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bois pour tirer le mâche-fer; un croiflfant en fer
pour donner du jour à la grille ; quelques brouettes
doublées en plomb pour le tranfport des fels &
acides.
Fours à calciner.
LoiTqu’on a poufle la décompoficion du fel
marin aufli loin que poflible dans les chaudières
de plomb, on porte le fel qui en provient dans des
fours à réverbères, dont la voûte doit être fur-
baiffée du côté oppofé à la grille. Il faut prendre
de très-bonnes briques pour former la folle du
four, & avoir foin de les faire joindre le mieux
poflible, car le fel tente toujours à pénétrer à travers
les joints & fait lever les briques ; il faut
aufli donner de la pente du côté où on défourne,
afin que le fel puilfe couler facilement lorfqu’il eft
fondu. Il eft bon, lorfqu’on veut fabriquer de
bonne foude >de ne prendre le fulfate de [onde que
lorfqu’il eft fondu ; avant ce terme, il retient toujours
une certaine quantité d'acide muriatique.
Lorfque le fulfate de foude ne contient que dix ou
quinze pour cent de fel marin , il eft a fiez difficile
à fondre ; mais s’il en contient vingt-cinq ou
trente, il fond prefque fur-le-champ, mais la foude
qui en provient, eft moins pure : ordinairement
cent livres de fel donnent cent dix à cent onze
livres de fulfate calciné.
On donne à ces fours les dimenfions fuivantes :
on établit un maffif de onze pieds deux pouces de
long fur fept pieds huit pouces de large. Du côté
où on fe propofe d’établir le foyer, on laifle un
enfoncement de quatorze pouces de profondeur
fur quatre pieds de longueur ; on peut même
donner dans le bas moins de longueur & monter
fes murs en glacis. Tout l’intérieur du tifard doit
être en briques communes. Lorfqu’on eft à la hauteur
de deux pieds, on conftruit une affife de bonne
brique bien liée avec de l’argile & du fable : on
drefle bien cette affife & on lui donne, depuis
le tifard jufqu’au bout où on fera la.cheminée,
une pente de quatre à fix pouces. Sur cette affife
de briques, qu’on a pofée plat, on en établit une
de très-bonnes briques, qu’on a foin de bien faire
rejoindre & de ferrer fortement : ces briques
doivent être pofées de champ, & il faut avoir
foin derompre les liens de chaque route de briques
: c’eft cette affife de briques qui forme le fond
du four. On peut lui donner huit pieds de long
fur cinq pieds huit pouces de large.
A l’extrémité où on fera la grille, on commence
par mettre une affife de briques fur le plat, de
toute la largeur du four : on met fur cette affife
de briques une barre de fer plat, qui eft prife dans
le maffif par les deux bouts. A la même hauteur
on pofe dans le maffif du four, au-deflus de renfoncement
réfervé pour le tifard , deux autres
fortes barres de fer d’un pouce & demi en carré. 1
En montant la maçonnerie, on pofe, à deux pou- j
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ces au-deflus de ces barres de fer, deux nouvelles
barres de fer 8c une dans l’intérieur : ces barres
fo rment ainfi une coulilïe dans laquelle on fait
1 entrer les grilles qui forment le foyer. Afin d’empêcher
le charbon de tomber dans le four, on
élève, au-deflus de la première affife de briques
mifes à plat, deux routes de bonnes briques bien
réfractaires5 mais on les met de champ, ce qui
donne au mur huit pouces de haut & autant de
large.
Tout étant ainfi difpofé, on commence à élever
la voûte : comme c’eft la voûte qui donne la
forme au four, on en fait le pied droit en forme
de poire, c’eft-à-dire, uii peu large du côté de la
grille , où elle doit avoir quatre pieds de large ;
& du fommst de la voûte fur les barreaux, il doit
y avoir dix-huit pouces j du fommet de la voûte
au pavé, à côté du mur qui fépare le foyer, il y
a vingt-deux pouces. Vers le milieu , la voûte fe
relargit un peu; elle a quatre pieds huit pouces;
& de la voûte au pavé, il y a vingt pouces.
A l’extrémité, où eft la cheminée, la voûte
n a plus que deux pieds & demi de large, & enfin
elle fe termine à la cheminée, où elle n’a plus
qu’un pied de large & quinze pouces de haut.
On donne ’à la cheminée un pied en carré. Il
faut avoir foin d'y établir un regiftre pour diminuer
le tirage quand on veut. On donne à la cheminée
vingt-quatre à vingt-huit pieds de haut;
mais il vaut mieux la faire traînante & mettre
des pierres calcaires dedans, car il y a encore un
fort dégagement d'acide muriatique. La grille a ,
comme nous l’avons dit, quatre pieds de long &
douze à quatorze pouces au plus de large ; les
barreaux doivent être à quatre lignes de diftance.
On ferme l’ouverture par où l’on jette le cornbuf-
tible avec une porte qui eft foutentiepardesgonJs.
La porte a quatorze pouces de large & dix pouces
de haut. On pratique, fur un des côtés de la longueur
du four, un ouvreau vers le milieu, & un
plus petit contre le mur qui fépare le foyer du pavé
du four : on donne au petit ouvreau dix pouces,
de haut & neuf de large, & au grand douze
pouces de haut & quatorze de large. C ’eft par ces
ouvreaux qu’on enfourne l'a matière. Il faut en
faire un du côté de la cheminée : on lui donne dix
pouces ou un pied en carré. Comme le pavé du
four eft en pente , & que , lorfqu’on a chargé le
four, il faut avoir foin de relèver le fel, au moins
d’un côté, il en réfulte qu’à mefure que le fulfate
fe fond, il coule vers la cheminée & de là hors du
four , où on le recueille, foit dans des vafes eD
'onte, foit à terre. .
Outils des fours à calciner.
L’ouvrier chargé de ces fours doit avoir un petit
râble en fer pour relever fon fel dans le four,
un grand râble pour défourner, une pince en fer
pour détacher le fel lorfqu’il adhère trop fortes
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ment, une pince pour fon tifard, un croiflant,
une pelle en fer pour jeter le charbon ; elle lui
fert aufli pour enfourner fon fel.
Lorfqu’on charge le four, il faut l’emplir le plus
poflible, & jufqu’ à la voûte. Il y a plus d’avantage
que de ne mettre que peu de matière à la
fois.
Ce four doit être cerclé en fer : on met, à cet
effet, des barres montantes en fort fer carré , environ
à trois pieds, de diftance. Ces barres font
prifes du haut & du bas par dès tirans de fer qui
rendent dans le maffif & qui le traverfent. On
met des barres de fer plates dans toute la partie
qui compofe la voûte , à deux pouces de diftance
l’une de l’autre : ces barres plates font retenues
par les barres montantes.
§. YV.Defcription des fours dans lefquels on dêcompofe
le fulfate de foude mélangé au char bon & à la craie,
& des moyens employés pour le préparer à fubir cette
decompofition.
Ces fours ne diffèrent en rien des fours à calciner
pour la forme, finon que le pavé eft de niveau,
& qu’on peut les faire beaucoup plus grands;
ainfi on donnera à la grille feize pouces de largeur
; au four proprement dit ou au pavé fur lequel
on travaille, on donnera douze pieds de longueur
& cinq pieds fix pouces de largeur. La
cheminée aura quatorze pouces en carré. On
donnera à l’ouvreau du milieu feize pouces de
large fur un pied de haut ; au petit ouvreau près
le mur qui fépare le foyer, douze pouces carrés, 8c
à l’ouvreau du côté de la cheminée un pied carré."
On élevera la cheminée à vingt pieds , ayant
foin de la munir d’ un regiftre. On donne aux murs
extérieurs un pied & demi d’épaifleur, & on a foin
de cercler le four en fer.
T rois ouvriers peuvent mener deux grands fours ;
il leur faut quatre râbles en fer poyr braffer la
matière lorfqu’elle eft fondue, un grand râble
pour défourner , deux pelles de fer pour enfourner,
une pince pour le tifard , deux petites
pinces pour décroûter les entrées des fours, ur»
croiflant en fer pour dégager-les grilles , & un
petit râble pour tirer le mâche-fer.
Moulins ou tordoirs.
Pour faire îe mélange du fulfate de fonde, du
charbon & de la craie, on emploie des moulins à
manchons ou tordoirs, foit en fonte ou en grès.
Une pierre de douze à quatorze pouces d’épaif-
feur, fur fix pieds de hauteur, montée perpendiculairement
& mue par un cheval, à l’ aide d’un
levier de fix pieds de longueur, tenu par un eflieu
en fer dans un arbre perpendiculaire , fuffit pour
écrafer & mélanger en une heure de tems deux
cents livres de fulfate , deux cents feize livres de
craie & quatre-vingt-fix livres de charbon de
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terre mêlé de charbon de bois ; favoir : cirquante-
fix livres de charbon de terre & trente de charbon
de bois. On doit commencer par écrafer le fulfate
de foude. Lorfque cette opération eft à peu près
achevée , ce qui arrive au bout de fept. minutes
on ajoute le charbon & on continue de broyer
pendant vingt à vingt-cinq minutes ; puis on ajoute
la craie & on continue pendant vingt-cinq minutes;
au bout de ce teins Je mélange eft achevé.
L’ouvrier a befoïn pour ce travail d’une raclu-
che, qui eft une tôle ployée d’équerre, au bout de
laquelle eft une douille dans laquelle on met un
manche de bois. Cet outil lui fert à retourner la
matière qui eft fous la meule. La meule tourne dans
une.auge formée par le bord extérieur, en bois,
ui a douze à quinze pouces de haut, & eft formée
e forts morceaux de charpente, formant un cercle
parfait. Le bord intérieur eft formé de pareils morceaux
de bois; mais il eft traverfé par deux fortes
pièces de charpente pofées en fautoir, afin de
. maintenir, ce tour. Dans le milieu eft un trou où
l’on pofe la fontaine d’acier qui reçoit le pivot de
l’arbre perpendiculaire. Toute cette charpente doit
être pofée fur un maffif très-folide ; on fait le fond
du tour ou de l’auge, dans laquelle roule la meule,:
en grès ou en plaques de fonte.
Détails du travail du four a JoudP.
Un grand four de douze pieds en oeuvre, comme
celui qu'on a décrit, reçoit, pour fa charge, cinq
mélanges de cent livres de fulfate de foude fondu ,
cent huit livres de craie fèche, vingt-huit livres
de charbon de terre & quinze livres de charbon
de bois.
On ne doit enfourner que lorfque le four eft
rouge-blanc ; aùbout de trois quarts d’heure, toute
la furface du mélange eft bien fondue ; on voit
même s’ élancer de petits jets de flamme. A cette
époque on enlève légèrement, avec un râble,
la furface fondue , qu’on poufle du côté du four
où on n’a pas laifle d’ouvreau. Au bout d’un quart
d’heure on recommence, & ainfi ûicceflivement
toutes les demi-heures, jufqu’à ce qu’ on foit au
fond ; alors on btafle fortement le to u t, qui entre
en fufion très-liquide : dans cet inftant il y a une
forte effervefcence & un très-grand dégagement
de jets de flamme. Il faut continuer de râbler
tous les demi-quarts d’heure; & lorfqu’on voit
que la matière s'affaifle , & que les jets de.flamme
diminuent, on raflemble le tout vers l'ouvreau
qui eft fous la cheminée, & on tire la fonte hors
du four. Ordinairement l’opération dure trois
heures trois quarts : des cinq mélanges mentionnés
on obtient fix cent cinquante à fix cent quatre-
vingts livres de foude brute, qui rendent 41 à 44
de fel, qui contiennent de 31 à 33 de carbonate,
mêlé d’un peu de fulfate & de pruffiate de foude.
Il faut avoir foin de mettre la craie fécher fur
les fours, afin que les mélanges foient le plus fecs
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