolore qui jouit de
toutes les propriétés mécaniques des gaz perma-
nens. On avoit cru pendant long-tems que le dépôt
filice u x que Je gaz for moi t en fe diffolvant dans
1 eau étoit de la filice pure j mais il eft prouvé aujourd’hui
que c’ eft un fliiate de cette bafe.
La potaffe & la foude ont une aétion très-
puiffante fur la filice : les phénomènes que l'on
obferve avec ces deux alcalis font les mêmes.
Si l’on chauffe dans un creufet d'argent une
partie de filice & trois de potaffe, on obtient une
combinaifon qui a l ’apparence d’un verre : cette
combinaifon étant avec un grand excès d’alcali,
conferve plufieurs des propriétés de la potafie;
ainfi, comme elle, elle attire l’humidité de l'air
& fe réfout en liqueur, à laquelle les Anciens
avoient donné le nom de liqueur des cailloux.
Trommfdorf a obfervé dans une liqueur de cette
efpèce, très étendue d’eaü, qui avoit été abandonnée
à elle-même pendant huit ans dans un bocal
recouvert d’une feuille de papier, des criftaüx
de filice en pyramides à quatre faces.
La potaffe liquide concentrée, bouillie fur de
la ///ce réduite en poudre, en diffout une quantité
notable; mais fi cette terre n’eft pas très-divifée,
il rv’y a pas d’aétion.
Si l’on verfe dans la liqueur des cailloux , ‘des
acides muriatique , fulfurique à 40 deg. , &
nitrique , il fe. fait un précipité gélatineux très-
épais, qui eft de la filice. Quel que foit l'excès
d’acide^ que l’on ajoute, il eft impoflible de faire
difparoître le précipité ; cela prouve que du moment
ou les molécules de la filice ont été fe parées
de 1 alcali, elles fe font allez rapprochées pour
former des agrégats , fur lefquels l’aôion des
acides eft nulle. Il n’en eft pas ainfi quand on étend
la liqueur des cailloux d’une grande quantité d'eau.
Lorfqu’on y verfe de l’acide en excès , du muriaW
tique , par exemple , toute la filice refte en diffo-
lution, parce que fes molécules font trop éloignées
pour obéir à leur cohéficn. Si l’on fait concentrer
la folution, à me fur e que l’eau s’évapore &
que l’acide muriatique tend à fe dégager, & la
force diffolvante de ce corps diminuant, il arrive
un moment où la cohéfion de la filice L'emporte fur
elle : alors cette terre feTépare fous la forme
d’une gelée , fi l’évaporation a été faite lentement.
Il fuffit de chauffer légèrement la gelée
pour en féparer l’eau & l’acide muriatique. Si l’on
ajoute de l’eau au réfidu de l’évaporation, on
diffout le muriate de potafie & on fepare toute la
filice fous la forme d’une poudre blanche.
Nous venons d’expofer la propriété déjà combinaifon
de trois parties de potafie & d’une de
filice ; il nous refte à parier de celle que l’on forme
en expofant à la chaleur rouge un mélange de trois
parties de filice & une de potaffe. Cette combinaifon
a toutes les propriétés du verre ordinaire. Nous
avons vu que les propriétés alcalines de la potafie
dominoient dans la première combinaifon : dans
celle dont nous parlons', c’eft au contraire celle
de la filice. Ainfi cette dernière n’ attire pas l’humidité
de l’air ; elle n’a pas de faveur ; elle n’eft
point foluble dans l’eau froide. La filice, en fe combinant
à la potafie, lui a donc fait perdre la plupart
de fes propriétés alcalines. Mais fi l’eau froide
n’a pas d’aétion fur le verre , l’eau bouillante en a
une fenfible. Pour s’en convaincre, il fuffit de
faire bouillir de l’eau dans une cornue de verre
pendant plufieurs heures ; on trouve dans l’eau
une combinaifon alcaljne de filice , en un mot,
de la liqueur des cailloux. C ’eft un fait qui a été
mis hors de doute par les expériences de Schéèle ,
Lavoifier & M. Chevreul. Gn voit donc que la
chaleur & l’ affinité de l’eau pour la filice déterminent
la decompofition du verre 5 ce qui fe diffout
(du verre décompofé) eft avec excès d'alcali,
& ce qui ne fe diffout pas avec excès de filice.
Lorfqu’on chauffe trois parties de filice & une
de potaffe, toute l'eau qui étoit en combinaifon
dans cet alcali fe volatilife.
La barite, chauffée avec la filice dans la proportion
de foixante-quinze à vingt-cinq , forme
une porcelaine poreufe à une chaleur de cent cinquante
deg. ( Wed. ) ; parties égales de ces corps
ne fondent pas. Le réfultat de la première fqfio.n eft
foluble dans un excès d’acide muriatique.
L’eau de barite , verfee dans la foiution de liqueur
des cailloux, en précipite une combinaifon
de barite & de'filice.
La ftrontiane préfente à peu près les mêmes
phénomènes avec la filice que la barite ; cependant
M. Guyton prétend qu’elle ne la précipite
pas de la liqueur des cailloux.
Parties égales de filice & de chaux fe fondent en
un verre opaque. L’eau de chaux agit comme la
barite fur la liqueur des cailloux.
Suivant Lavoifier, on ne peut fondre parfaitement
un mélange à parties égales de magnéfîe &r
de filice.
Quand on mêle des volumes égaux de folutions
alcalinesconcentréesd’alumine & de filice, le mélange
fe prend en gelée foliée au bout de quelques
heures j.maisà mefiire que les molécules terreufès
fe rapprochent, il exfude un liquide de la gelée, &
on finit par obtenir des grumeaux , qui font une
.combinaifon de filice & d’alumine , retenant, à
ce qu’il paroît, un.peu d'alcali ; ces grumeaux
prennent , beaucoup de durete par le defféche-
ment.
La bafe des poteries eft la combinaifon de la
filice 8z de l’alumine.
Dans ces derniers tems on a prétendu avoir décompofé
la filice en une matière métallique, en
la chauffant fortement avec du fer & du charbon.
La filice eft une des terres les plus répandues ;
elle fe trouve dans tous les quartz en très-rgrande
quantité; elle entre comme élément dans prefqu®
tous les minéraux de première formation > elle fe
trouve également dans ceux de fécondé formation
qui ne font pas de nature Câline. Les fables des
grandes rivières en font prefqu uniquement formés.
Les terres argileufes, les marnes font des
mélanges de filice &: d’alumine.
La filice fe trouve dans les végétaux & les animaux.
SIMIA, C ’eft le nom que les Arabes modernes
donnent à une partie de la chimie, prife dans fa
plus ample lignification ; car, félon les idées les plus
communes parmi eux, la chimie proprement dite
ne s’exerce que fur les fiics & les effences des
plantes , quoique par excenfion elle comprenne la
préparation des métaux & des minéraux , qui font
particuliérement l’objet de ce que les Arabes
appellent fimia. Cependant, lorfqu’ ils parlent de
la chimie' en général, & des merveilleux effets
qu’elle produit, ils joignent toujours les mots de
kimia & fimia, pour comprendre toutes les opérations
que l’on fait par le moyen du feu, tant fur
les métaux & les minéraux, que fur les animaux
& les plantes.
Ils donnent aufli le nom de fimia à un autre art,
qui a pour objet les noms & les nombres, dont on
tire une efpèce de divination, de la même manière
que des points & des lignes, par le moyen
de la géomancie. Cette fcience des noms va bien
loin, parce qu’elle comprend aufli celle des noms,
des efprits, & leur invocation 5 & dans le livre intitulé
Kitah al anvuar, le Livre des lumières , on
trouve vingt-huit alphabets de la fimia pour faire
des talifmans, afin d’ attirer les efprits & d’en
tirer divers ufages; de forte qu’ils définiffent cette
fcience, VArt de connottre les efprits fupérieurs &
de faire defeendre jufqua nous leur vertu pour obtenir
ce que nous defirons.
Le mot de fimia vient des mots arabes fiim 8c
famatf qui fignifient les veines d’or & d’argent qui