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gène . le carbone, le phofphore , le foufre 6c les
métaux. Ce font tous des matières qui ont les plus
grands rapports avec le phénomène de la combuf-
tion , foit qu'on puiffe les confidérer comme fe s
produits, tels que la lumière & le calorique ; foit
qu'on y voie la condition effentielle, comme pour
l'oxigène; foit enfin qu'on les qualifie de fujets
ou proies de la combuftion, tels que l'azote ,
l'hydrogène » le carbone, le phofphore, le foufre
& les métaux : les derniers font les véritables
corps combuftibles.
La fécondé chffe contient les corps brûlas &
combinés un à un avec l'oxigène , foit dans l'état
d'oxides , foit dans celui d'acides. Cés deux genres
de compofés forment, dans la méthode, deux
ordres de corps oxides ou acides. L'eau entre dans
les premières. Les acides du fécond ordre font:
le ^carbonique , le phofphorique & le phofpho-
reux, le fuifurique 8c le fulfureux, le nitrique &
ïe nitreux, le muriatique 8c le même oxigéné, le
fUiorique &!e boracique. Ce font tous, ou des acides
formés par des radicaux fimples, unis à l'oxigène
jufqu'à l'aciJification, ou des acides non
encore connus parfaitement dans leur nature , mais
foupçonnés juftement d'être compofés comme les
précédens.
Dans la troifième claffe, je range les matières
falifiables , c'eft-à-dire , les bafes terreufes ou alcalines,
qui, combinées avec les acides examinés
dans la deuxième claffe, forment les fels. Ces bafes
font divifées en deux ordres, les terres 8c les alcalis.
Quoiqu’on n'ait point encore décompofé
toutes ces fubftances, la découverte moderne de
M. Davy, chimifte anglais, fur la potaffe, la foude
& la baryte d'où il a obtenu, par le fluide électrique
mu dans les piles voltaïques , des corps mé»
talliformes qu’il regarde comme devrais métaux,
& qui pourroient fort bien n'être que des hy-
druresalcalins, ainfi que l’ont foupfonné plufieurs
des chimiftes français qui ont répété 8c perfectionné
fa découverte, met au moins fur la voie de
la décompofition de ces fubfiances. ( Voyez l'article
Soude.)
A la quatrième claffe de corps divifés chimiquement
appartiennent les compofés falins ou les
fels nommes autrefois improprement des fels
moyens, des fels neutres , lorfqu'on regardoit les
acides & les alcalis comme des fels. Cette claffe
de corps eft celle qui m'a fourni les divifions les
plus nettes & les plus faciles pour l’arrangement
refpe&if des matières qui la conftituenr. Je l’ai
partagée en genres 8c en efpèces , 8c j’ai caraété-
ii(e les uns & le.s autres par des propriétés que je
nomme génériques pour les premières, & fpècifiques
pour les fécondes. J'ai établi les genres par les
acides, & je les ai rangés entr'eux en raifbn de la
plus forte atrraâion des acides pour les bafes.
Amfi-, en ne plaçant dans cette claffe que les fels
formés par les acides de la fécondé & par les ba-
fe.s de la trcifièçne cte-ffe, j'ai placé fu-ccefiîvement
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les fulfates firmes fulfites comme annexes, les nitrates
& les nitrites, les muriates & les muriates
oxigénés, les phofphates 8c les phofphites, les
fiuates» les borates 8c les carbonates. Ceux-ci forment
le dernier genre, parce qu’en effet l’acide
carbonique eft celui de tous qui a la plus foible
affinité pour l'enfemble des bafes falifiables. La
diipqfition des efpèces dans chaque genre fuit l ’at-
tra&ion de l'acide pour les bafes falifiables, en
allant depuis la plus forte jufqu'à la plus foible.
Cetarrangementdesfels, fondé fur les attractions
| de leurs principes conftituans , qui n’avoit encore
. été fait par aucun chimifte avant moi, a le grand
& le double avantage de favorifer l’étude, 8c
d'apprendre par la feule infpeétion à ceux qui l'étudient,
les plus générales 8c les plus importantes
propriétés des corps falins qui jouent un fi grand
rôle dans les phénomènes de la nature 8c dans
ceux des arts.
La cinquième claffe eft confacrée aux métaux.
Ceux-ci, quoique placés par leur nature fimple au
indécompoiee dans la première dalle, préfentent
tant de propriétés 8c dés propriétés fi importantes,
on a befoin de tant d'agens pour les bien connoi-
tre, qu'il eût été impoflVble de les étudier dans la
piemièré claffe, ou ils n'ont dû être qu’indiques.
J ai donc cru devoir les comprendre dans une claffe
à part, 8c les confidérer en particulier comme un ordre
de corps à part, 8c cela d’autant plus juftement,
que leur nombre eft aujourd'hui affe-z confidérable,
qu'il y a lieu de croire qu'il le fera encore plus
dans quelques années. Les vingt-huit fubftances
métalliques, aujourd’hui bien connues, forment,
félon moi, cinq fe&ions : la première comprenant
les métaux caftans & acidifiables ; la fécondé, les
métaux caffans fimplement oxidables ; la troifième,
les métaux demi-du&iles ; la quatrième , les métaux
bien duétiles & facilement oxidables i enfin la cinquième,
les métaux très-du&iles & difficilement
oxidables.
Dans la fix-ième claffe je renferme les compofés
minéraux ou foffiles naturels qui ne font que dés
combinaifons de terres entr'elles, deux à deux ,
trois à trois , ou quatre à quatre; de plufieurs
terres avec les alcalis, des métaux entr'eux ou
des métaux avec les combuftibles non métalliques ,
tels que le foufre, Je carbone , peut-être le phofphore.
Leur hiftoirè, foit en les confîdérant fous
le rapport de leurs propriétés phyfiques ou naturelles
, foit en les envifageant comme fujets d'a-
nalyfe chimique, conftitue plus particuliérement
la minéralogie que chimie. Cependant un ouvrage
fyftématique & complet fur cette fcience ,
doit embrafter l'étude de ces corps., & la minéralogie
ne peut pas être traitée avec avantage fans
les lumières de là chimie.
La Centième claffe dés corps divifés chimiquement
eft formée par les matières végétales ou les
compofés végétaux. Ces corps font d'un ordre
de compofition bien différent de ceux des claffes
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précédentes. Leurs principes déjà traités dàns-I examen
des corps de la première, favoir , le carbone,
l'hydrogène &. l'oxigène, y font combines en
compofés triples au moins» 8c de ce genre de
compofition résulte la-manière d'être decompofes
par le feu, d'y donner de 1 eau , des huiles , des
acides , du gaz acide carbonique , ainfi que le
mode de décompofition fponranee qu'ils font fuf-
ceptibles d'éprouver.
Enfin, j'ai corfidéré comme huitième 8c dernière
claffe de corps naturels-, les matières animales
l'es plus compliquées des compofés, ceux
dont les lois de décompofition ou d’altération font
les plus difficiles à connoïtve , parce que les
forces qui les prodùifent, font lès plus multipliées.
Ces compofés font au moins formés de quatre
principes , tandis que trois fuffîfent pour confti-
tuer les compofés végétaux. Comme ils ont d âr
bord appartenu à ceux-ci, puifqu’ii n’y a que des
matières végétales qui puiflent nourrir ^ en t re tenir
les animaux, il fembieque la formation des
compofés animaux ne foit qu’une modification
des compofés végétaux , 8e que l'hydrogène y
devienne furabondant en même tems que l’azote
s’y joint ou augmente de proportion. Cependant
àrmefure que l'anaiyfe végétale fait des progrès,
plufieurs matériaux des plantes paroiffent fe rapprocher
de plus en plus de ceux des animaux, 8c
les deux anciens-règnes qu'elles forment en hiftoirè
naturelle femblent fé confondre en un feul, autant
par leurs propriétés chimiques que par leurs caractères
pnyfiques. Néannroins c'eft à la chimie
à étudier avec foin tout ce qui peut diftinguer
ces deux claffes d’êtres, & à chercher la caufe de
leurs reffemblances & celle de leurs différences.
Tel eft le plan de divifion entre les êtres naturels
que j’ai cru devoir tracer aux jeunes chimiftes
pour l’étude dé la fcience à laquelle j'ai confàcré
la plus grande partie de- ma vie. Je crois cette
divifion très-préférable pour l'étude de la chimie
a celle des trois règnes qu'on avoir fuivie jufqu'à
moi , foit en ce qu'elle partage plus exactement
fes productions naturelles, foirparce quelle établit
entr’elles- un ordre de compofition qui permet de
l'es comparer avec plus de vérité, fort enfin parce
qu’elle expofe la férié des- faits chimiques qui
tiennent tous aux affinités'des principes des corps
qui réagiflent fans ceffe les uns fur les autres. Je
crois furtout quelle convient beaucoupmieux aux
études chimiques que l'ancienne divifion en trois
règnes dont les naturaliftes euxmêmes auxquels
die étroit due, nepom’oiént plus être fatisfuits ,
8c à laquelle les chinfifies furtout fentoient depuis
long-tems qu’il manquoit trop de chofes pour
être bien appropriée à l’étude 6? aux progrès de
la chimie. (Voye% les articles MÉTHODE , N O MENCLATURE,
O r d r e , )
REGULE. Le terme de régule qui a pafTé de l'alchimie
dans la chimie, était deftinéàrexprimer l'état
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métallique qu'on faifoit prendre à plufieurs minéraux
peu ou non connus encore pour contenir
des métaux particuliers. Ainfi l'on a dit régule
d'antimoine , régule d'arfenic , régule de cobalt,
régule de nickel à mefure qu’on eft parvenu à
obtenir, fous une forme vraiment métallique,
ces corps qu'on qualifioit aufii du nom de demi-
métaux. Cette expreflion , fynonyme de petit roi ,
étoit tirée de ce que l’or ayant reçu le nom de
roi des métaux , on lui comparoir chaque matière
qu'on faifoit paroître fous la même forme par les
travaux auxquels on la foumettoit, 8c on y voyoit
toujours une prétendue analogie de nature qui
pouvoit conduire , fuivant les idées du tems, à
la pratique de la pierre phiiofophale ou du grand
oeuvre. Quoique ces idées aient été^ repouffées
par la véritable chimie ou la chimie phiiofo-
phiqueles noms ont été cependant pris ou adoptés
par celle-ci, & le terme de régule a , pendant
près d'un fiècle , fait partie de fon langage-
Mais depuis l’établilîement de la nomenclature
méthodique, en 1787 , on a dû renoncer à une
exprefiion aufii infîgnifiante 8c aufii éloignée des
notions exaétes qu'on pofiède aujourd’hui fut
l'état des corps 8c fur leur nature comparée.
( Voye^ les mots ANTIMOINE , ARSENIC, Demi-
Metaux ,, Métaux , ainfi que les articles qui fui-
vent immédiatement celui-ci.')
Régule d' antimoine. Ancienne dénomination
de l'antimoine obtenu à L'état métallique,
adoptée en chimie à l'époque où le mot antimoine
étoit employé pour défigner la mine ou le lulfure
natif de ce métal. Cette dénomination étoit fï
généralement reçue, qu'elle défignoit , fous le
fimple titre- de régule le métal qu’on nomme aujourd'hui
antimoine. Il n'y a pas long-tems encore
que dans les boutiques d’épiciers & de droguiftes
on ne fe feroit fait entendre qu'en difant régule
pour le métal , 8c antimoine pour fon fulfure.
( Voye% les mots A ntimoine & Régule. ).
Régule d' antimoine m ar t ia l . On nommoit
ainfi autrefois en chimie pharmaceuiique le métal
de l'antimoine obtenu de fon fulfure natif fondu
avec du fer. Cette dénomination annonçoic que
l'antimoine , dans- ce cas , a voit é.té extrait de fa
mine par le fer , & devoit en contenir. Il fer voie
à faire plufieurs préparations pharmaceutiques.
On peut le nommer aujourd'hui antimoine ferré.
(' Voyei l'article ANTIMOINE.)
RÉep-LE d'antimoen-e précipité p ar . les
métaux : dénomination ancienne,par laquelle on.
défignoit l’antimoine métallique obtenu de fa mine
naturelle traitée par ceux des métaux qui ont plus-'
d'affinité avec le foufre,, que n’en a fantimoine. On
avoit furtout employé pour cela le bifmuth, l'étain
, le cuivre, l'argent 8c furtout le fer. Ce der-
nièf, comme ayant une forte attra&Ion pour le