
grammes d’acétite de potaffe un peu plus foncé en
couleur que celui des premières 'fèves.
On voit encore ici un décroiffement dans la
quantité d’acétice de potaffe, beaucoup plus grand
que dans la deuxième févei car, relativement à
cette dernière, elle auroit dû en fournir 35,879
grammes, tandis qu'elle n'en a donné que 32,482}
ce qui fait 3,397 de différence.
La croûte terreufe demeurée fur les parois de
la capfule fut diffoute dans l’acide muriatique,
tic pàr ce moyen la plus grande quantité de la matière
végétale colorée fe fépara fous la forme de
flocons. La diffolution filtrée avoir une couleur
fauve5 mêlée avec de l’ammoniaque, elle donna
un précipité brun, & la liqueur perdit entièrement
fa couleur} ce précipité brun, lavé & féché,
pefoit 0,5 grammes.
La diffoiution muriatique ci-deffus, mêlée avec *
le carbonate de potaffe, donna 2 grammes de carbonate
de chaux.-
Le précipité brun, pefant 0,5 grammes, s’ inci-
nésoit difficilement tic répandoit pendant fa com-
buftion une fumée piquante, qui m’a paru avoir
beaucoup de reffembîance avec l’acide pyroligneux.
Une partis de ce précipité , deffeche à
l ’air, faifoit encore effervefcence avec les acides,
qui en féparoient une matière brune fous la forme
de flocons, & la diffolution acide donnoit un dépôt
calcaire avec Ls alcalis.
Cette dernière expérience prouve que la matière
végétale a pour la chaux une artraétion allez
forte pour permettre à l’ammoniaque de la féparer
de l'acide muriatique auquel elle eft unie, ce
qu’elle ne pourroit faire fans cette addirion de
force que lui prête la matière végétale, qui fait
ici l'office d'une double attra&ion.
On remarque encore ici que le carbonate de
chaux eft dans une proportion moins grande qu’il
ne devroit l'être j car, au lieu de 2,707 grammes,
nous n’en avons eu que 2,124 environ (i).
La fève d’orme abandonnée à elle-même pendant
plufieurs mois dans une bouteille de verre
bouchée, mais contenant un peu d’air, a dépofé
beaucoup de flocons bruns muciîagineux, s’eft
complètementdécompofée, eft devenue alcaline,
(1) Je dois faire maintenant une obfervation intéreflante
fur la matière végétal.* contenue dans la fève d’orme; c’éft
que dès qu’elle eft expofée t l’aûion fimultanée de la chaleur
& de l’a i r , elle change de couleur, devient infoluble
dans l’eau & fe précipite- fous la forme de pel icule , de
flocons, Ôcc., qui ne peuvent plus fe difloudie dans une
plus grande quantité que celle dans laquelle ils étoient auparavant
; mais cette fubftance , qui paroiffoit être , par fon
infolubilité dans l’alcool &c dans les alcalis , de nature mu-
queufe, dev ient, après fa .p ré c ip ita t ion p lu s facilement
diflolublc dans ces réa&ifs. D'après ces propriétés, & furtout i
les vapeurs qu’elle exhale pendant fa combuftion, on feroit
tenté de croire qu’elle a paffé pendant un court efpâcc de
tems, par l’aâ iou de l’air & de la chaleur , de l’état gommeux
à celui d’un bois dont l’agrégation des parties n’ayant
pas eu le tems deJb faire, efl reliée fous.formepulvérulente.
&: rétabliffoit la couleur bleue de tournefol rougrer
par les acides.
2,4 j hectogrammes de cette fève ayant été fil*
très, furent fournis à l’évaporation j vers le milieu
de l’opération, il s’en fépara des flocons bruns en
affez grande quantité.
Ces flocons bruns,. recueillis & féchés, pefoienc
0,16 grammes} ils fe (iiffolvoient avec effervef-
cence dans l’acide nitrique 5 ce qui prouve que
cette matière eft un mélange de carbonate de chaux
tic de fubftance végétale colorée.
La liqueur claire, pouffée à ficcité, donna
0,106 grammes d’alcali à l’état de carbonate.
Ce fait intéreffant nous éclaire fur la caufe de la
maladie des ormes, dont j'ai parlé dans un Mémoire
que j’ai communiqué à l’Infiitut il y a environ un
an. Il nous explique comment fe forment & fe
criftallifent les carbonates de potaffe tic de chaux
que j’ai recueillis fur les vieux ulcères de ces arbres}
comment' là matîèrè végétale qui les accompagne,
eft devenue infoluble dans l’eau, mais fo-
luble dans les alcalis & l’alcool.
On conçoit, en effet, que la fève extravafée,
foit par une furabondan'ce de fa matfe., foit à la
fuite d’une bieffure extérieure, fubit le même
mouvement de fermentation que dans la bouteille >
l’acide acéteux fe décompofe, il forme de l’eau tic
de l’acide carbonique., qui s’unit à mefure avec m
potaffe tic la chaux , d’où réfultent les carbonates
de potaffe tic de chaux ; la matière végétale fe
combine avec une portion d’oxigène atmofphé*
rique, prend une couleur brune, tic devient infoluble
dans l’eau.
De l’analyfe des fèves d’ormes, ainfi que de
celles qui vont fuivre, reffortènt encore plufieurs
confédérations très-intéreffantes fur l’état où fe
trouvent la potaffe tic la chaux dans les matiètes
végétales. Jufqu’à préfent les chimiftes avoient
penfe que ces fubftances étoient immédiatement
combinées avec les principes des végétaux, tic
qu’on ne faifoit que les développer, les mettre à
ri 11 par la combuftion des matières végétales proprement
dites} mais il eft beaucoup plus vraifem-
blabîe que ces fubftances y font combinées avec
les acides acéteux tic carbonique, & que leur développement
eft dû à la deftruétion de l ’acide acé-
teux par l’aétion du feu.
Cette opinion paroît fi conforme à la vérité,
que lorfqu’on fait bouillir pendant long-terrs de
la fciure de bois d’orme dans l’eau, on obtient un
extrait qui contient des acétites de potaffe tic de
chaux , à la vérité dans une proportion moins
grande que dans h fève d’orme } ce qui femble annoncer
que, par l’aête de la végétation, il y a une
partie de ces Tels de décompolêe, tic qu’il le pourroit
qu’ une portion de la bafe de ces Tels fût combinée
avec les principes de la matière végétale.
I! refaite au moins évidemment de cette analyfe
que la fève d’orme eft principalement compofée
d’une grande quantité d’acérite de potaffe, d’une
petite quantité d’acétite de chaux, d’une certaine
quantité de matière végétale, & d’une affez grande
proportion de carbonate de chaux. J’y ai trouvé
aufli de légères traces de fulfate tic de muriate de
potaffe } mais comme ces deux derniers ne pa-
roiffent jouer .dans les végétaux aucun rôle important,
& qu’ils y font en très-petite quantité
& en quelque forte comme accidentels, je n’en
ai pas fait mention dans le cours de cette analyfe.
D e u x i è m e s e c t i o n .
Sève de hêtre , n°. I ( fagus filveftris Linn. ) , premiers
jours de floréal an y .
La fève de hêtre a une couleur rouge-fauve,
une faveur analogue à l’infufion de tan.
Soumife aux effais par les réaétifs, elle a pré-
fenté les phénomènes fuivans :
i° . Elle rougit légèrement la teinture de tour-
nefo!}
20. L’ammoniaque y forme un léger précipité
blanc-jaunâtre ;
30. La barite, idem y
40. Le carbonate de potaffe du commerce,
idem ;
50. L’acide oxalique, un précipité blanc plus
abondant,
6°. L’acide muriatique oxigéné, couleur jaune
& bientôt un précipité floconeux de la même
couleur}
70. L’acide fulfurique concentré, couleur noire
tic odeur d’acide acéteux;
8°. Le nitrate d’argent, rien fur-le-champ, quelque
tems après, une couleur rouge, tic précipité
noirâtre par l’expofition au foleil
90. Hydrofulfure d’ammoniaque, ô;
ic°. Sulfate de fer, couleur noire foncée fur-
le-champ }
11°. La diffolution de colle-forte, un précipité
blanc très-abondant.
Première expérience.
4,58 hectogrammes de cette fève furent fournis
à l’évaporation dans une capfule de porcelaine,
placée fur un bain de fable doux. La liqueur fe colora
par les progrès de l’évaporation, tic donna
10,508 grammes d’extrait d’une couleur rouge-
brune, très-duétile à chaud tic très-caffante à froid.
D’après cette quantité d’extrait fourni par les
4*58 hectogrammes de fève de hêtre, il eft évident
qu'il en fait environ les 0,0229, & que pour qu’elle
dépofe dans l’arbre 1 1,17 myriagrammes de matière
nourricière, il eft néceffaire qu’ il paffe 487,8
myriagrammes de fève dans les filières végétales ;
&: qu’en fuppofant que les végétaux ne perdent
lien de folide par la tranfpiration, ce qui n’tft
guère probable, il faudroit 212,83 myriagrammes ,
d’eau pour porter 4,877 myriagrammes de matière
dans le végétal.
Deuxième expérience.
Examen de l’extrait de hêtre.
L’odeur de cet extrait a quelqu’analogie avec
celle du pain chaud} fa faveur participe auffi de
celle du pain, mais elle a quelque chofe de piquant
qui ne fe trouve pas dans le pain.
Il attire puiffamment l ’humidité de l’air> il fe
ramollit d’abord , & fe liquéfie enfuite entièrement.,
Expofé à l’air pendant vingt-quatre heures, il a
augmenté de 0,15 de fa maffe.
Troiflème expérience.
Mêlé avec de la chaux vive, il exhale une légère
odeur d’ammoniaque} mais elle devenoittrès-fer-
fible par l'approche de l'acide muriatique oxigéné
très-foible, d’où il paroît que cet extrait contient
un fel ammoniacal.
Quatrième expérience•
Avec l’acide fulfurique même étendu d’eau, cet
extrait répand fur-le-champ une odeur vive d’acide
acéteux, mêlé d’une légère odeur empyreuma-
rique.
Cinquième expérience»
L’alcool ne diffout qu’une partie de cette fubftance}
ce qui annonce que cet extrait eft très-
muqueux.
L’on voit par ces premiers effais, que la fève de
hêtre contient, i°. un acide libre; 20. un fel calcaire
( l’acétite de chaux); 30. un fel alcalin ( l ’a-
cétite de potaffe ) ; 40. de l’acide gallique} 50. du
tannin } 6°. une fubftance extra&ive tic muqueufe.
La préfence de chacune de ces fubftances fera
démontrée d’une manière encore plus évidente
dans la fève fuivante.
Sève du hêtre, n°. 2, commencement de prairial an 5.
Cette nouvelle fève avoit une couleur rouge
affez foncée, une faveur de jus de tan qui a
commencé à fermenter, une pefanteur fpécifique
de 0,016.
Elle noirciffoit en très-peu de tems la diffolution
de fulfate de fer, &'précipitoit abondamment la
diffolution de colle-forte j ce qui indique la préfence
de l’acide gallique & du tannin. En général,
cette fève a préfenté avec les réaélifs les mêmes
effets que la précédente ; ainfi il eft inutile de les
répéter.
L’odeur tic la faveur de tan fe détruifent un peu
par l’évaporation de la fèvej cependant Ja pro