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Z lN C . Le É p eft un métal que les^anciens
Grecs & Romains n'ont point connu à l'état de
pureté, quoiqu'ils fiffent un grand ufage de fon
alliage avec le cuivre, & qu’ ils euffent remarqué
qu'en chauffant la mine de ijnc qu’ ils appeloient
cadmie , au milieu des charbons ardens, il s’en
dégageoit une fumée blanche qui pouvoit fervir
en médecine. Vers la moitié du treizième fiè-
c le , Albert-le-Grand le défigna fous le nom de
niarcajfite d'or y & au commencement du feizième, ■
Paracelfe en parla le premier fous le nom de iinc.
Le iinc a une couleur grife bleuâtre ; il eft formé
de lames brillantes, ainfï qu’on peut le voir en
brifant un morceau de ce métal d’une certaine
épaiffeur ; il n’a pas d’odeur bien fenfible ; il n’eft
pas dur ; aufli ne peut-on le divifer au moyen de
la lime.
Il eft duétile; mais pour reconnoître cette propriété
, il faut le foumettre à une preflion graduée,
qui foit répartie également fur tous les points de
fa fur face. Quand il eft chauffé à la température
de l’eau bouillante, on peut le réduire en feuilles
en le battant au marteau , & ces feuilles peuvent
être réduites dans un affez grand état de minceur
au moyen du laminoir. Le zinc ne peut pas être
tiré en fils très-fins : il paroît que fa ftruêture la-
melleufes’y oppofe. ;
Ce métal n’a pas une grande ténacité , car un fil
de deux millimères de diamètre ne peut fupporter
qu’un poids de 12,72 kilogr. , fuivant Mufchen-
broeck. - .
Sa pefante'ur fpécifique eft de 6,861 a 7 , 1 , d a-
près Briffon.
Action du calorique fur le line.
Le line fe fond à 301,11 centigr. environ ; ainfi
il ne rougit pas avant d’être en fufion : à une température
plus élevée, il fe volatilife ; cette propriété
donne le moyen de le diftiîler. Le iincy à
une température voifine de la fufion, eft très-caf-
fant; c’eft pour cette raifon que, quand on veut
Je divifer, on le fond dans un creufet de terre,
on le jette enfuite dans un mortier.de fer; il fe
fige promptement, & auffitôt on le triture avec
un pilon; en le tamifant enfuite, on parvient à
l’obtenir en poudre fine.
AU ion de Pair & de Veau fur le fine.
Le iinc expofé à l’ air à la température ordinaire
fe recouvre peu à peu d’une pellicule grife , qui
eft un oxide au minimum, fuivant M. Berzelius;
cette pellicule pré fer ve les parties qu’elle recouvre
de toute oxidation ultérieure. Si le line a le
contact de l’air quand il eft fondu, il s*oxide rapidement;
& fi la température eft fuffifamment élevée,
il brûle en dégageant beaucoup de lumière
& de chaleur , & une fumée blanche qui eft de
l’oxide de line. Comme cet oxide eft d’un beau
blanc & très-divifé, les Anciens l’avoient appelé
nihil album , lana pkilofophica. Les phénomènes
font les mêmes avec le gaz oxigène, avec cette
différence qu’ils font plus marqués.
Le iinc ne décompofe l’eau que très-lentement
à la température ordinaire; mais à la température
rouge, la décompofition eft rapide, le line s’oxidë
& il fe dégage du gaz hydrogène. Pour faire cette
expérience, on met du imc dans un tube de porcelaine
; on place celui-ci au travers d'un fourneau
de réverbère ; on adapte à une de ces extre-.
mités une petite cornue remplie d’eau, & à l’autre
un tube coudé qui va plonger dans un flacon. Ce
vaiffeau doit être placé dans une terrine, afin
u’on puiffe le refroidir par un mélange de fel &
e glace lorfque l’opération eft en a&ivité, Ce flacon
porte un fécond tube qui va porter le gaz hydrogène
fous une cloche pleine d’eau. On ne doit
faire paffer l’eau fur le fine que quand celui-ci eft
rouge dè feu ; mais il faut éviter de le chauffer
jufqu’ au point de le volatifer.
Aftion des acides fur le line.
L’acide fulfurique concentré à froid n’a prefqus
pas d’action fur le line, mais à chaud., une portion
eft décompofée en oxigène qui fe fixe^ au
métal, & en acide fulfureux qui fe dégage à l’état
de gaz ; en même temps que cette décompofition à
lieu, la portion d’acide qui ne fe décompofé pas
s’unit à l’oxide de line pour former un fulfate : il
arrive fouvent que l’eau, qui eft toujours contenue
dans l’acide fulfurique, eft en partie decompo-
fée ; elle contribue donc à l’oxidation du [inc. L ’acide
fulfurique à dix degrés diffout le i)nc en totalité
s’il eft pur. On obtient alors du gaz hydrogène,
l ’acide n’étant pas décompofé. Si ce line
contient de l’arfenic, du cuivre & du plomb , ces
corps reftent fous la forme d’une poudre noire.
L’acide fulfureux diflout le iinc ; il fe produit
alors un fulfitë fulfuré, parce qu une portion d a-
cide eft entièrement décompofée ; tandis qu’elle
cède fon oxigène au métal, le foufre s’unit ay fui-
fite qui eft produit.
L’acide nitrique à douze degrés diffout le jgnfcgj
en dégageant du gaz acidulé d’azote & du gaz nitreux;
U fe forme un nitrate; quand l’acide eft
concentre,
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Cencentré, il fe dégage du gaz nitreux & du gaz
azote.
effervefcence.
L acide muriatique diffout le line en dégageant
du gaz hydrogène.
L acide fluorique attaque le iinc ; il y a également
dégagement de gaz hydrogène.
L acide phofphorique aqueux diffout le lincj
le métal s’oxide alors aux dépens de l’air.
En chauffant du line & de l’acide phofphorique
concret, une partie de ce dernier eft décompofée
en phofphore qui fe volatilife, & en oxigène qui
fe fixe au métal ; la partie non décompofée s’unit
a l’oxide & forme un phofphate.
Prefque tous les acides végétaux attaquent le
Une ; l ’oxidation a toujours lieu aux dépens de
l’eau qu’ils contiennent.
AU ion des alcalis fur le line.
La potaffe, la foude& l’ammoniaque, unies avec
le yinc très-divifé, le diffolvent à la manière des
acides; le métal s’oxide aux dépens de l’eau ; il y
a dégagement de gaz hydrogène, & combinaifon
de l'oxide avec les alcalis.
Oxide de line,
L e line paroît être fufceptible de s’unir, à
l’oxigène en deux proportions.
Le premier oxide eft d’un gris-bleuâtre ; il
fe produit lorfque le zinc eft expofé à l’air humide
ou lorfqu’il eft éleêtrifé pofitivement. Cet
oxide n’eft pas fufceptible de_ s’ unir aux acides.
M. Berzelius eft le feul qui ait parlé de cet
oxide.
Le fécond oxide eft beaucoup mieux connu que
le premier ; il fe forme toutes les fois que le line
brûle rapidement, & qu’ il eft diffous par les acides
& par les alcalis ; il fe forme encore dans le cas où
le métal décompofe la vapeur d’eau. Pour l’obtenir
à l’état de pureté , on diffout du line dans de
l ’acide nitrique, on fait évaporer la diffoiution à
ficcicé; par ce moyen on fépare le fer qui eft prefque
toujours contenu dans le line du commerce.
On traite le réfidu de l’évaporation par l’eau; le
nitrate de g$ | fe diffout, & l’oxide de fer eft fé-
paré. S ija diffoiution retenoit du fe r , ce qu’on
reconnoîtroit avec l’infufibn de noix de galle qui
développeroit une couleur bleue, on évaporeroit
de nouveau à ficcité ; enfin, quand on auroic obtenu
du nitrate de line , on le, décompoferoit par I
le carbonate d’ammoniaque ; on filtreroit, on la-
veroit le carbonate de iincy & enfuite on le décompoferoit
dans un creufet de platine.
On peut encore obtenir l’oxide de line par la
combuflion du métal, mais il contient prefque toujours
du fer.
Cet oxide eft blanc, inodore & infipide.
J1 eft fixé aii feu; le feul changement qu’il
éprouve de la part du calorique, eft de prendre
Chimie, Tome VI,
une couleur jaune ; par le refroidiffement, il redevient
blanc. MM. Clément & Déformes ont
prétendu qu’il perdoit de l’oxigène par la calcination.
Il eft infoluble dans l’eau & inaltérable à l’air.
Cet oxide eft diffous par les acides fulfurique ,
nitrique, muriatique, acétique, &c.
| §1 réduit, par le charbon, à l ’état métallique ;
c eft même .par ce moyen qu’on obtient le iinc
métallique des mines oxidées, qui portent le nom
de blende. Le charbon fe convertit en grande par-
tie en oxide de carbone.
E eft réduit, par le foufre, à l’état métallique ;
il fe dégage du gaz fulfureux, & il fe produit du
fulfure de {iw. ( Voyei S u l f u r e d e z i n c . )
L oxide de iinc s’unit à l’eau & forme un hy-
drate blanc 5 on peut préparer ce dernier en précipitant
du fulfate de line par l’ammoniaque ; il
faut avoir l’attention de ne pas mettre un excès
d alcali, parce qu'on rediffoudroit l’hydrate. Il
paroît que l’oxide de iinc , qui eft difious par un
alcali, l’eft à l’état d’hydrate.
f. hydrate de çine perd fon eau à une très-douce
chaleur.
L’oxide de çinc n’eft pas réduit en fulfure par
1 hydrogène fulfuré , mais il s’y unit & forme un
hydrofulfure d’une couleur blanche-jaunâtre.
Cet hydrofulfure fe réduit, par la diilillation ,
en eau & en-fulfure; d’où il faut conclure que
l ’hydrogène fulfuré eft à l'oxigène de l ’oxide, dans
le rapport où ces corps forment l’eau., ce que d’un
côté le foufre & le £inc fe trouvent dans celui qui
confirme le fulfure.
L’hydrofulfure de [inc eft décompofé par prefque
tous les acides ; l hydrogène fulfuré fe dégage
alors.
Cent parties de iinc abforbent vingt-cinq par*
ties d’oxigène.
ASiatt des combufiibles fur le \inç.
Le line s’ unit au phofphore. Pelletier a formé
cette combinaifon en projetant du phofphore fur
du line en fufion qu’il avoit recouvert de réfine,
afin de préferver le métal de l'oxi.lation.
.Ce phofphure eft blanc &: un peu malléable,
fuivant Pelletier.
Lorfqu’on le calcine avec le contaél de l’air. il
fe réduit en phofphate.
Le line métallique ne s’unit que crès-J-fK;nieraient
au foufre; mais I on peut préparer ce comp
t é en chauffant du (u h t avec de l’oxide de
i m c , ( V o y e i SuLiU’ E DE Z U ' Ç .)
Le line ne parorc pas fufceptible de fe combiner
avec le charbon.
Le line s’unit à l’antimoine par la fufion. L’alliage
eft dur & caftant; il eft gn.-bleuâtre; il y
a expanfion dans le volume des deux métaux.
Le line forme un alliage bleuâtre, caftant avec
1 argent.
Y y