
nures dans les planches 5 on leur donne cinq quarts
de pouce de large, & huit à neuf lignes de profondeur.
Il faut toujours que les tables de plomb fe
touchent exactement , fans biffer de vide. On
cloue avec des clous d'épingle chaque table du
côté où elle a été bien appliquée dans la rainure î
on la décape avec le grattoir $ on décape de
même l'autre table , & même un peu le bord qui
dépaffe la rainure $ on palfe une broffe trempée
dans l’argile délayée dans l’eau tout du long des
bords décSftës} on frotte toute h rainure légèrement
avec de la réfine, puis on y ver fe de 2a
foudure chaude avec une cuiller de fer 5 on em- j
plit ordinairement une longueur de cinq pieds 5
lorfque la rainure eft remplie, on paffe deffus de
la réfine , & enfuite un fer à fouder, rond 6c up
peu conique. Pour les côtés, on déroule d’abord
toute fa table de plomb j on fixe une tringle dans i
Je haut fur toute la largeur de la table, afin que ;
celle-ci ne ploie pas s puis on l’élève, à l’aide !
d’une corde & d’une poulie, par-dcffus la fablière.
On dreffe bien la table contre les piliers de côté,
ayant foin de faire entrer les bords dans les rainures
ÿ on pofe l’extrémité inférieure fur le rebord
que forme la table du bas ; on cloue cette
extrémité contre les tafieaux qui font derrière 5 on
cloue les bords dans les rainures, puis oh décape
avec le grattoir 5 on paffe la brolfe fur les
bords des furfaces décapées,,puis on verfe la fou-
dure avec la cuiller de fer i mais dans un petit outil
en bois, dont l’ouvrier tient le manche, &
qui, à l’extrémité oppofée, a une rainure par
où coule la foudure, il verfe toujours en élevant
du bas en haut, tant que cela eft à fa commodité,
puis il pafle la réfine & le fer à fouder. Toutes les
fois qu’il a fait une foudure, il repaffe la brolfe
mouillée de terre fur les bords , afin de refroidir
la foudure s il faut aulfi relier un inftant fans frapper
ni fecouer, afin que la foudure ne gerce pas.
Lorfqu’il foude le bas, qui eft furie rebord de
la planche inclinée, il palfe un fer tout rond du
bout fur la foudure , au lieu que les foudures à
plat fe font avec les fers un peu pointus.
Tout le tour & le bas de la chambre étant
achevés, on y introduit, parla porte, des tréteaux
qui ont prefque toute la hauteur de la chambre
j on établitdelfus ces tréteaux un plancher pof-
tiche en bonnes planches : il faut biffer allez de
hauteur pour pouvoir caler les pieds des tréteaux
dans les bas. On élève ce plancher un peu plus
haut que la chambre, enfuite on déroule delfus la
table qu’on veut fouder > on la fait entrer dans
la rainure de la fablière j mais elle doit être entièrement
remplie par la table qui defcend le Ion®
des piliers, en forte que la table du ciel pofe dans
la rainure fur la table des piliers. On relève le
bord qui doit toucher à la table fui vante bien d’équerre
& d’une hauteur de trois pouces ; on rapproche
, auffi fort que poftible, ces tables l’une
contre l’autre, & on pafle une tringle de bois de
j u,x Pouces & demi fur deux pouces de chaque
cote des tables. On aura eu foin de couper l’arête
iupeneure de chaque tringle, de manière qu’étant
appliquées du côté où elles font bien dreffées,
elles forment une rainure triangulaire pareille à
celle qu’on fait dans les piliers. De quatre pieds
en quatre pieds on fait- dans ces tringles des entailles
d un demi-pouce 5 dans ces entailles entrent
les talons des étriers en fer, lefquels étriers
lont tenus dans des tirans de fer cloués dans les louves
au-defiiis de la chambre de plomb. Pour
mieux ferrer les tringles de bois, on met de dif-
tance en diltance des ferres en fer. Tout étant
ainli difpofé, 6c avant de clouer les tirans qui
loutiennent les étriers , on rabat le plomb de
chaque coté dans la rainure que forment les deux
tringles> on le décape & on verfe dedans de la
loiidure, après avoir paffé la réfine, & on termine
comme pour Je refte. Lorfque toute la longueur
1 Piocher eft achevée, on cloue les tirans , puis
on ote les cales mifes fous les pieds des tréteaux,
oc on porte fon échafaud plus loin , & ainfi de
luite jufqu a ce que tout foit achevé. Les tables
du ciel ,n ont ordinairement que deux pieds fix
pouces de large j mais comme on les retrouffe de
trois pouces de chaque côté, cela les met à deux
pieds jufte.
Les portes fe font en bois, qu’on recouvre de
plomb, 6c tournent fur des gonds avec des pentures
en ter j on les marge avec un peu d’argile. O11
donne ordinairement un pouce de pente aux
chambres fur la longueur ; 6c de ce côté on établit
une cuvette qui communique avec la chambre, &
par laquelle on connoîc le degré de l’acide 5 on
peut encore, à l’aide d’un robinet, vider la chambre
par cette cuvette.
Le four où on fait la combuftion fe fait en
; bonnes briques bien cuites ; on les lie avec de
; bon mortier, fou d'argile & de fable, ou de chaux
table : il faut bien taffer les briques & appliquer
le mortier ferme. On lui donne fix pieds de
large & autant de haut 5 la cheminée fe fait un
peu fur le cote. On donne à la porte un pied ou
quatorze pouces carrés j mais il faut la divifer en
deux, ioit par une charnière ou par une couliffe. On
donne à la parcie inférieure trois pouces & demi
de hauteur ; on fait tenir la porte par une barre de
ter qui fait la bafcule & qui prend dans un men-
tonnet place de chaque côté du cadre de la porte j
on laine dans le milieu de la porte une ouverture
d un pouce & demi, qu'on ferme à volonté par
une petite porte à coulifle. Dans la partie inférieure
de la porte on laiffe une ouverture d'un
pouce & demi.de haut fur quatre pouces de large,
par ou l’air entre dans le four. Il eft bon de ne
mettre par defifus les briques qui forment le four
qu une chemife de bon mortier ; cela fait que le
four ne s échauffé pas autant que lorfqu'on l’enfonce
dans la maçonnerie. Avant de mettre le
four en communication avec les chambres, il faut
avoir foin de bien le recuire fortement, pour que
tout le mortier foit bien fec & que l’acide ne puiffe
pas agir deffus. On introduit dans le four une
plaque de fonte, à laquelle on peut donner cinq
pieds fur un fens ôc quatre & demi de l'autre, d’un
pouce d’épaiffeur, ayant, une avance d’un côté de
la largeur de la porte du four ; lorlqüe la plaque a
été introduite , on fait revenir cette avance dans
la porte. La plaque doit avoir un rebord de deux
pouces tout autour , excepté le bout de Pavance
qui donne dans la porte, 6c par où on enfourne &
on défourne. On élève cette plaque de quelques
pouces dans le four, au-deffus d’une lame de plomb
qui eft pofée fur le pavé du four ; cette lame a des
bords retrouffés. On y verfe un peu d’eau, & par-là
on rafraîchit déjà un peu le four ( ceci n’eft cependant
pas rigoureufement néceffaire). Pour pouvoir
introduire de nouvelles plaques de fonte,
on foutient tout le côté du four par où on
veut les paffer, par un littelage en fer, & on
laifle une ouverture de cinq pieds & demi de
long fur quatre pouces de haut, qu’on remaçonne
lorfque la plaque eft paffée : c’eft fur cette
plaque de fonte qu’on fait la combuftion du foufre
& du falpêtre. L’ouvrier n’a befoin que d’un râble
de fer, dont la tête ait deux pouces & demi de
haut, & le manche fept à huit pieds de long, &
d’une petite pince de pareille longueur.
§• IL Fabrication dt Vacide fulfurique.
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peut pas plus fmiple : on fait le mélange de foufre
& de falpêtre; cela fefait à la pelle. Onl'humeéie
très-peu ; on l'enfourne avec des pelles de bois,
en ouvrant la partie inférieure de la porte. On
allume , fur un bâton aplati du bout, un peu de
foufre, &on laifle dégoutter le foufre fondu &
brûlant dans le four fur le mélange qu’on a eu
foin d'étendre à peu près également. On n'a pas
befoin d'y toucher du tout, le mélange s’allume
parfaitement & brûle avec beaucoup de vivacité : il
y a quelquefois des jets de flamme qui ont un & deux
pieds de haut. J’ai cru remarquer que ce n'eft jamais
pendant une combuftion rapide qu'il fe fublimoit
du foufre ; mais c'eft vers la fin, lorfqu'elle commence
à languir. Au bout d'une heure & demie,
1 ouvrier peut donner le premier coup de râble,
8t il continuera toutes les fois qu'il verra que
l’opération ralentit : vers la fin il faut répéter
cette manoeuvre un peu plus fouvent. On met
ordinairement de l'eau dans les chambres ; on peut
même y introduire de la vapeur d’eau , & cela
lorfque la combuftion tire à fa fin & qu'on doit
croire que les chambres font très-pleines de vapeurs
; d'ailleurs, ces vapeurs humeétent les parois
delà chambre & font que l'acide découle plus
promptement. Pour introduire ces vapeurs , il
fuffit de murer â côté ou deffous les chambres une
chaudière en fonte; on en couvre le deffus avec
une lame de plomb qu’on fait joindre à l’aide d’un
cercle de fer ; on foude deffus cette couverture un
tuyau , au haut duquel eft foudé un godet, dans
lequel on verfe de 1 eau : comme le tuyau traverfs
l"e godet, on met par-deffus le tuyau un autre petit
bout de tuyau qui entre dans la chambre j on rem-
F“.c godet d’eau , & la communication avec 1 air eft interceptee. On fait dans le couvercle en
plomb qui couvre la chaudière, une autre ouverture
pour pouvoir verfer de l’eau. Lorfqu’on
veut des vapeurs dans la chambre, orifmetle petit
tuyau lur le tuyau montant j lorfqu’on en a alfez ,
on retire le bout qui donne dans la'chambre, &
on bouche le trou avec un bouchon.
Quant aux proportions de terre, elles ne lignifient
rien > on peut brûler avec 6c fans addition de
terre. Je n'ai jamais pu obtenir d’alun des réfidus
ou j avois mis de la terre gbife, même des glaifes
dont on fe^ fert à Saint-Gobin. La quantité de
falpetre varie & doit varier i dans les commence-
mens il faut en mettre quelquefois jufqu’à vingt
pour cent, & cela pour emplir promptement
appareil de gaz nitreux j dès qu’il en eft bien
rempli, oh diminue jufqu a dix , mais je n’ai jamais
pu aller plus bas pour avoir un beau réfultat
& réunir la. promptitude avec la quantité. En
travaillant dé cette manière, je fuis parvenu à
brûler, en vingt-quatre heures , deux cent cin-
quante livres de loufre, trente-quatre livres de
ialpetre (foit que j’ajoutaffe de la terre ou non )
( je mettois cinq livres d’argile fur trente livres de
loutre). On humeéte un peu le mélange à 1a
main. Lorfqu'on commence l'opération toute nouvelle,
on n’entend les chambres goutter que le
deuxième jourj mais quand cela va de continue,
quoiqu on renouvelle l’eau, on entend au bout
de lix heures les gouttes d’acide tomber fortement
fur le fond de la chambre. Les chambres
ont trente pieds de long , vingt de large , douze
de hauts elles font à la fuite l’une de l'autre,
oc communiquent enfemble par trois cheminées,
dont une grande dans le bas, qui eft prefqu’inutile,
& deux moyennes dans le haut. J'obtiens, depuis
que j’ai mis le falpêtre à environ treize pour
cent, deux cent quatre-vingt-trois livres d’acide
concentre de cent livres de foufre au moins.
Voila deux grandes opérations qui fe fuivent
dont lune de fix mille fix cent foixante - huit
livres, oc 1 autre de douze mille cinq cent quatre-
V^®^Sj^VreSj ^ vont mieux en mieux;
précédemment,, lorfque je n'ajoutois que dix livres
de falpêtre, je n'obtenois que deux cent
trente livres d'acide.
On enfourne dans un four de la capacité de
celui décrit, & pour un appareil de deux chambres
pareilles à la defeription , trente livres da
foufre & quatre livres & demie de falpêtre (cinq
livres de fable argileux) ; U combuftion dure trois
heures à trois heures un quart. On jette le té-
fidu à bas avec le râble, & on renfourne de fuite j