
lorfqu’on a l’habitude, on peut laifler dans un
coin du four un peu de foufre brûlant qui fert
, à rallumer le mélange. Ces réfidus ne contiennent
plus que des traces de foufre.
Lorfqije mes deux chambres ne communi-
quoienr que par une cheminée placée dans le bas,
la deuxième chambre ne donnoit prefqu’aucun
acide : du moment qu’on a établi deux moyennes
cheminées dans le haut , elle en a donné
autant que la première. Depuis ce tems on brûle
jufqua deïrx cent foi santé-dix livres de foufre
en vingt - quatre heures, & auparavant nous
n’allions qu’à cent foixante.
§. III. Defcription des fours3 & outils qui font nécef
faites pour la décompofition du muriate de foude
par tacide fulfurique.
Fours à chaudières de plomb.
On.décompofe le fel marin dans des chaudières
de plomb, en verfant de l ’acide fulfurique
deffus : on peut employer l’acide concentré ou
affoibli. On a de l’avantage à couler le plomb de
trois à quatre lignes d’épaiffeur, vu que les chaudière
s durent plus long-tems ; car dé telle manière
que,l’on s’y prenne, elles finirent toujours par être
ulees mince comme une feuille de papier, &
enfin elles fe percent. La grandeur de ces chaudières
eft à peu près indifférente. Dans des petites
chaudières on va plus vite; dans les grandes
on met plus de matière. Lorfqu’on opère avec de
l ’acide concentré.,les grandes chaudières préfentent
un ; avantage relatiyement à leur capacité & à la
grande effervefcence qui a toujours lieu dans le
commencement ; car il eft bon d’obferver que
l’effervefcence diminue confidérablement, & eft
prefque nulle lorfqu’on a ajouté la moitié du fel
qu’on deftinoît à être décompofé par une quantité
donnée d’acide fulfurique.
Pour confh;uire les fours avec affez d'avantage,
ôn établit un maflif de feize pieds de longueur fur
huit pieds fix pouces de large. A l’une des extré- <
mités, & en dedans du mur qui forme la cage
extérieure du four, ces murs ont un pied & demi
d’épaiffeur; on peut même de ce côté leur donner
vingt pouces. On laiffe d’un côté une ouverture
de quatorze pouces de large fur fix pieds trois
pouces de profondeur : c’eft ce qui fert de tifard
ou foyer.
On continue d’élever fon maflif jufqu’ à la hauteur
de deux pieds. A cette hauteur on élèye,
du côté du tifard, un petit mur de huit pouces
de large pour féparer Je foyer de la chaudière : fi
on donne huit pouces de bord à fa chaudière,
on élevera le mur d’un ou deux pouces au-deffus
du bord de la chaudière, & alors le mur aura
neuf à dix pouces de hauL Du côté de la chaudière
on élève un mur fëmblable, & entre deux
on laiffe une ouverture de huit pouces; çette ouverture
a fes deux extrémités ouvertes , afin que
l’air puifle y circuler. A la hauteur de fix pouces
on doit recouvrir ces deux murs & les joindre
er.femble par deux 3flifes de briques, ce qui
élevera le mur en totalité à dix pouces, comme
on l’a dit plus haut. Ce petit mur creux dans fon
milieu, qu’on nomme relais, a l’avantage d’empêcher
le côté de la chaudière de s’altérer trop
promptement par le refroidiffement qu’occafionne
le courant d’air, lequel refroidiffement on peut
encore accélérer en jetant de tems ën tems de
l’eau dans cette rigole.
Lorfqu’on eft arrivé à cette hauteur, on établit
fa grille au-deffus du tifard;' on donne à cette
grille quatorze pouces de largeur & quatre pieds
ie longueur. Les barreaux feront à quatre lignes
d’écartement l’un de l’autre. Pôur fupporter les
barreaux & les empêcher de plier, on place à
chaque extrémité & au milieu, une forte barre
de fer fur laquelle pofent les barreaux.
La porte eft compofée d’un châffis de fer de
treize pouces carrés, ayant, d’un cô té, deux
gonds, & de l’autre un mentonnet, & d’une
tôle portant deux pentures qui s’accrochent dans
les gonds & une clanche qui tombe dans le mentonnet;
ce châflis eft fcellé dans le mur & rentre
de dix-huit pouces , ou de l’épaiffeur des murs.
Lorfque la place de la grille eft bien difpofée,
on élève fur le petit mur creux un autre petit
mur de' huit pouces de haut fur toute la largeur
du four. On donnera à ce mur huit polices de
large ; il fert à empêcher le charbon de tomber
dans le four.
En dédûifant fur les feize pieds de longueur,
i°. l’épaiffeur du mur d’un pied huit pouces;
i°. un pied deux pouces pour la grille; 30. deux
pieds pour le petit mur, il reftera un efpace de
onze pieds deux pouces, dont il faut retrancher
un pied fix pouces pour le mur de l’autre côté :
on aura donc neuf pieds huit pouces pour la longueur
de fa chaudière, & en retranchant fur la
largeur de huit pie^s fix pouces, trois pieds
pour l’épaiffeur des murs de cô té , on aura cinq
pieds fix pouces pour la largeur de fa chaudière.
Du côté de la chaudière, lorfqu’on a élevé le maflif
du four à deux pieds, on commence le pied de
fa voûte ; on élève ce pied droit jufqu’ à la hauteur
de vingt ji vingt-deux pouces, puis on commence
à cintrer : on fait cintrer la voûte au-deffus
de la grille. De la grille jufqu’au haut de la voûte,
on laiffe dix-huit pouces d’efpace.
A l’extrémité oppofée à la grille, on ne cintre
pas la voûte ; on la ferme carrément & on la fait
repofer fur un fort littelage en fer pris dans les
murs, ayant foin de laifler en deffous du littelage
quatorze pouces d’efpace fur toute la largeur du
four. C ’eft par cet efpace^ joint à la hauteur
de la chaudièfe, qu’on tire les chaudières lorf-
qu’elles font endommagées & qu’on en paffe de
nouvelles.
■ nouvelles. Comme on ne donne que quatre pieds
à la grille , on a foin de rétrécir la voûte de ce
côté afin de rendre la flamme moins large & de
l’empêcher de frapper fur les bords de la chaul’extrémité
oppofée à la grille on établit la
cheminée', qu’on tâché de prolonger te plus qu’on
peut, & dans laquelle on mettra des pierres calcaires
& de l’eau, ou de la vapeur d’eau, fuivant
qu’on pourra fe procurer l’une ou l’autre avec
plus de facilité ; fans humidité, l’aétion de l’acide
eft prefque nulle.
On laiffe de chaque côté du four une ouverture
par laquelle on introduit le fel ou l’acide,
& qui fert à retirer la matière lorfqu’elle eft
arrivée à fon terme : ces ouvertures ont dix-huit
pouces de large & treize pouces^ de haut. On
laiffe une pareille ouverture du côté de la cheminée
; mais il fuffù de lui donner un pied en
carré.
C ’eft par cette ouverture qu’on a foin de râ-
bler fa matière, afin de renouveler les furfaces le
plus poflible : on ferme ces ouvertures avec des
portes en tôle, qui ont un trou d’un pouce dans
le milieu; ce trou fert à enlever la porte & eu
même tems à voir ce qui fe paffe dans le four.
Dans une pareille chaudière on peut décom-
pofer de mille à douze cents livres de fel avec
ae l’acide à 45 degrés en douze à treize heures
de tems, & jufqu’à dix-huit cents livres de fel
avec de l’acide concentré en onze heures de
tems.
Pour donner plus de folidité au four, il eft
,bon de les cercler en fer : à cet effet, on met de
quatre en quatre pieds une forte barre montante,
fous lefquelles paffent des barres de fer plat.
Lorfque les fours font conftruits, & avant d’y
introduire les chaudières, on les fait chauffer
prefqu’au rouge-blanc , afin de bien recuire le
mortier & d’empêchi r l’aêlion de l’ acide. 11 faut
aufli,employer de bonnes briques à cette conf-
truètion de four partout où paffe l ’acide; car les
briques mal cuites & poreufes ont le defavan-
tage d'être facilement, attaquées.
Manipulation & outils.
Lorfqu’on emploie des acides affoiblis & même
des acides à 50 ou ƒ y deg. , il n’y a nulle etf=r-
veftence à craindre: on peut donc mettre le fel
dans les chaudières & l’étendre également partout.
Il <:ft toujours bon, de crainte d’ accident,
d’en laifler une certaine quantité dehors , afin
d’éponger l’acide qui pourroit tomber à terre.
L’avantage de broyer le lel eft prefque nul, & les
frais que cela entraîne, dépafîent toujours le bénéfice.
Quant à la manière de vider l’acide, il
y p, des fabriques où on enlève la bouteille à l’aide
d’une main portée par une chaîne prife dans une
poulie; on fait enrouler la chaîne fur un rouleau à
Ch imie . Tome VI.
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l’ aide d’une manivelle ; on peut tout auffi bien fe
fervir de fiphon en plomb, & voici comme on
doit s’ y prendre. On a une table folide fur laquelle
on puiffe pofer trois bouteilles ; dans le milieu de
cette table, qui doit correfpondre à l’ouvreau du
four, on fait une échancrure de trois pouces de
profondeur fur quatre de large. Cetre échancrure
reçoit un conduit en plomb , quf rend d’ un pied
dans le four & qui doit avoir une légère pente de
ce côté : tout étant ainfi difpofé, on met de
chaque côté du conduit une bouteille pleine d’acide
&: une vis-à-vis ; l’ouvrier remplit le fiphon
plein d’eau, le bouche avec un bouchon & plonge
la plus courte branche dans la bouteille; puis il
débouche la grande branche & laiffe couler l’acide.
Si c’eft de l’acide concentré qu’on vide , on
remplira le fiphon avec de l ’acide fulfurique foi-
ble. Lorfqu’ on ne donne au fiphon que neuf lignes
d’ouverture, l’ouvrier un peu exercé peut boucher
les deux extrémités avec fes pouces, & ne fé
fert pas de bouchons. La bouteille eft toujours
entièrement vidée, ou s’il refte un peu d’acide
dedans, on la renverfe, foit fur le conduit, ou on
la fait égoutter dans une chaudière ou un fceau
de plomb. Si c ’eft de l’acide concentré qu’on emploie
, on commence l’ opération’ par le verfer
dans la chaudière ; on ne fait point de feu au
tifard, & on ajoute le fel peu à peu avec une
pelle ; on a fjin de râbler avec un râble en cuivre,
ou dont la patte & le bout qui trempe dans
la chaudière foient de ce métal : le reftant peut
être en fer. Les râbles en bois ne peuvent fervir
avec aucun acide ; ils font toujours brûlés dès U
première ou à la fécondé opération. Lorfqu’on a
ajoute tout le fe l, 011 ferme l ’ouvreau & on
chauffe, ayant foin de râbler de tems en tems ;
lorfque la matière commence à s’épaiflir, on diminue
le feu, & enfin, lorfqu’ elle durcit, on le
ceffe tout-à- fait, & on continue à retourner le
fel. A cetre époque on eft obligé d’employer quelquefois
une pince de fe r, dont le bout doit être
en cuivre, afin de ne pas faire de trous dans la
chaudière. Lorfqu’enfin le fel ne fume prefquèplus,
on l’enlève avec des pelles dë cuivre d’un pied
en carré, ayant un rebord d’un pouce &r demi; ces
pelles font tenues avec une douille en fer & un
manche en bois.
Outils des fours a chaudières.
Les outils dont on a befoin font donc un râhî®'
dont la patte foit de cuivre, qui doit ê.re affez
long pour aller d’un bout du four à l’autre ; une
grande & une petite pince dont le bout foit en
cuivre; deux pelles à défourner en cuivre; deux
pelles en bois pour mettre le fe l, une table
dont le deflus foit mobile, un conduit & deux
fceaux en plomb ou doublés avec ce métal ; une
grande pince en fer pour foulever le charbon fur
1 la grille; un petit râble de fer avec un manche'dè
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