
pefé un mois après, il n’étoit plus que du poids
de quatre livres douze onces.
14®. Trois livres d'huile de baleine ont donné
un favon qui confervoit l'odeur d'huile depoiflon,
& qui, au fortir de la mife, pefoit quatre livres
douze onces. Il a perdu , dans l’efpace de quinze
jours, deux onces de fon poids.
15°. Trois livres d'huile de poifion nous ont
fourni une brique de favon du poids de quatre livres
onze onces, lequel , dans l’ efpace d’un mois,
a perdu trois onces.
160. Trois livres d’huile de morue nous ont
donné un favon qui ne différoit des deux derniers
qu’en ce qu’il étoit plus coloré ; fon poids, au
fortir de la mife, étoit de quatre livres quatorze
onces, & , quinze jours après, il ne peloit plus
que quatre livres douze onces.
Nous nous propofons de conferver ces divers
faVons dans un endroit fe c , pendant plufieurs
mois , jufqu’à ce qu’enfin ils n’éprouvent plus de
déchet, afin d'avoir des données exaétes fur les
quantités relatives de favon que les diverfes huiles
ou graiffes peuvent produire; car l’on a dû
remarquer que, dans la confection particulière de
chaque favon, on y lai fie plus ou moins d’eau, laquelle
fe diflipe enfuite par la defliccation à l’air.
Nous aurions bien defiré joindre ce tableau à notre
rapport; mais, pour le donner exaétx il auroic
fallu le différer trop long-tems; nous le ferons
connoître dans un autre moment.
L’enfemble des diverfes expériences dont
nous venons de rendre compte, a fuflîfamment
démontré que toutes les huiles ou graiffes ne font
pas également propres à la confection des favons
loïîdes. Nous penfoos qu’on peut, à cet égard,
les piaffer dans l ’ordre fuivant :
i° . L'huile d’olive & l’huile d’amande douce ;
i ° . Les huiles animales , telles que le fu if, la
graifle, le beurre & l’ huile de cheval ;
-30. L’huile de colza & celle de navette ;
4°. L’huile de faine .& celle d’oeiilet ; mais il
feroit néceflaire de les mélanger avec l’huile d’olive
ou bien avec les graiffes animales »
5°, Les diverfes huiles de poiffon : celles-ci demandent
de même à être mélangées comme les
précédentes ;
, 6°. L’ huile de chenevis ;
7 0. L’huile de noix & celle de lin. Ces trois
dernières donnent des favons pâteux , gras &
gluans. Il convient donc de laifler les huiles de chenevis
& de lin pour les favons mous 3 & l’huile de
noix pour les peintures & les vernis, Cette dernière
pourroit de même être employée au favon
gras.
Du favon fait avec un mélange d’huile d'oeillet & de
fuif, & la fonde artificielle rendue caufiique.
Nous avons déjà dit que quelques huiles qui,
étant fapor-ifiées feules, doqnoient un favon gras,
pouvoient, par leur mélange à des graiffes animales
, fournir un favon aflèz lec & folide pour pou-
voir être employé à des favonnages domeftiques.
Voici l’expérience que nous avons à l’appui de
cette aflertion.
Nous avons uni une livre & demie d’huile
d’oeillet à une livre &r demie dé fuif ; nous avons
enfuite traité ce mélange avec des Iefiives de fou de
artificielle rendues cauftiques , & fuivant d’ailleurs
la même manipulation que nous avons décrite
pour la cuite des favons, le réfultat de cette
opération a été un favon blanc, aflez ferme, qui ,
au fortir de la mife, pefoit fix livres ; l’ayant con-
fervé dans un endroit fec pendant un mois, il a
perdu une livre & un quart de fon poids, & il eft
devenu beaucoup plus ferme ; il l’eft aflez pour
fervir aux favonnages à la main.
Les huiles de navette, de colza & de faine donnent
également, mélangées à parties égales d'huile
d’olive ou de fuif, des favons aflez foIides;ce dont
nous nous fommes affurés par des expériences particulières.
Ce favon conferve toujours un peu de
l'odeur du fuif; mais on peut la mafquer pari addition
d'une petite quantité d'une des huiles ef-
fentielles que l’on peut 1e procurer à bon compte
dans le commerce ; l’huile de lavande , par exemple.
De Vaction de la potajfe caufiique fur divers corps
gras.
Pour connoître les réfultats des huiles & graiffes
faponifiées par la potaffe cauftique, nous avons
choifi celles qui, avec la foude, donuoientle favon
le plus folide , telles que l’huile d’olive & le fuif;
nous les avons également employées à la dofe de
trois livres, & nous avons fuivi, à leur égard, la
même manipulation que dans la cuite ordinaire du
favon. La feule différence qui a été obfervée, a été
de les cuire avec des leflives cauftiques.quiavoient
éré préparées avec trois livres de potaffe & une
livre & demie de chaux.
Nous avons donc mis dans une baffine trois livres
d’huile d’olive vraie, avec des leflives foibles de
potaffe, & fucceflivement nous avons ajouté des
leflives plus fortes ; l’huile s’eft très-bien liée avec
l’alcali; elle fai foie parfaitement le réfeau; mais
lorfque nous en mettions à refroidir, elle reftoit
graflè & point ferme. Voyant que ce favon n’ac-
quéroit point de la folidité, quoiqu’il y eût fuffi-
famment d’alcali & que l’huile fût totalement fa-
ponifiée, nous l’avons coulé dans une terrine ; il
étoit dans un état de pâte favonneufe, d’une con-
fiftance à peu près comme celle de la graifle : c’é-
toit du favon mou, du poids de fix livres.
Trois livres de fuif ayant été traitées delà même
manière, nous ont également fourni un favon gras
& mou, du poids de huit livres.
En comparant ces réfultats avec ceux obtenus
des mêmes fubftances traitées avec la foude caustique
,
tique, on verra bien évidemment que la po.tafle ,
caufiique ne peut fournir, avec les huiles ou graifles,
que dés favons mous; cependant il elt poflibled’u-
tilifer la potaffe dans la fabrication des favons fo-
lides. Nous allons en indiquer les moyens.
J) es moyens a employer pour faire des favons folides
en fe fervant de la potajfe.
Ayant vu dans plufieurs recettes de favon, &
même dans des ouvrages imprimés, que l’on pou-
voit faire des favons folides avec des leflives préparées
avec des cendres, lefquelles ne contiennent
que de la potaffe ; ayant également remarqué que
l'on s’accordoit généralement à admettre, dans la
confection de ces fivons, une plus ou moins grande
quantité de muriate de foude, nous avons cherché
à connoître ce que pouvoit produire l’addition de
fel marin. Nos recherches n’ont pas été infrne-
tueufes à cet égard, comme on le verra par le
réfultat de nos obfervations.
Nous avons commencé par faponifier trois livres
d’huile d’olive avec des leflives de potaffe cauftique
( voyez l'expérience précédente ) ; ce qui
nous a produit du favon qui n’étoit pas plus con-
fiftant que de la graifle. D’un autre côté, nous
avons fait diffoudre fix livres de muriate de foude
dans fuffifante quantité d’eau ; alors nous avons
ajouté à ce favon une partie de cette diffolution;
nous avons fait bouillir le tout avec l’attention de
remuer continuellement, & nous avons ajouté,
par petites parties, la totalité de la diffolution de
muriate de foude ; après deux heures d’ébullition,
nous avons retiré la bafline de deflùs le feu; le
favon s’eft réuni à la furface : il étoit très-folide.
Au fond de la bafline, il y a eu une aflez grande
quantité de fel qui s’y eft ramafîée, faute d’eau
pour le tenir en diffolution. Après avvôir féparé le
fivon, nous l’avons liquéfié avec une petite quantité
d’eau pour le bien unir, & nous l ’avons coulé
dans une mife. Nous ferons remarquer que le favon
avoit obtenu, par ce moyen, une grande confif-
tance & de la fermeté. Il étoit blanc, d’une odeur
agréable, & fon poids.étoit de huit livres. Garde \
pendant deux mois, il.ne pefoit plus que cinq livres;
il étoit, en un mot, aufli folide que le favon
préparé avec la même huile & la foude.
Il eft aujourd’hui bien démontré que la potaffe
a avec l'acide muriatique plus d’affinité que la
foude, & que, loifqu'on vient à traiter le muriate
de foude avec la potaffe, celle-ci s’empare de l’acide
muriatique & laiffe la foude libre. Il y a de
même décompofition lorfque l’on ajoute du muriate
de foude à du favon à bafe de potaffe ; celle-
ci s’unit à l'acide muriatique, qui ptirqitivement
étoit'combiné à la potafie. La nouvelle combi-
naifon eft donc alors du favon, qui à pour bafe de
la foude; il ne diffère point de celui qu’on obtient
de l’union directe de l’huile & de la foude,
Chimie. Tome VI,
dont un des caractères principaux eft d’être ferme
& confiftant.
Lorfque l'on ajoute du fel marin dans la cuite
du favon que l'on fait avec de la foude, ce fel
n’agit pas comme dans l'opération où l’on emploie
de la potaffe : dans ce dernier cas, le muriate
de foude eftdécompofé, tandis que, dans l’autre,
il ne fert qu’à faire grener le favon, en s’emparant
de l’eau qui le tenoit en diffolution. L’eau,
qui a plus d’affinité avec le muriate de foude
qu’avec 1 e favon y quitte ce dernier pour diffoudre
le fel; alors 1 e favon 3 ne trouvant pas aflez d’eau
pour être tenu en diffolution, fe fépare fous une:
forme grenue ou pâteufe. Nous ajouterons même
que l’addition de fel marin, dans la cuite du favon
avec la foude, n’eftque de circonftance & non ef-
fentielle; car nous en avons fait plufieurs fois fans
en ajouter, & nous avons néanmoins obtenu du
favon bien ferme & de bonne qualité.
Grand nombre de chimiftes & de favonniers
penfoient, d’après des obfervations de pratique,
que le fel marin étoit toujours néceflaire pour obtenir
des favons folides; nous avons été nous-mêmes
très-long-tems à favoir comment il agiffoit. Ce
font les réfultats dont nous venons de rendre
compte qui ont enfin déterminé notre opinion à
cet égard.
Dans une fécondé expérience, nous avons fut
du fivon en pâte avec l’huile d’olive & la potaffe ;
nous avons enfuite fait bouillir ce favon, en y
ajoutant de la diffolution de fulfate de foude. Par
ce nouveau moyen, nous fommes parvenus à lui
donner de la folidité. Nous n’infifterens pci.it fur
ce qui s'eft paffé dans cette opération : on concevra
qu’il y a eu du fulfate de foude de décom-
pofé, de même que le muriate de foude l’a été
dans l’expérience précédente.
Voici une autre expérience que nous croyons
effentielle à faire connoître ; elle pourra devenir
avantagçufe aux favonniers , lorfque les potaffes
deviendront communes. Nous avons commencé la
faponification de trois livres de fuif avec des leflives
de potaffe; nous avons enfuite achevé l’opération
avec des leflives de foude. Le favon obtenu
de cette manière étoit très-ferme; il pefoit, au
fortir de la mife, fept livres dix onces ; il a perdu,
dans l'efpace de vingt jours, une livre fix onces
de fon poids.
Des favons faits à froid,
Plufieurs fabriçans de favon, voulant économi-
fer le combuftible que l’on confomme dans la fabrication
des favons, ont cherché à faire à froid
la-combinai fon de l’huile avec l’alcali ; ils y font
parvenus de plufieurs manières. Nous nous contenterons
d’en décrire une, afin de faire connoître
cete méthode particulière de fabrication.
On aura un vaifleàu un peu profond, foie de
grès, foit de bois, pareil à ceux qui fervent à faire
Q