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fe volatilifoït > de forte que le réfuitat- du gril- ,
lage étoic un oxide d’antimoine plus ou moins
fulfuré. M. Prouft a démontré qu’il n’en étoit pas
a\nfi, par un grand nombre d’expériences.
' Ce chimifte commence par démontrer que toutes
les fois que le foufre fe trouve en préfence
de l ’oxide d’antimoine au maximum , à une température
fuffifamment élevée , il le réduit complètement
à l’état métallique en le convertiffant
en fulfure : c’eft ce dont on peut s’affurer en chauffant
130 parties de foufre, & autant d’oxide
d’antimoine au maximum, dans une cornue de
verre : on obtient 13 y de fulfure ; il fe dégage du
gaz fuifureux , & ensuite l’excès du foufre qui
n\eft point entré en combinaifon.
L ’oxide au minimum fe comporte comme l’oxide
au maximum j 100-de cet oxide donnent m .
de fiilfure. t \
' À une température fufHfantè , i’attraéiion du
foufre pour l’oxigène eft donc plus grande que ;
celle de l’antimoine pour le même principe : à
cette température le foufre libre ne pourra donc
reiier en préfence de l’oxide d’antimoine fana le
réduire à l’état métallique. Quand le foufre eft
en excès, tout l’oxide eft réduit; quand il n’y en
a pas affez pour opérer une réduction complète ,
alors on obtient du fulfure et antimoine, plus de
l’oxide au minimum 5 & comme ces deux com-
pofés peuvent s’unir, il en rélulte une maffe homogène
que M. Prouft cohüdère comme une dif-
folution de fulfure d’antimoine dans une quantité
d’oxide au minimum qui peut varier, 8c non
comme une combinaifon de foufre 8c d’oxide d’an-
timoinè 5 voici les faits’:
i ° . Quand on chauffé de l’oxide d’antimoine
au minimum avec de l’antimoine métallique , il
ne. fe produit aucun changement ; l’oxide & le
métal relient en fonte tranquille , fans fe combiner.
2°. Quand on fond 24 parties d'oxide au minimum
& 1 de foufre , on obtient du gaz ful-
fureùx & un verre tranfparent d’un beau rouge
de rubis bien fondu; qui peut fupporter une température
très-élevée , fans éprouver aucune altération.
Le gaz fuifureux qui s’eft dégagé prouve qu’il
y a eu défoxigénation ; & comme l’antimoine
chauffé avec l’oxide au minimum ne lui fait fu-
bir aucun changement , il en réfulte que la quantité
d’oxide qui a été réduite par le foufre, l’a
été complètement. Il faut admettre de plus que
l'oxide réduit s’eft uni à du foufre; car la pro-
duéïicn de l'acide fuifureux 8c celle du faCfure
d’antimoine qui a lieu entre le foufre 8c. le métal
de l’oxide au minimum , font une fuite l'une de
l’autre; 8c ce qui le prouve encore, c’eft que fi
fout le foufre avoir été employé à la réduétion
d’une partie de l’oxide , on auroit dû obtenir ,
non une malle homogène & tranfparente, mais un
culot d’antimoine 8c une couche de l'oxide non
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réduit,comme dans l’expérience où l’on a chauffé
cet oxide avec l’antimoine ; enfin, ce qui ajoute
la dernière preuve à ces raifonnemens, c’eft que
fi l’on chauffe dans une cornue 8 parties d’oxide
au minimùm & i de fulfure d’antimoine , on obtient
une matière vitreufe tranfparente, & point
de gaz fuifureux.
D’après cette théorie, qui eft immédiatement
déduite des faits, il fera facile de claffer ces corn-
pofés antimoniaux, appelés rubines , foies, crocus,
& c ., que l’on préparoit en calcinant plus ou
moins du fulfure £ antimoine, & en chauffant en-
fuite ce fulfure grillé , avec ou fans addition de
foufre ou de fulfure d antimoine. Ainfî , on vient
devoir que M. Prouft avoir préparé une matière
vitreufe tranfparente, en un mot, une véritable
rubine , en chauffant 8 parties d’oxide au
minimum avec i de fulfure; il a formé un crocus
ou une rubine opaque en chauffant 3 parties
d’oxide & i de fulfure, & un vrai foie d’antimoine
en fondant 2 d’oxide & 1 de fulfure. Dans
ces deux dernières expériences, comme dans la
première , il n’y a' pas eu de dégagement de gaz
fuifureux.
11 fuit de là que les rubines font des diffolutions
d’un peu de fulfure dans une grande quantité
d’oxide 5 que les crocus diffèrent des rubines en
i ce que l’oxide a diflous plus de fulfure , & enfin ,
que les foies diffèrent des crocus par plus de fulfure.
Quant a ce qu on appelle verre d’antimoine , ils
ne font, ainfî que je l’ai démontré, que des rubines
qui ont été tenues affez long-tems en fu-
/fion dans des creufèts de terre pour diffoudre de
la fiiiee & de l’oxide de fer.
L’oxide au minimum , chauffe avec les quantités
fuffifamés de foufre, donne naiffance aux
mêmes produits que l’oxide au minimum chauffe,
avec le foufre ou le fulfure d!antimoine, avec cette
différence qu’il ne peut diffoudre de fulfure qu autant
qu’il a été réduit au minimum ; de forte qu’en
chauffant du foufre ou du fulfure avec cet -oxide,
il y a formation de gaz fuifureux & d’oxide au
minimum ; & quand il n’y a pas affez de foufre
pour abaifïer tout l’oxide au minimum , il ne fe
forme pas de fulfure; tout le foufre eft converti
en acide fuifureux.
Le fulfure d‘antimoine eft formé :j
Prouft. Berzelius,
Antimoine.. . . . . . . 100 . . . . . . . . 100
s °ufte .........3 ; . . . . . . . . 37,2;
Sulfure d’argent. On trouvera aux pages 267
& 3S4 terne II de ce Dictionnaire , l’expofé
des principales propriétés de ce fulfure.
Le fulfure d’argent, fuivant M. Prouft,, eft com-
pofé.:
Argent.................................................... , 0o
Soufre............ ............u , ......... ............ ... 13 [
S U L 221
Suivant M. Berzelius :
Argent.................................... .............. 100
Soufre...................................................
" Suivant M. Klaproth :
Argent................................................ 100
Soufre........................... .................... .. 17)^1
Suivant moi :
Argent.............................................. » ioc>
Soufre..................................... ............ I4>5Û
Nous ajouterons quelques, détails fur les mines j
d’argent rouge, Jufqu'à l’époque où M. Klaproth
fit l'analyfe de pluiieurs de ces mines, on avoit
toujours penfé qu'elles étoient toutes formées de
foufre , d’arfenic .& d’argent ; mais M. Klaproth
chercha à démontrer que l’on s’étoit trompé , 8c
que l’ on avoit pris l’antimoine pour l'arfenic. Plu-
jjeurs analyfes que je fis*, confirmèrent l’exiftencè
de l'antimoine dans lés mines d’argent rouge, &
prouvèrent que ces mines, qu’on avoit. regardées
comme étant arfenicales, ne contenoient qu’un
atome d’avfenic. M. Sage & M. Prouft ont annoncé
, depuis le travail de Klaproth & le mien ,
des réfultats .qui,ne permettent pas de douter de
l’exillencede mines d'agent rouge entiétsmenç
arfenicales.,
L argent rouge que M. Prouft analyfa , étoit
une combinaifon de fulfure^ d’argent 8c de fulfure
d'arfenic. Nous allons expofer les faits principaux
qu’ il a obfervés 8c confignés dans un Mémoire
Imprimé dans le tome LIX du Journal de Phy
faite, page 403. ,
Cette mine, chauffée dans une cornue, décrépite
& perd 1, quelquefois deux d’humidité ; fou-
vent elle dégage .un peu d'acide fuifureux aux
premières impretfions de la chaleur, mais cet acide
vient de l’air des vaiffeaux: un peu d’eau ou
d’oxide de fer a cédé de l’oxigène au foufre ;
il fe dégage enfuite un peu d’ orpiment ; la cornue
chargée de là mine ne perd pas un gram de fon
poids. .
. Cent parties’de mine defféchées, puis mêlées
à, cent de foufre, 8c chauffées jufqu’à ce qu’on
ne voie, plus de vapeur jaune , n’augmentent pas
de poids, ,& ne donnent qu’un foupçon d’acide
fuifureux. Cette expérience prouve que dans cette
mine les métaux font fatuvés de foufre , & qu’ils
font à l’etat métallique ; car à une haute température
les oxides d'argent Se d’arfenic ne peuvent
difputer l’ oxigène,au foufre.
L’ acide nitrique à 8 0 attaque cette mine ;
il la noircit. Si l’on fait cette expérience dans un
flacon fermé , ori s’apperçoit, lorfqu on le débouche
, qu’il y a eu du gaz nitreux de dégagé.
Pour compléter la diffoliition , il faut un acide
de 3 3 ° , & faire bouillir pour Oxider la dernière
portion de fulfure : le réfidu de cette diffolution
eft formé de loufre, de fable 8c d’un relie de fulfure
j il faut le brûler fur un telfon de .porcelaine,
5c le reprendre enfuite par l'acide nitrique.
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La diffolution contient, outre le nitrate d'argent,
un peu de fulfate 8c d’arfenite de cette bafe : c'elt
cette dernière combinaifon qui fe précipite en
partie quand on étend d'eau la diffolution. On
précipite l'oxide d’argent par le muriate de fonde, .
8c on obtient 86 de muriate contenant 64,66 d’argent
métallique; cette quantité répond à 74,33
defulfure. La diffolution, privée d'argent 8c fuufa-
turée d’hydrogène fulfure, laiffe d’abord précipiter
une portion de fulfure d’arfenic , lequel provient
de l’arfenic qui étoit à l'état d’oxide ; fix
heures après que cette portion eft féparée , il s’en
! dépofe une fécondé , laquelle provient de l'arfenic
qui étoit à l’état d’acide. Le fulfure d'arfenic ,
ratremblé 8c defféché dans une cornue , pèfe de
24 à 23.
Il n’y a rien de plus facile que de diftinguer une
mine rouge antimoniale d’une mme rouge anie-
nicale. Ainfi, nous avons vu que l’acide nitrique
finiffoit par diffoudre complètement, ou à peu
près, la mine' arfenicale ; que cette diffolution
précipitoit du muriate d'argent par le muriate de
fonde, 8c enfuite du fulfure d’arfenic par l’hydrogène.
Il n'en eft pas de même d'une mine antimoniale:
celle-ci, traitée par l'acide nitrique,
ne s’y difiout qu’en partie ; il relie de l ’oxide
d’antimoine mêlé prefque toujours d’un atome
de mine non attaquée. Cet oxide fe diffout avec
facilité dans l’acide muriatique, 8c la décompofî-
' tion de ce muriate par l’eau 8c le précipité jaune-
orange qu’il donne avec l’hydrogène fulfuré , le
cavadtérife affez. Quant à la diffolution nitrique,
on y trouve.de l’argent qu’ on précipite par le mu-
tiate de fonde , & enfuite un atome d’oxide
d'antimoine qu’on peut féparer pu, l'hydrogène
fulfuré.
M. Prouft a vu que le moyen d’analyfer les mines
d’argent rouge antimoniales, que j’ai propoté,
étoit applicable aux mines arfenicales. Ce moyen
cor,fille à traiter ces mines par la potaffe çauftique.,
Le fulfure d’argent n'ell pas diffous , tandis que
celui d'antimoine l’eft pour la plus grande partie ,
& , fuivant l’obfervation de M. Prouft, celui d’arfenic
l’eft complètement.
Sulfure d’arsenic. Il eft dit dans ce Dictionnaire,
à l’article Arsenic, tom. II, pag. 431
8c 433, que les fulfurcs connus fous le nom
d’orpiment 8c de réa/gar font des combinaifons
d’oxide, d’arfenic 8c de foufre, 8c que le premier
diffère du fécond par plus d’oxigène. M. Prouft
a démontré le peu de fondement de cette opinion,
en.faifanc les expériences fuivames : il a
chauffé de l'arfenic 8c du foufre dans une petite
cornue.; le métal s’eft.parfaitement fulfuré; il a
chauffé enfuite dans une cornue, un mélange d’oxide
, d'arfenic 8c de foufre ; il y a eu dégagéme nt
d’acide fuifureux, 8c enfuite produttion de fulfure
d’arfenic. Les conséquences de ces expériences font