
7°. La mofcouade, féparée d’une bonne partie
de fon firop, eft portée fur une table, où on la divife
a la bêche. Lorsqu'elle eft bien divifée, on l’arrofe
avec un peu d’eau , en l’éparpillant & la remuant,
pour l'en imprégner également dans toutes fes
parties. '
8°. On la remet dans les facs qu'on a livés dans
l’eau pour en réparer le firop dont ils étoient imbibés
j on prefte avec les mêmes précautions. La
caflonade eft alors d’un blanc-jaunâtre.
s On fond cette caftbnade à la chaisur douce
d un bain-marie ou à la vapeur > de manière que
la difklution chaude marque 24 degrés.
Lorlque la difîblution eft refroidie , on la verfe
dans des tonneaux d’un dis mène .étroit, qu’on
p[ace dans un endroit froid. Au bout de quinze
heures , on foutire la portion éclaircie de deftus
Je dépôt, on verfe ce liquide dans des badins
d évaporation pôles fur des bains-marie. Lorf-
qu’il eft chaud, on y met quelques blancs d’oeufs
battus j St enfuite du charbon bien lavé} on agite
le moût} on le pafte trois fois de fuite dans la
chauffe de laine; on le remet enfuite dans les
bafiins, & on le fait évaporer jufqu’au 33 e. deg. ;
on le tranfvalè dans des terrines plates, où fe
forme le dépôt rie fucre. On traite de la même
manière le liquide du dépôt qui s’eft formé dans
Je tonneau, après l’avoir filtré & lavé fur le
filtre avec un peu d’eau à deux ou trois reprifes.
Cette opération, quoique longue, paroît nécef- .
faire & indifpenfable, d’après l’opération de M.
Foucques, & eile a pour but de dépouiller le
fucre du tartrite de chaux, lequel fait tourner
toutes les préparations du lait par le fucre.
io°. Pour donner à cette caflonade. toute la
blancheur defirable, on étend fur la table du pref-
loir une toile légèrement humide; on la couvre
dune couche de caflonade; on met une toile
humide par-deflus, qu’on'recouvre à fon tour
d’une couche de caftbnade, St ainfi de fuite,
jufqu’à ce que la table ne puifte plus recevoir de
matière. On prefte alors graduellement ; le principe
colorant pafte dans la toile ; on rince ces
toiles à l’eau ; on réitère l’opération , St on
porte h caflonade au degré de blancheur du plus
beau fucre râpé.
1 i°.Lorfque la caflonade eft parvenue a ce degré
de blancheur, on peut la mettre en pains de deux
manières : .
A. Si on comprime la caftbnade encore humide
dans une forme à fucre, intérieurement revêtue j
de toile, elle y prend de la confiftance en féchant
à l’air.
B. On refond la caflonade dans l’eau, qu’on
porte à 3 3 degrés chaud; on lai fie refroidir les
criftaux, qui fe précipitent au bout de 24 heures ;
on en verfe la mafle dans des formes revêtues de
toile, où ils fe prennent eh maff* très-fojide. J
Réfultats des expériences de M. FoucqueS,
Quatre cents livres de moût provenant de ras-
fins blancs des environs de Paris , donnent 100 à
120 livres de firop à 32 degrés bouillant.
Ce firop fournit de 70 à y y livres de mofcouade
égouttée.
Cette mofcouade , après une forte preflîon,
rend 60 livres.
Ces éo livres de mofcouade bien defféchée
produifent yo livres de belle caftbnade.
Cette caftbnade , raffinée jufqu’ â la blancheur
du plus beau fucre d’Orléans , St convertie en
pains de fucre, fournit de 25 à 30 livres.
Depuis la publication du procédé de M. Fouc-
ques, M. Prouft a donné un Mémoire fur le mutage
de fuc de raifin. ( Voye^ Journal de Phyf que 3
tone LXXÏ, p a g e 4 fj.)
Les avantages que préfente la nouvelle méthode
de M. Prouft font :
i°. De muter le moût à un degré invariable ,
double, triple, quadruple, &c. ;
• 2°. De muter 10© ou 120 pièces de moût à
l’heure ;
3°. De n’avoir ni à tirer au clair, ni à craindre
la réaétiop. des lies, ni à déplacer k s pièces ;
4°. De réduire ce travail à ce que le propriétaire
puifte le pratiquer lui-même, & fans qu’on
parvienne à découvrir le degré de mutage qu’il
croira devoir adopter dans fa fabrique ;
y°. De mettre ie laboureur à même d'envoyer
de fon hameau des firops égaux en beauté & en
valeur par conféquent à ceux de tout le refte
de l’Empire 5
6n. De procurer aux fabricans de fucre de raifin
le moyen de demander à leurs correfpondans des
firops foufrés à tel ou tel degré, comme dans le
commerce des eaux-de-vie on demande du
trois, fix, de la preuve de Hollande, Stc. ;
70. De fournir à tous les cultivateurs de
France, un procédé ou une fecette uniforme ,
qui leur donne la facilité de fe concilier avec
les fabriques, en ne leur envoyant déformais
que de3 firops d’une qualité confiante, & des
firops indiftinélement tirés des raifins blancs ou
de ceux qui font colorés.
S u c r e d e s a t u r n e . C ’eft l ’ a c é t a t e de p l o m b .
SÜEUR. C'eft le liquide qui ruiflele à la fur-
face de notre corps lorlque nous fommes placés
dans un endroit chaud, ou que nous avons fait
un exercice violent.
Dans l’état de fam é la fueur eft acide, car elle
rougit très-fenfiblement le papier de tournefol;
dans plufieurs maladies, particuliérement les fièvres
putrides, elle eft alcaline. Son odeur varie,
beaucoup, fuiyant fis individus ; elle eft communément
dëfa'gréabîe, ; quelquefois elle a l’o.leur
des aiimens dont on s'eit nourri ; c’eft furtout
îorfque les animaux font en chaleur, que fadeur
de U fueur. eft la plus forte. Il paroît que cette
propriété eft due à un principe huileux, peu ou
pas mifcible à l’eau : elle a une faveur falée.
M. Thénard, qui a examiné la fueur de l’homme,
y a trouvé, i°. de l’acide acétique libre.; i°. du mu-
riatedefoude; 30.desatomesdephofphatedechaux
& d’oxide de fer; 40. une quantité inappréciable
d’une matière animale qui fe rapproche beaucoup
plus de la gélatine que de toute autre fubftance
i cependant je ne fer ois pas éloigné de penfer
qu’elle eft plutôt de.la nature du mucus ); j ° . beaucoup
d’eau.
La fueur eft mêlée quelquefois de bile & de
fan g.
La fueur des chevaux paroît contenir beaucoup
de phofphate de chaux, car la matière blanche
qui fe détache de la peau de ces animaux, lorf-
qu'on les étrille, en eft prefqu’entièrement formée,
d’après l’examen que j’en ai fait.
SUIE. Lorfqu’on brûle du bois ou des compo-
fés organiques dans une cheminée, la combuf-
tion n’eft jamais complète : tandis qu’une partie
de la matière fe réduit en eau ou en acide carbonique
en fe combinant à l’oxigène de l’air, & produit
ce que nous attendons d’un combuftible,
c’eft-à-’diré, de la chaleur & de h lumière, l’autre
partie, dont la température ne fe trouve pas af-
fez élevée pour brûler, ou qui n’a pas un contaét
allez multiplié avec l’air, fe trouve vraiment |
placée dans les mêmes circonftances que fi elle
éprouvoit l'aétion de la chaleur dans une cornue;
elle doit donc fe réduire en acide acétique, en
huile empyreumatique, Stc. O r , ces produits, qui
forment la fumée , font appelés fuie quand ils fe
font condenfés fur les corps froids.On voit d’après
cela, que la fuie doit avoir beaucoup d’analogie
avec les produits folides & liquides d'une diftilla-
tion; mais cependant elle en diffère par une plus
grande quantité de matière charboneufe ; c’eft
ce qui la rend plus folide St moins fétide que ces
produits, St ce qui la rapproche des matières
bitumineufes.
La fuie eft employés pour fabriquer l’acier; on
la mêle avec le charbon qui doit fervir de cément.
Elle eft employée en teinture pour donner à la
laine une couleur fauve ou brune ; mais elle a
les inconvéniens de ne former qu’une combinai-
fon foible, de durcir la laine & de lui donner
une odeur défagréable.
La fuie qui fe produit lorfqu’on brûle les excré-
mens de plufieurs animaux herbivores qui s’é-
toient nourris de végétaux falés , contient une
très-grande quantité de muriate d’ammoniaque,
ainfi qu’on le démontre en chauffmt cette fuie
dans des matras. C ’eft par ce procédé qu’on prépare
tout le fel ammoniac qui nous vient de
l'Égypte.
Les Anciens donnoient le nom de fuie métalli- |
que à des vapeurs qui fe condenfent lorfqu’on
calcine plufieurs efpèces de métaux; mais cette
expreflïon n’eft ;lus ufitée.
SUIF. C ’eft la graifle de mouton 8t de plufieurs
animaux à laine. Il eft employé à la fabrication
dés chandelles. ( Voyez, pour- fes propriétés, les
articles Acide SÉBACÉ h GRAISSE.)
SUINT : matière grafte qui fe trouve à la fur-
face de la laine de plufieurs animaux.
Plufieurs favans ont penfé que le fuinc étoit une
matière, grafte ; quelques autres , voyant qu’ il fe
diflblvoit dans l’eau, n’ont pu adopter la même
opinion. L’analyfe chimique feule pouvoit décider
cette qufcftion, St c’eft ce que je me fuis propofé
par le travail dont je préfente ici le réfultat.
i Q. L’eau décolore beaucoup les laines , & ce
liquide acquiert dç la couleur, de l’odeur St de la
faveur.
i ° . Le lavage des laines eft laiteux comme une
émulfion de gomme-réfine, & il ne pafte que
difficilement à travers le papier (1).
30. Il laifte dépofer avec le tems un mélange de
fable, de carbonate de chaux, & de plufieurs
autres corps étrangers; il moufle par l’agitation
& la chaleur comme une diflolutïon de favon.
40. L’eau avec laquelle on a lavé les laines,
filtrée & évaporée, fournit un extrait brun, épais
comme un lirop , d’une faveur âcre, falée &
amère; il conferve encore,, dans cet état, l’odeur
qui lui eft propre.
y°. L’aicool, appliqué à cet extrait, en diffout
line partie qui lui communique une couleur rouge-
brune. Si l’on fépare , par l’évaporation, l’alcool
de cette fubftance , elle fe préfente fous la forma
d’un miel tranfparent, épais & vifqueux.
Voici quelques-unes des propriétés qu’ elle m’ a
préfentées :
i° . Elle fe diflout aifément dans l’eau, & fa
diftolution eftaufîitôt coagulée par les acides, qui
en féparent une fubftance grafle, infoluble dans
l’eau. Cette matière, ainfi féparée par les acides ,
ne fe raffemble que très-lentement ; fa couleur
eft jaunâtre. Les acides, comme on le verra plus
bas, en retiennent une grande quantité en diftolution,
ce qui leur donne une couleur rouge-
brune. Par l’évaporation, la plus grande partie-
de cette fubftance, diftoute par les acides, fe
dépofe fous la forme d’un bitume noir, St l'on
obtient des leis à bafe de potaffe & de chaux.
On ne peut avoir ces Tels à l’état de pureté Sc
de blancheur, qu’après plufieurs calcinations &
diflblutions, tant la matière grafte y eft adhé^
rente.
En même tems que les acides précipitent cette
matière grafte, ils en chaflent une certaine quanti)
J’appelle lavage l’eau avec laquelle ou a lavé la laine,
B b 2