on fe fert de nitre ou d'oxide de manganèfe pouf
la f;iire difparoître , parce que ces matières fe décomposent
par l’aêlion de la chaleur & celle des
matières charbonneufes j elles cèdent une partie de
leur oxigène à celle-ci, & forment de Taciaè carbonique
qui fe dégage $ mais quand on fe fert d'oxide
de manganèfe, il ne faut ajouter que la proportion
néceffaire pour détruire le charbon, car (i l'on en
mettoit plus, le verre feroit coloré en violet. Cet
effet eft dû à ce que l'oxide de manganèfe au
maximum colore le verre en violet 5 conféquem-
meot, s'il n’y a pas affez de charbon pour âbaiffer
tout celui que l’on y met au minimum d’oxidation,
le verre relie coloré. Si cet accident arrive, on y
remédie en ajoutant dans le creufet de l’oxide
d'arfenic j celui-ci ramène l'oxide de manganèfe
au minimum en s'acidifiant. Le Soufre peut remplacer
l’oxide d’arfenic.
Le nitrate de potalfe étant fort cher, n’eft
employé que pour les verres de première qualité ,
tels que les criftaux, les verres colorés, quelquefois
le verre en tables.
De la fufion des matières vitrifiables.
Lorfque le'four eft bien chaud, on y introduit
les matières vitrifiables par portions. Si on les
mettoit en totalité d’une feule fo is , elles abfor-
beroient trop de calorique au creufet, & celui-ci
fe gerceroit par le refroidiffement qu’il éprouve-
roit. On n’ajoute de nouvelles matières dans le
creufet que quand celle qu’on y a mifeeft fondue.
On divife les matières en trois, quatre, cinq portions
pour les introduire dans les pots, & on appelle
cela, faire trois, quatre, cinq fontes.
On eft averti qu’une fonte eft finie, lorfqu’iln’y
a plus d’effervefcence dans le pot, & qu’il celle
de s’en dégager des fumées : dès-lors la fonte eft
tranquille, l’effervefcence eft produite par le dé-~
gagement de l’acide carbonique qui étoit uni à la
foude, ou à la potaffe & à la chaux. Les fumées
font occafionnéespar un excès d ’alcali qui fe vo-
latilife, ainfi que par du muriate de foude. On re-
connoît encore que la fonte eft finie, lorfqu’en
tirant des larmes de verre, celles-ci ne contiennent
pas de bulles d’air. Lorfqu’on fe fert de pots
neufs, on n’introduit pas les matières vitrifiables
dans le pot que l’on vient de placer-dans le four,
parce que ce pot n’a pas encore le degré de folidité
qu’il doit avoir > on le laiffe donc vide dans le four
pendant le temps que dure un travail ; au fécond
travail, on enverre le pot, c’eft-à-dire, qu’on y
met des rognures de verre y celles-ci, en en couvrant
lafurfaceintérieure, la préferventdel’aélion
corrofive des matières neuves qu’on doit y mêler
au troifième travail.
On appelle temps de fonte celui qui eft néceffaire
pour fondre les matières, c’eft-à-dire, pour opé- ,
rer lacombinaifondes élémens du verre & affinage,
le temps néceffaire pour que les fluides aériformes ]
qui étoient contenus dans les matières vitrifiables
fe diflipent.
Travail du verre. .
Dès que le verre eft affiné, ce qu’on reconnoît
aux larmes qu’on en tire, & qui doivent être
abfolument dépourvues de bulles, on diminue
la chaleur. Lorfqn’on fouffie \everre, on maintient
le four à une température confiante en y mettant
de temps en temps un peu de bois 5 lorfqu’on le
coule pour en faire des glaces, & c ., on ceffe abfolument
de chauffer, parce que dès l’inftant où
le verre a acquis une don fi fiance fuffifante, oh retire
le creufet du four pour le couler fur du fable.
Pour que le verre foit d’une bonne qualité , il
faut qu’il ne foit pas coloré, qu’il foit homogène
dans toutes fes parties : fans cette dernière condition,
il fe briferoit facilement par les changemens
de température , parce que la dilatation ne feroit
pas la même dans toutes les parties.
Recuijfon du verre.
En paffant de l’état liquide à l'état folide, le
verre prend du retrait. Si ce retrait fe fait peu à
P-u, le rapprochement des molécules s’opère par
un mouvement gradué qui leur permet d’obéir à
la force de cohéfion & de prendre l’arrangement
le plus convenable à leur figure 5 d’où réfulte la
plus grande force d’agrégation dont le verre eft
fufceptible. Mais fi lè mouvement eft gêné, l’arrangement
des molécules n’eft plus uniforme dans
toutes les parties de la maffe ; dès-lors le verre eft
fragile : ce qui fe paffe dans la larme batavique rendra
ce ra'ifonnement fenfible. La larme batavique eft
une petite maffe de verre qu’on a coulée encore
fondue dans de l ’eau, &qui a pris la forme d’une larme.
Il eft évident que cette larme eft dans les cas
d’un verre dont le refroidiffement a été fubit, &
dans lequel les molécules n’ont pas eu le temps de
fe réunir fuivant la force de cohéfion. Lorfque la
larme batavique a le contaél de l’eau, les couches
extérieures fe refroidiffent brufquement & forment
une enveloppe qui eft folide , tandis que les couches
intérieures font encore rouges de feu, ainfi
que Nollet l’a obfervé. Comme le verre folide eft
plus denfe que le verre fondu, les couches extérieures,
s’étant refroidies brufquement, font fixes
dans l’état de dilatation où elles fe trouvoient
quand elles étoient liquides. Les couches intérieures
s’étant refroidies plus lentement, ont eu le
temps defe rapprocher un peu les unes des autres,
& par-là elles ont forcé les couches extérieures
à fe rapprocher un peu du centre. On peut donc regarder
ces couches comme dés arcs bandés par
une force qui fe réunit au. centre : il eft évident
que toutes les couches extérieures a giflent en même
temps, & qu’elles ont befoin d’être toutes réunies
pour faire équilibre à la force qui les a contrariées.
Dès-lors, fi par une caufe quelconque on vient à
féparer des molécules des couches intérieures de
la larme, l’équilibre fera détruit & toutes les molécules
devront fe féparer en même temps par le
débandement des arcs extérieurs. Cette réparation
fe fait fouvent avec affez de force pour brifer un
verre rempli d’eau dans lequel on l’opère. Cette
théorie explique pourquoi la larme batavique,
frappée par le gros bout, ne fe brife pas, parce
que les molécules étant toutes élaftiques, fontpref-
fées en même temps.
On avoir expliqué ce°phénomène en difant qu’il
y avoir des vides entre les molécules de la larme,
& que l’air extérieur, en s’introduifant dedans
avec force, féparoit les molécules$ mais la larme
batavique fe rompt dans le vide de Boyle , & au
milieu de l’eau : ce n’eft donc pas l’air extérieur
qui eft la caufe du phénomène.
Quelques phyficiens ayant remarqué des bulles
au centre de la larme batavique, ont dit que ces
bulles étoient de l’air qui faifoit l’office d’un reffort
quand on venoit à feparer des molécules de la
furface. Mais ce qui prouve que cette explication
eft fauffe, c’eft que la larme batavique, chauffée
doucement fur des charbons fe refroidie lentement,
ne fe brife plus, & cependant elle ne celfe
pas d’êtrè folide. Conféquemment li elle retenoit
de l'air, celui-ci ne pourroit s'en échapper, & le
phénomène devroit être le même après la re-
cuilfon. En même temps que I3 réaéfioti s'opère,
la larme batavique acquiert plus de denfité.
D’après ce que nous venons de dire, en conçoit
qu’une glace ou un verre épais quelconque qui fe
refroidit en plein air eft dans le même cas que la
larme batavique ; conféquemment le retrait n'eft
pas le même dans toutes fes parties. Mais comme
ces verres n'ont pas une forme arrondie, ils réfif-
tent beaucoup moins aux chocs extérieurs & au
changement de température que les larmes bata-
viques. Souvent ces verres fe brifent d’eux-mêmes
dans les magafins, ou fautent en éclats quand on
les raie avec un diamant ou qu’on les ufe pour les
polir.
Pour recuire le verre, on remplit le fourneau de
recu'.ffon des pièces que l’on veut chauffer, on
élève la température de ce fourneau au même
degré que celui du four, pendant le travail, &
enfuite on le laifle refroidir lentement, ou bien
on fait palfer les pièces dans toute la longueur
d’un fourneau dont les degrés de température vont
en diminuant d’un bout à l’autre, jufqu’à ce qu'elle
foit parvenue, par degrés infenfibles, à celle de
l ’atmofphère.
Le temps de la recuiffon varie fuivant 1 epaif-
feur du verre & fuivant fa nature. Un verre formé
de Alice & de potalfe, ou de foude, eft plus difficile
à recuire que celui qui contient de la chaux"
ou un oxide métallique.
Quand on recuit les glaces ou des tables de
verre, on les met fur du fable, afin que les molécules,
ayant moins de frottement, fe portent plus
facilement les unes vers les autres.
Des défauts de verre.
Les principaux défauts de verre font les fuivans :
Stries Se fils. Les ftries font des lignes ondées
qu on aperçoit dans le verre, parce qu'elles ont
une manière particulière de réfraéter la lumière.
Les ftries font toujours dues à un verre d’une den-
fite différente de celle des verres dans lequel elLs
fe trouvent (comme les ftries qu’on aperçoit lorf-
qu’on mêle deux liquides de denfite différente,
l’eau & l’acide fulfurique, ou l ’eau & l'alcool).
Ainfi, toute caufe qui peut produire une différence
de denfité dans les parties d’une même mafle
de verre, eft une caufe de ftries ; ainfi, quand les
matières vitrifiablesnefont pas fuffifamment mêlées,
le verre eft plus ou moins terreux dans quelques-
unes de fes parties. Quand le verre diffout de la
terre du creufet, le. verre qui eft en contaéfc avec
les parois de celui-ci, eft plus pefant que celui qui
eft au centre. En général, la denfité des verres décroît
du fonda la furface du pot, & de la circonférence
au centre. La première caufe eft due à U
denfité différente des parties vitrifiables; 1a féconda
à la diffolution de la terre du creufet.
On applique particulièrement le nom de fils aux
ondes produites par l’argile dure.
Les larmes. Ce font les plus grands défauts du
verre ; elles font produites par des gouttes provenant
de la vitrification de l’ argile des fours de
fufion.
Les noeuds. Ils proviennent du fable qui ne s’ell
pas vitrifié, du feide verre (muriate de foude), qui
le trouvent dans quelques pièces en flocons blancs.
Les cordes. Ce font des afp'érités que le défaut
de chaleur produit fur la furface du verre.
Le? boulions font des bulles d’air qui n'ont pu fa
dégager pendant l'affinage. Elles annoncent que les
matières n'ont pas eu affez chaud, foit que le feu
n'ait pas été affez aâ if & prolongé, foie qu’il n’y
ait pas eu affez de fondant.
D e u x i è m e c l -a s s e d e v e r r e .
Verres plombeux.
La compofitioo de ces verres varie beaucoup par
la proportion des matières qui fervent à les former,
mais ces matières font toujours les fuivantes : de la
pôtajfe ou de la foude3 une terre filiceufe bien pure
telle que du fable blanc & de l'oxide de plomb , foie
minium, foit carbonate de plomb. A cette compofi-
tion on ajoute du nitrate de potaffe, de l'oxide de
manganèfe pour btûlerles matières charbonneufes.
On ajoute de l’oxide arfenic quand on a mis trop
de manganèfe.
Tin général, on fe fert de la potaffe au lieu de
foude .pour la fabrication du enflai. Ce choix pi-
X x 1