
rance a , & il refta dans la liqueur concentrée une
fubftance- très-aftringente.
Il fuit de-là que Peau partagea la fubftance a en
trois matières différentes : i°. en une matière
noire orefqu’infoluble dans Peau } je la délïgnerai
par A* j 2°. en une fubftance foluble dans l'eau,
mais qui s'en précipitoit par évaporation j je la
délïgnerai par A 1 } 30. en une fubftance. très-fo-
.lubie dans l'eau 5 je la délïgnerai par A 3.
Matière A x.
11. La matière A x étoit un peu acide : cinq
décigrammes, chauffés dans la boule de verre, fu-
fèrent en répandant une lumière rouge & en donnant
, i°. de l'eau 5 20. de l'acide carbonique 5
30. du gaz inflammable brûlant en blanc} 40. du
gaz nitreux} y°. du gaz azote } 6°. un peu d'ammoniaque}
70. un charbon qui exhaloit une forte
odeur d'acide pruflique. Il eft évident, d’après
cela, que cette fubftance, qui jouit des propriétés
que M. Prbuft a attribuées à l’oxide de charbon,
eft une combinaifon d'acide nitrique & de charbon.
Elle ne diffère des matières A1 & A 3 , qu’en
ce qu’elle contient moins d’acide, & ce qui pa-
roît le prouver, c’eft qu’en la faifant bouillir avec
de l’ acide nitrique concentré, on la diflout en
totalité} & quand on vient à verfer de l’eau dans
cette diftolution, elle précipite des flocons jaunes
qui préfentenc toutes les propriétés de la matière
A non lavée. Je penre , d’après cela, que quand
on fait bouillir la matière A avec l’eau, la portion
qui ne fe diffout pas, cède une partie de fon
acide à celle qui fe diflout, & quand on vient en-
fuite à faire évaporer les lavages, il fe fait encore
un partage d'acide entre la fubftance A 1 qui fe
précipite, & la fubftance A 3 qui refte en aiflo-
lution.
L ’acide nitrique, au moins dans la proportion
dans laquelle je l’ai employé, n'a pu convertir la.
matière A* en fubftance tannante de Hatchett,
très-foluble dans l’eau. I! y a cependant une portion
de fubftance qui n'eft pas féparée par l ’eau
de la diftolution nitrique de la matière A 1,
& qui précipite la gélatine} mais je ne pourrois
aflurer qu'elle fût abfolument femblable à celle de
Hatchett. Pour favoir s'il étoit poflïble d’enlever
l’acide nitrique à la matière A 1 fans la chauffer,
je mis celle-ci en digeftion dans une folution légère
de carbonate de potafle faturé 5 à l’aide de
la chaleur il fe dégagea de l’acide carbonique, &
prefque tout fut diflous.
Cette diflolufion fut décompofée par l’acide
fulfurique 5 il fe fit un précipité brun floconneux ;
la liqueur furnageant le précipité étoit incolore :
elle fut filtrée} on fatura par le carbonate de potafle
le léger excès d'acide fulfurique qu'elle con-
tenoit} on fit évaporer à ficcité, & on traita le
réfidu par l’alcool à trente deg. pour difloudre le
n itré s il y en avoir, mais on n'en obtint pas 5 le
carbonate de potafle n'avoit donc pas enlevé de
quantité notable d'acide nitrique à la matière A*.
Le précipité brun, refté fur le filtre, fut lavé à
l'eau chaude jufqu’à ce que celle-ci ne donnât
plus d’indice d’acide fulfurique fenfible à la dif-
folution de barite. A cette époque, l’eau de lavage
étoit fauve} elle avoit une faveur & une
odeur tenant un peu & de l’écorcç de chêne
& de celle de la rofej elle ne précipitoit pas fen-
fîblement la gélatiné*. En ajoutant un acide, ilfe
dépofoit quelques flocons.
Si l’eau diflout plus de la matière A* qui a été
précipitée de la potafle par l’acide fulfurique, que
de celle qui ne l'a pas été, je crois que cela tient
à fa plus grande divifion} car, dans celle qui a été
préparée avec foin, je n’ai pas retrouvé de quantité
notable d’acide fulfurique ( 1 ) ,& fon charbon
ne m'a donné qu’un atome de potafle.
Cinq décigrammes de matière A 1 qui avoit été
difloiite par le carbonate, & enfuite précipitée
par l'acide fulfurique, fufèrent & donnèrent par
la chaleur du g?z acide carbonique, du gaz nitreux
, & c .} un charbon qui exhaloit l'odeur d'acide
pruflique, & qui contenoit un atome de^potafle.
Matière A*.
12. La matière A 1, qui s’étoit difloute dans
l’eau du lavage de la matière A , & qui s'étoit
enfuite précipitée pendant l'évaporation de ces
lavages ( î o ) , étoit brun - noirâtre : traitée par
l ’eau bouillante, une partie fut difloute & donna
à l’eau la propriété de coaguler là gélatine : cette
diflolusion évaporée donna un réfidu qui fufa en
dégageant du gaz nitreux. Quant à la partie peu
foluble dans l'eau, elle reflembloit beaucoup à
la matière A 1 ; elle fufoit & donnoit du gaz nitreux,
mais en moins grande quantité que la portion
qui avoit été difloute dans l'eau. Cela an-
nonçoit qu'il y avoit eu encore un tranfport d'acide
, de la portion peu foluble à celle qui s’étoit
difloute.
Matière A 3.
t3. La matière A 3, qui. étoit reftée en diflblu-
tion après la concentration des lavages de la matière
A , & qui avoit été obtenue de l’évaporation
des derniers lavages, étoit fauve : chauffée
dans la boule de verre, elle fufa, donna de l’eau,
de l'acide carbonique , du gaz nitreux, &re., &
un charbon qui exhaloit une odeur d'ammoniaque
extrêmement forte.
Cette fubftance, qui précipitoit très-bien la gélatine,
différoit du tannin de Hatchett (art. 1 .) ,
en ce que la diftolution alcaline étoit précipitée
(1) Des expériences que^-j’ai faites depuis celles-ci me portent
à croire que, la potafle contribue à la diffoUuion de-
cette fubftance dans l’eau.
par les acides, en ce qu'elle étoit par conféquent 1
beaucoup moins foluble dans l’eau eri ce qu’elle
ne fe fondort pas par la chaleur.
39. La matière A fe partage donc par l’a&ion
de l’eau en trois portions, qui ne diffèrent en-
tr’elles que par la quantité d'acide nitrique qu'elles
contiennent, puifqu’en enlevant une portion de
ce dernier à celles qui en contiennent le plus, on
les convertit en celles qui en contiennent le moins,
& en ajoutant de l'acide à celles qui en ont perdu,
on les fait repaffer à leur premier état.
§. II. Subfiance tannante formée avec le charbon de
pin.
40. Cent parties de charbon de pin qui avoit
été calciné au rouge dans un creuftt de platine,
exigèrent, pour fe diftoudre dans l’ acide nitrique,
plus de temps & plus d'acide que cent parties de
charbon de terre. La diftolution de charbon de
pin étoit brune, épaifle comme unfirop} lorfqu’on
y verfa de l’eau, il fe fépara une matière brune,
que j'examinerai plus bas. La liqueur féparée de
cette matière fut évaporée à ficcité. Le réfidu
étoit noir, un peuaftringent& légèrement acide:
chauffé dans un tube de verre, il ne fufoit pas} il
dégageoit une vapeur acide} il étoit diflous pour
la plus grande partie par l'eau diftillee; cette dif-
folution précipitoit la gélatine & beaucoup de
fels métalliques. Le précipité formé avec l’acétate
de plomb, chauffé dans un tube de verre, laifloit
un charbcTn mêlé de plomb métallique qui s'em-
brafoit quand on le verfoit encore chaud fur un
papier.
■ 41. Pour obtenir la fubftance tannante à l’état
de pureté, je précipitai la diftolution par l’acétate
de plomb, & je lavai le précipité jufqu'à ce que
le lavage ne fe colorât plus par l’hydrogène fulfuré.
Je décompofai le précipité, encore humide, par
l’acide fulfurique. Le fulfate de plomb fut féparé
par le filtre; la liqueur précipitoit la barite & l'acétate
de plomb en flocons foluble», dans un
excès d'acide nitrique , ce qui annonçoit qu'elle
ne contenoit pas d’excès fenfible d’acide fulfurique
(1). Cependant, l’ayant fait évaporer à ficcité,
j’obtins un réfidu (2) brun déliquefeent, fufible
par la chaleur, qui, étant chauffé dans une boule
de verre, donna du gaz acide carbonique, du gaz
(1) Pour effayer fi une liqueur contient de l’acide fulfurique
j il faut y verfer de la diftolution de barite ; s’il s’y
forme un précipité, eftayez de le difloudre dans l’acide nitrique
pur; s’ il s’y diflout, il faut.laifter réagir les matières
pendant vingt-quatre heures, èc v o ir enfuite s’il s’eft formé
un précipité. J ’ai obfervé fouvent que le plomb n’ indiquoit
pas d’acide fulfurique où la barite en indiquoit fenftblement.
C e dernier réa ftif doit donc être préféré au premier.
(2) J ’ai vu qu’en chauffant un peu fortement ce réfidu
dans une capfule avec le contaâ: de l’a i r , i l fe dégageoit
des fumées blanches d'acide fulfurique, & la fubftance ainfi
chauffée, rediffoute dans l ’eau, donnoit des indices d'acide
•fulfurique avec la diftolution de barite.
acide fifffureux & d’autres gaz infoh b’es dans
l’eau, que je n’âi pu examiner, à caufe de leur
petite quantité '( car je n'opérai que fur deux dé-
cierammes de matière tannante ) > j'ignore donc
s'ils contenoient du gaz nitreux.
42. Il paroît donc que, quand on décompofe
la combinaifon de matière tannante & dt- pion b
par l'acide fulfurique, celai ci ( lorsqu'il eft en
excès ) entre en combinaifon. Il eft prob ble que
l’acide fulfurique fe combine à la matière tannante,
fans en chafler l’aci le nitrique.
43. La liqueur d'où la fubftance tannante avoit
été précipitée par l’acétate de plomb, fut paflee
à l’hydrogène fulfuré, & enfuite filtrée} elle contenoit
les fubftances terreufes du charbon, une
matière jaune amère dont je n’ai pu reconnoître
pofitivement la nature.
44. Je fis difloudre ia matière brune, dont j’ai
parlé (40), dans l'acide nitrique à 45 deg. Je fis
concentrer cette diffolution & je la verfai enfuite
dans l’eau} il fe précipita une madère jaunâtre,
femblable en apparence à la matière A qui fe fé-
pare d’une diftolution nitrique de charbon de terre,
au moyen de l’eau} mais la fubftance jaunâtre fe
diftinguoit de la matière A, en ce quelle étoit fo-
lub’e en totalité dans l'eau bouillante, & en ce
quelle ne fufoit pas par la chaleur. Je préfume
qu'elle ne différoit de la partie foluble dans
l’eau (41) , que par une moins grande quantité
d’acide nitrique , & peut-être par une plus grande
quantité d'hydrogène.
Extrait d'un mémoire fur différent compofés formés ■
par la réaéfion de l'acide Juif urique fur le camphre ;
lu a la claffe des fciences phyfques & mathématiques
de l'Inflitut, le 21 août 1809, par M. Che-
vreul.
§. Ier.
1. Après avoir démontré dans mes deux derniers
Mémoires que les fubftances tannantes formées par
la réaction de l'acide nitrique fur plufieurscompofés
végétaux étoientdes combinaifons de cet acide &
de différentes matières dont la plupart nous font
inconnues , il me reftoit à voir fi la troifième ef-
pèce de tannin AeM. Hatchett (formée par l’acide
fulfurique) étoit une combinaifon analogue aux
premières. J'ai dû diriger mes recherches fur 1*
matière tannante obtenue avec le camphre, parce
que c’eft elle qui a fixé plus particulièrement l ’attention
de M. Hatchett, quoique je ne penfe pas
que tous les principes immédiats des végétaux
étant fournis 311 conta# de l'acide fulfurique , fe
comporteroient de la même manière que le camphre
} cependant j'ai lieu de croire que les réîul-
tats que ce dernier préfente, font applicables aux
fubftances qui ont une compcfidon analogue.
L'acide fulfurique paroît avoir en général , dans
fa manière d'agir, beaucoup plus d'uniformité que
, l'acide nitrique.