
3i4 U R E
peu de fer; mais il n’eft guère pofîible de l’en fé- I
parer fans furoxider Yurane.
Le nitrate à’urane au minimum paffe au maximum
en dégageant du gaz nitreux lorfqu’on le
fait chauffer.
On peut obtenir l’oxide d'urane au maximum ,
ou en décompofant le nitrate pur par l’aétiôn de
la chaleur j ou par un alcali : cet oxide eft jaune,
. infipide, infoluble dans l’eau & les alcalis cauf-
tiques. Lorfqu’il eft humide, il eft diffous par les
çarbonates alcalins : en cela il diffère de l’oxide au
minimum. '
Les diffolutions d’urane au maximum donnent
avec le pruffiatede potaffe & l’infufionde noix de
galle des précipités d’un rouge-brün ou couleur j
de chocolat.
L’acide fulfurique difïout l’oxide d'urane jaune
avec facilité. La folution évaporée donne des crif-
taux prifmatiques jaunes, qui fe réunifient de manière
à former des groupes plus ou moins nombreux.
Le nitrate d'urane criftallife très-bien en belles
lames hexagonales jaunes qui font efftorefcentes; '
Enfin, le muriate donne des criftaux jaunes dont
la forme paroît être, tétraèdre.
L ’acide phofphorique forme un fel infoluble qui
eft diffous par un excès d’acide.
L’ acide acétique diffout i’oxide d'urane $ en faisant
évaporer la folution, on obtient des prifmesà
quatre pans, terminés par des pyramides à quatre
faces : les criftaux font d’un jaune de topaze; quand
on les chauffe, ils laiffent un oxide qui conferve la
forme des criftaux.
Suivant Bucholz, l’oxide d’urane au maximum
contient, pour ioo de métal, 26 ou 31 d’oxigène ;
il eft remarquable que ces quantités font à peu
près cinq ou fîx fois celle de l’oxigène contenu
dansToxideau minimum. Bucholz penfe qu’outre
le s deux oxides dont nous venons de parler, il en
exifte quatre autres intermédiaires.
Uurane n’a été employé à aucun ufage.
URATES : combinaifon de l’acide nitrique avec
les bafes. ( Voye.1 A cide urique. )
URÉE. M. Fourcroy a donné ce nom à la fubf-
tance que Rouelle avoir appelée matière favon-
neufe de l'urine, & MM. Cruishanck te Rollo, matière
extraSlive animale ( de l'urine'). Uurée n’a été
connue à l’état de pureté que depuis les dernières
expériences auxquelles nous l’avons foumife ( i) .
Voici le procédé que nous fuivons pour l’ifoler
complètement de tout corps étranger:
A de l’urine humaine, évaporée en confiftance
de fîrop clair, nous ajoutons fon volume d’acide
nitrique à vingt-quatre degrés de l’aréomètre ;
nous agitons, pour opérer uniformément dans tout
('i-)j Nouvelles Expériences fùr Furie* lues à la première
«faUfi/de r in f t i t u t , le ^ ma rs 18 0 8 ,. p a r M M . F o u r c r o j j 8c
YauqueUiu
U R E
le mélange, la formation des criftaux qui s’y précipitent;
nous plaçons le vafe dans un feau plein
de glace pilée, & nous l’ y laiffons plufieurs heures
pour avoir des criftaux durs, tranfparens, te plus
prononcés que ceux qui fe forment dans le fîmple
mélange non refroidi : on décante la liqueur qui
les fumage; on lave les criftaux avec un peu a eau
à zéro ; on les jette fur un filtre de papier gris ; on
les laiffe égoutter quelque temps, & on les prelie
dans des papiers brouillards jufqu’à ce que ceux-ci
ceffent de fe mouiller : nous faifons alors diffoudre
ces criftaux lavés te defféchés; il fe produit un
refroidiffement de quelques degrés; nous y ajoutons
un peu de carbonate de potaffe en liqueur
pour faturer l’acide nitrique; nous faifons évaporer
à ficcité te par une très-douce chaleur,
la diffolution d’ urée 8c de nitrate de potaffe; nous
traitons la matière par l’alcool a quarante degres,
que nous renouvelons jufqu?à ce qu’il ne fe diflolve
plus rien : 11 répare ainfi Y urée du fel, ôc en évaporant
le diffolvant à un feu doux, nous obtenons
Y urée en criftaux blancs très-purs. £
L'urée, ainfi préparée, eft en lames carrées ou
en feuillets quadrilatères alonges, dont 1 epaif-
féur varie d’un à deux ou trois millimètres; elle a
quelquefois la forme d’ un prifme carre; elle eft
tranfparente & dure, d’une faveur fraîche, un peu
piquante, rappelant, avec celle de Yurce3 celle des
noix fraîches. ' ,
Mis fur les charbons ardens, les criftaux duree
pure fe fondent en le bourfoufflant, exhalent une
forté'odeur d’ammoniaque, te fe difïipent fans
laiffer aucun réfidu : chauffa dans un creufet de
platine, ils fe liquifient, fe réduifent en vapepr ,
& ne donnent qu’un charbon léger, prefque fans
trace dé cendre s près ion incandefcence. ^
La diltillation de l‘urée offre des phenomenes remarquables:
ex pofée dans une cornue dè verre a un
feu bien ménagé, elle fe fond, bout, te donne
beaucoup de vapeurs qui fe condenfent en carbonate
d’ammoniaque crifiailifé vers la partie la plus
éloignée de l'appareil ; enfuite elle fe deffèche en
une maffe opaque=qui s’élève toute enfiere par 1 augmentation
de la chaleur, & s’attache à la voûte de
la cornue en une croûte blanche avec quelques
points jaunes.- •- _ . ., ,
Ce fécond fublime ert croûte, fourni par luxes
diftillée, eft fans faveur, infoluble dans feau froide,
très-peu foluble dans l’eau chaude, affez cependant
pour lui donner la propriété de rougir le tour-
nefol & de dépofer de petits grains opaques SE
criftailins par le refroidiffement;.enfin, il eft facilement
diffoluble dans la potaffe & la foude cauf-
tique, & s’en précipite par lesacides, dont la fur-
abondance le rediffout. A ces cara&ères on re-
connoît qu’il reffemble fingulièrement a de 1 acide
urique.
Si l’on rapproche dé P fait celui de la dëcom-
pofition du véritable acide urique cajculeux par la
diftillation, qui, en donnant du, carbonate dam*
U R E
moniaque, donne aufii un fublimé fort analogue à
Y urée par fa forme , fa couleur jaunâtre, fa faveur
fraîche, fa folubilitédans l’eau, & la précipitation
de celle-ci par l’acide nitrique, on en conclura
que Y urée te l’acide urique font fufçeptihles de fe
convertir l’une dans l’autre, & réciproquement,
par l’aélion décompofante du calorique, en même
temps qu’ils donnent l’une & l’autre une quantité
notable de carbonate d’ammoniaque.
On ne doutera pas davantage, d’après ces faits
& les confidérations qui en découlent, que la matière
la plus fréquente des concrétions calculeufes
des voies urinaires de l’homme, l’acide urique,
provient originairement de Y urée Si de l’altération
qu’elle éprouve parla décompofition facile qui en
fait le principal caractère, & que ces deux corps,
fi voifins l’un de l’autre par leur nature, doivent
la propriété de fe changer l’un en l’autre à leur ;
compofition primitive, fi rapprochée.
Dans tous les cas de décompofition de Y urée,
due à l’aétion de la chaleur, même dans la veffie,
où l’urine, fon diffolvant naturel, féjourne plus ou
moins long-temps, te à plus forte raifon à l ’a&ion
d’ une température violente, ce compofé furazo-
tifé de l ’économie animale, outre l’ammoniaque, ;
l ’acide carbonique & l’acide urique qu’il produit,
donne conftamment naiflance à une huile brune, !
d’autant plus abondante que la décompofition eft '
plus avancée : cette huile âcre, qui fe forme dans
la véffie par le féjour qu’y fait l’urine, colore ce
liquide, & va quelquefois jufqu’à être fenfîble
comme corps huileux bien diftinét & facile à obtenir
a part dans l’analyfe de ce liquide. Il a été
aperçu te affez bien décrit par Bellini & Boer-
haave : il y a des maladies où cette huile eft fort
abondante.
On voit, d’après ces phénomènes, qu’il fe forme
une portion d’huile plus ou moins abondante par
la décompofition de Y urée 3 pendant l’évaporation
de l’urine ; c’eft ce qui fait qu’ en chàuffant trop
fort & trop brufquement ce liquide, fa couleur fe
fonce & va bientôt jufqu’au brun-foncé te prefque
jufqu’au noir.
La même formation d’huile brune a lieu dans
l’urine gardée à l’air, te c’eft ce qui produit vers
le haut de la liqueur cette coloration en brun qu’on
y obferve lorfqu’on étudie foigneufement fa décompofition
fpontanée.
Il ell maintenant prefque fuperflu d’infifter fur
les conclufions que ces faits permettent de tirer
par rapport à la phyfioiogie te à la médecine ; de
faire remarquer combien d’applications utiles cette
connoiffance exaéfce de Y urée, de fa nature intime,
de fa fingulière altérabilité fpontanée, 6c de fa
converfion en acide urique, en ammoniaque, en
huile brune, pourra fournir à l’hiftoire des maladies
, & quelle précifion, fi defirable dans tout ce
qui touche à la phyfique des animaux, pourra ré-
fuiter de ces applications.
U urée eft moins foluble dans l’alcool que dans
U R I fi®
l’eau ; elle n’eft pas précipitée de fa diffolution
par la noix de galle.
L’acide fulfurique foible & chaud convertit
Y urée en matière huileufe, en ammoniaque, en
acide acétique & en carbone.
L’acide nitrique étendu, mêlé à une folution
d'urée pure fuffifamment concentrée , y fait naître
fur-le-champ une multitude de petits criftaux la-
melleux, brillans, qui font une combinaifon d'urée
non altérée & d’acide nitrique. Quand les criftaux
fe forment lentement, ils ont la forme rhom-
boïdale. M. Cruishanck a obfervé le premier cette
fingulière combinaifon dé Y urée ; elle diftingue
vraiment cette fubftance de toutes les matières
azotifées. Quand on projette les criftaux fur un
fer chaud, ils fe v’olatilifènt; à une température
rouge, ils produifent une forte de détonation qui
eft accompagnée d’une flamme rouge.
L’acide nitrique le plus concentré , jeté fur
Y urée 3 donne lieu à une effervefcence confidéra-
ble; il fe dégage du gaz nitreux, du gaz azote te
du gaz acide carbonique , & il refte une portion
de nitrate d’ammoniaque concret avec quelques
gouttes d’un liquide rouge.
Quand on la chauffe doucement avec de l’acide
nitrique très-étendu, il y a dégagement de gaz
azote, de gaz acide carbonique te d’acide pruffi-
que, & formation d’ammoniaque ; il ne fe produit
pas d’acide oxalique, ni de quantité notable de
matière amère;
L’acide muriatique n’a pas d’aétion fenfible fur
l'urée.
Le gazmuriatique oxigéné, qu’on fait paffer dans-
la folution d’urée f en dégage du gaz acide carbonique
te du gaz azote ; il fe forme en même
temps un peu d’âmmoniaque ; mais une grande
partie de Yurée n’éprouve pas de décompofition.
Il femble que l ’acide muriatique, qui eft mis à nu
au commencement de l’opération , préferve cette
partie de l'urée de la décompofition.
Uurée chauffée dans une folution de potaffe
pure fe décompofe en ammoniaque, en acide carbonique
te acéteux ; on ne trouve dans la liqueur
que des atomes de matière graffe.
L ’urée a la prupriét-.v de changer la forme ciftal-
line de plufieurs fels; c’eft ainfi, par exemple, que
quand on future fa folution avec le muriate de
foude, celui-ci fe criftallife en oétaèdre ; le muriate
d’ammoniaqùe , au contraire, qui criftallife
ordinairement fous cette forme , prend celle du
cube dans la même circonftance.
URINAIRE : adjeétif qui a été employé par
plufieurs chimiftes modernes pour fpécifier les matières
qui tir'ent leur origine de i’urine. Exemple ,
calculs urinaires.
Urinaire n’eft pas abfolument fynonyme d’ar/-
neux : ce dernier mot ne s’applique qu’aux fubf-
tances qui exiftent dans l’urine, ou à celles qui
ont quelques propriétés phyfîques de ce liquide.
Rs z