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fu ge, puifqu’i ly en a plufieurs qui ne le précipitent
pas j & qui guéri fient la fièvre.
4°. 11 pàroït cependant que le principe qui précipite
l’in tuiion d'écorce de chêne & de noix de
galle efrfébrifuge ; car en général il eft reconnu
en médecine, que les efpèces qui produisent cet
effet j foht ies-meifleiires. '
5°. D'une autre, part, les quinquinas, qui ne précipitent
pas l’inrufiondu tan ni de noix de galle ,
étant fébrifugés, il faut 'conclure1 que le principe
en vërtu duquel refont ces précipitations, n’eft
pas le feullj dans' les qâin^uinas^ qui guériiie la
fièvre; :u \ ‘ \ ' '
6°. Le principe qui précipite lihfufion de tan
8c de noix de galle a une couleur brune, une faveur
amère : il eft moins foluble dans l’eau que
dans l’alcool ; il précipite' aüflf l’émétique, mais
non la colle-forte. Il -a!.quelques analogies avec les
corps refineux, quoiqu’il fourhiffe de l’ammoniaque
à ,1a diftiilation.(
y6'. Il femble que èe1 foit 'au tannin de l’écorce
de chêne 8c de la noix de galle, que ce principe
s'unit pour former les précipités qu’ il occafionne
dans l’infufion de ces fubftances > cependant> ce
principe exiftant dans quelques efpèces de quinquinas
qui précipitent en même tems la colle-forte,,
il refte douteux qu’il ’s’unifie véritablement au
tannin.de l’infufion de l’écorce de chêne, ou que
le principe des autres efpèces de quinquinas qui
précipiter.t la colle-forte, foit de véritable tannin.
.SV-Mais- il faut nécèffairement que l ’une ou
l ’autre de ces fuppofitions foit vraie , puifque les'
infufions de ces deux fortes de quinquinas fe précipitent
mutuellement.
• 9°1 Le principe qui, dans quelques efpèces de
quinquinas , précipite la colle-forte y a une faveur
amère & aftringente 3 il eft plus foluble dans l’eau
que cêiüLqui, -dans d’autres éfpèces-, précipite
l’infufion de tan 5 il-eft foluble aufii dans l’alcool, i
& ne précipite point l’émétique. „
io°. Uparoît que la fubftance qui précipite l’in-
fufion de tan eft la même qui décompofe l’émé- :
tique.
L’on voit par tous ces doutes, qu’il refte encore,
beaucoup. à faire pour connoîtrè exactement
le principe ou les principes effectifs des
qiinas dans la guérifon des fièvres. Il faut efpérèr
qu’avec le tems & un travail aflidu'ori parviendra
à réfoudré cette queftion importante.
.Analyfe du je l de quinquina ( 1 ).
M. Defchamps jeune, pharmadëh à L yon ,
eft le premier qui, . à ma çqrinoiiîance , ;ait annoncé
dans le. quinquina la préfençè 4 un fel par-
(j.) Je .donnerai à-la fuite du travail de M.tYauqueHn, le
procédé ètnpldyé par'M. DcfcKamps pour ôptfenir. & purifier
jee fe l, dopt la découverte lui eft due.
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, ticuber qu’il pe faut pas confondre avss j$ fel
eflentiel de la garaye, .qui contient en même tems-
' de la réfine & du mucilage 5 mais M. Defchamps
n’ayant décrit que quelques propriétés phyfiqueS'
de ce fe l, j’ai cru devoir en faire l’analylé pour
connoîtrè la nature & les proportions de fes principes.
J’ai dit ailleurs comment on peut obtenir
ce fel du quinquina& quels procédés il faut employer
pour le purifier. Je me bornerai donc ici
au fimple expofé de fes propriétés.
i°. Ce' fel eft blanc. ; il criftallife en lames carrées, :
quelquefois rhombbïdales ou tronquées fur les angles
folides : Couvent ces lames fe réunifient en
groupés.
i°. Il n’apfefque point de faveur 3 il eft flexible
fous les dents.
3°. Il exige environ cinq parties d’eau à dix degrés
pour fe difibudre; ,
4°J. 11 fe bourfoufle-fur les charbons, â peu près
comme le tartre dont il répand l'odeiir 3 il lai (Te
une matière grifâtre qui fe diflout avec effervefi .
icènee dans les acides, & qui n’eft qu’un mélange
de carbonate de chaux & de charbon.
J°. Sa diflfolution n altère point là couleur du
tournefol.j il eft abfol u ment in fol u ble dans l’alcool.
6°. Les alcalis fixes, cauftiques 8c carbonates
le décompofent, & en précipitent de la chaux
pure ou carbonatée.
' 7°; L’ammoniaquè n’en opère point la décom-
pofitionj ce qui prouve que cet acide a une affinité
plus forte pour la chaux.
8°. L’acide fulfurique & l ’acide oxalique forment,
dans fa difîolution un peu concentrée, des
précipités qui font, l’ un du fulfate de chaux, 8c
l’autre de l’oxalate de la même bafe.
. $>Q* J1 ne fait éprouver aucune altération apparente
à la difiblution d’acétate de plomb, ni à
pelle dé nitrate d’argent.
; io°. L’acide fulfurique concentré, verfé fur ce
fel réduit en poudre, le noircit légèrement, mais
il n’en dégage point de vapeurs piquantes comme
des acétates.
1 1°. Ce qu’il y a de remarquable, c’eft que l’infufion
de tan & de quelques efpèces de quinquinas
yCÛwi de Santa-Fé par exemple, occafionne
fin précipité jaune , floconneux dans la
diffolutibn decefel. Les divers phénomènes qu’ont
fait naître cës-expériences, m’annonçant que ce
fel efl formé d’un acide végétal 8c de chaux , je
me fuis fervi, pour le décompofer & avoir l’acide
ifolé, d’acide oxalique qui, comme l’on fait, eft
celui qui rend la chaux la plus infoluble par fa
combina,ifon avec elle.
Voici_ comment j’ai opéré : j’ai difious, dans
la quantité d’eau néëejffaire, cent partiès de ce
fel 3 j’ai en fixité verfé dans cette liqueur, en différentes‘
foi? , jufqu’à ce qu’il ne s’ y foit plus formé
de précipité, une difiblution d’acide oxalique dont
le poids m’étoit,connu : il en a fallu environ vingt-
deux parties pour précipiter toute la chaux , 8c
cependant
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cependant je n’ai eu que vingt-fept parties de précipité
fec.
Cela prouve que l ’acide oxalique employé con-
tenoit environ la moitié de fon poids d eau de
Criftallifation , 8c que le fel de quinquina ne contient
qu’ une petite quantité de chaux3 car, dans
vingt-fept parties d’oxalate de-chaux, il y a au
plus quinze parties de cette terre.
Après avoir ainfi féparé la chaux de ce fel par
l’acide oxalique, j’ai laifle évaporer fpontanément
la-liqueur à l’air 3 elle s’eft réduite fous la forme
d’un firop très-épais, fans donner aucun ligne de
criftallifation pendant plus de huit jours 5 mais
l’ayant remuée avec un morceau de verre pour
en tirer une portion que je deftinois à un eïTai ,
je fus étonné de trouver, quelques inftans après,
la liqueur criftailifée en une malle dure , formée
d’une grande quantité de lames divergentes, de
plufieurs centres très-diftin&s de criftallifation.
Il étoit légèrement, coloré en brun 5 fa faveur
étoit extrêmement acide & un peu amère, parce
que le fel de quinquina que j’avois employé, n’avoit
pas été parfaitement purifié.
Je vais maintenant expofer les propriétés que
j’ai reconnues à cet acide. Je ne pourrai pas donner
de grands détails à cet égard, parce que je
n’ai eu à ma difpofition qu’une médiocre quantité
de fel de quinquina. Je crois cependant l'avoir
fuffifamment examiné pour être convaincu que
c ’eft un acide particulier encore inconnu.
Dans fon état de criftallifation , il a une faveur
très-acide 8c un peu amère, ainfi que je l ’ai dit
plus haut.
Il fe conferve parfaitement à l’air ; il n’eft ni
déliquefeent ni efflorefeent.
Mis fur les charbons ardens, il fe fond très-
promptement , bouillonne , noircit, exhale des
vapeurs blanches, piquantes, & ne laifle qu’un
très-léger réfidu charbonneux.
Il forme, avec les alcalis 8c les terres, des Tels
folubles 8c criftallifables.
Il ne précipite point les nitrates d’argent, de mercure
, de plomb, comme le font la plupart des autres
acides végétaux.
Il ne paroît nullement douteux que cet acide
ne foit nouveau pour nous} car , en paflant en
revue les caractères fpécifiques des autres acides
végétaux connus, l’on voit qu’aucun ne réunit
toutes les propriétés de celui-ci.
En effet, l’acide oxalique forme un fel infoluble
avec la chaux, & d’ailleurs décompofe la
combinaifon de cette terre avec l’acide dé quinquina.
Les acides citrique 8c tartareux forment aufli,
avec la chaux, une combinaifon infoluble, & décompofent
l’acétate de plomb.
a L’acide malique ne criftallife point, & précipite
l’acétate de plomb.
L'acide benzoïque eft peu foluble dans l’eau
froide, & fe volatilife fans décompofition.
Ch imie . Tome Kl.
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L’acide gallique eft également peu foluble dans
l’eau froide , & noircit la diffolution de fer.
II a a (Te z de rapport avec l’acide acéteux par
lafolubilité de fes combinaifons 3 mais l'acide acéteux
ne criftallife pas, 8c fe volatilife fans éprouver
d’altération.
Je ne parle pas des., acides camphorique, fubé-
rique & fiiccinique, car ils n’ont aucun rapport
avec celui-ci.
Concluons donc que cet acide eft véritablement
différent de tous ceux qui font connus maintenant,
& donnons-lui le nom d‘acide.kinique, du
mot quinquina, en attendant que, mieux connu
dans fa nature & fes combinaifons, on puifle lui
en donner un meilleur.
C’eft à cet acide, uni à la chaux, que les médecins
de Lyon, au rapport de M. Defchamps,
ont attribué la vertu fébrifuge des quinquinas ; ils
prétendent qu’aucune fièvre intermittente ne ré-
fifte à deux prifes de ce fel, de trente-fix grains
chacune.
Si cette aflertion étoit démontrée, on conce-
vroit afiez facilement comment un gros de ce fel
guériroit une fièvre intermittente 3 car cetce quantité
repréfente au moins cinq à fix onces de quinquina
gris ordinaire.
Je ne puis nier, direniement ce réfultat, annoncé
par des hommes inftruits & dignes de foi 3 cependant
je me crois afiez fondé à élever quelques
doutes fur fon exaéticude. D'abord , pour
qu’il méritât une entière confiance, il faudroit que
l’expérience eût été. répétée un grand nombre de
fois , & que Je fuccès eût été confiant 5 car il
arrive trop fouvent qu’on attribue aux remèdes
des effets qui ne font dus qu’à la nature. En médecine,
plus que dans toute autre partie de la phy-
fique, les caufes fe compliquent tellement, qu'il
eft prefque toujours difficile de démêler avec certitude
ce qui appartient à chacune d’elles.
D’une autre part, les médecins ont appris, par
une longue expérience, que les infufions & l ’extrait
de quinquina préparé à la manière de laGaraye
ne produifent pas , à beaucoup près, fur les fièvres,
des effets proportionnels aux quantités de
quinquina dont ils ont été tirés, 8c qui feroient
donnés en nature 5 8c cependant ces préparations
contiennent le fel dont il eft queftion.
On fait encore que les teintures alcooliques de
quinquina, dans lefquelles le fel de M. Defchamps
n’exifte pas, puifqu’il eft infoluble dans ce menf-
true, guériffent cependant les fièvres intermittentes.
11 y a d’ailleurs des quinquinas qui ne contiennent
que d’ infiniment petites quantités de ce fel,
& des végétaux où il ne s’en trouve pas du tout,
qui guériffent aufli les fièvres. Ce n’eft donc pas
fans quelque raifon, comme on vo it , que j’ex-
pofe mes doutes à cet égard 5 & s’il eft arrivé
quelquefois que ce fel ait guéri la fièvre, on peut
foupçonner qu’il n’avoit pas été parfaitement