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vrai que les E%rqpèens nouvellemeut arrivés-: ont: de la peine à s’en accommoder
, mais, aveç: le texnssüs- bien; qu’ils en oublient les
premiers, „-orrnt 8BK?il|lfjf i l ut
Ce Climat eft trop humide & trop chaud pour que l’Orge, le. Fromen,t
& autres femblables grains y viennent bien : mais en revanche pn y recueille
quantité, de Maïz & de Ris. Un boiffeau de Maïz femé au labour
en rend cent à la récolte./ - Ce Blé Indien fert non feulement à faire
le Bollo *, qui tient lieu de pain dans toutes ces Contrées, maisauffi a
engraifler les porcs &.la volaille. : : ..... -- ' . .,
Le Bollo de Maïz n’a aucune reflemblance avec le pain de froment , ni
pour la forme, ni pour la couleur, ni pour le goût. J1 a lafigure d’un
gâteau ; il eft blanc, mais fade & infipide. La maniéré' dé faire.’le. Bol/a,
c’eft de fairetremperle Maïz f & de l’éerafer enfuite. enirré deux pierres;
après quoi à forcé de le broyer & d e le changer d’eau, envient about
d’en féparer la peau ou goufle qui i’enveloppoit. L’ayant bien nettoyé,
on le paîtrit, & puis on recommence à le moudre comme auparavant. En-
fuite on l’enveloppe dans des feuilles de Plane ou de Fijahua,u.qaon met
dans des pots pleins d’eau.auprès du feu pour- les cuire. Etant, cuits on
les retire de-là pour manger. Cette efpéce de pain ne'fé Cotiferve pas
longtems, paffié.24 heures il devient pâteux & n’eft point du tout bon. à
manger. Dans les bonnes maifons on paîtrit le Bollo avec- du lait, & il
n’en eft que meilleur ; mais jamais on ne peut parvenir à le faire leven,
parce que les; liquides ne peuvent bien le pénétrer , & qu’il ne change jamais
fa couleur naturelle ; par conféquent il ne prend aucun -goût étranger,
& conferve toujours celui de la farine de Maïz.,
Outre le BollüJ ü y a d’autres éfpéces de pain dont les Nègres-font un
grand ufagé: ils l’appellent Cqffave. -Ce pain eft fait de5facine_s^*Tî<car
de Nagmes,& de Manioc. La première chofe qu’ils font, c’eft de‘dépouiller
ces. racines de -leur première peau, & enfuite de 4es.,grager. fur, ui|p
gragè ou râpe de cuivre de quinze à dix-huit pouces de longueur. Leur
fuhftâhée-fefttouvahjt rédjSte exï une^fariÉ^ fèijiblable fà la jroflé fciurê
eft jettée dans de l’eau pour en ôter un lue âcre & fort qui eft un vrai
poifon. On change fbuventTeau pour filtrer cette, farine & enlever ce
fuc malin ; après quoi on la fait fecher & on-la paîtrit en façon dé foüafTe
ou de gâteau rond-de deux piés de long, & d’environ autant de diamétre,
. fc'Soffie de gâteau oa de petits pdns. ' •" . “ •> .
f Le Maïz ou.Mahis.çft.lg même grain qu’on nomme quelquefois Mil, & quelquefois
Blé de Turquie. Mot. du Trad.
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rie, fur quatre lignes d’épaifleur. Il les font cuire dans de petits, fours fur
de grandes plaques de cuivre,, du fur une efpéce de briqüe. C’eft une
nourriture fort fubftantieufe, mais fade. Elle fe conferve longtems -fans
fe corrompre. On y trouve au bout de: deux mois le même goût que le
premier jôûi-, excepté qu’elle fe durcit. >:
Quoique le Bollo <8c la Cqffave foient le principal aliment des Habitansy
ils x i laifferffipas de fe régaler demain de fromekîmàis coinmeil faut que
là fariné en vienne d’i^Æ^K5,onpedtcroire.qu-il n eft pas a bon marche.
Il ri’y a guéré'que leèr'Jgâ»rtÿ^«p!èia4)is 4uélqtpS'Cfé?|er qui’
en mahgeîit en prenant’le dacao'1, o'û en mangeant des coftfitdres au caramel,
qtxi èftda feülè occafiôè' oh ils’ fie peuvent- s’en pafler? Dans tous
leurs autres repas la coutmhe a jetté parmi eux dès le berceau ' de fi pfo^ I
fondes racines,: qu’ils ne balancent pas de nréférerle pain de fro- ■
• -Rs iferit oiéofe d’autres fatifféries'de'totarîftè de' Maïz, & en Compo--*
fënt divef^ïhfets, auffi bons poux la. faute que le Bollo qui né fait jamais.
trial à ceux qui -y font- accoutumés*”*
":^lrélés®mSè? dbüénëUs véfiéîis dé pàrleryfe térroirt produit beau*-
côtrp* de Câmdffs~\ qui Wftemblent fefet aux Patâtes denMaîap pour leo
g oe f - ma& ûh-|iett diffé-rëntè, car- elles-font Jgifqûfet fp ié s ;
&leur fùpèrflfeie ‘rabotteufe. Ils en font des confervesyn& ;s’eh fervent
côffitaede Mgùniés clans leurs ragoûts! Né’ântiidfos - CofiMè *cètte racîhe
y,.eft fort- coriùnuîië^mlsl’enï tàrèrfÈ pas ‘todt l ’avantage^ qu’ils pourraient j
il y a. apparence quë^Sils Tèfep^fbîfet' dàns^'Ci^^S elé*- àprbit 'meilleur:
goût qu’étmt'farté dé racines- fades 'de fôi-même. •
Les. Carin^s dë'-fu'eréfpniéh-fi p^dé-àbbiMâhCë-iàns Cè --Pays-là, que
lé miel y pêrdiè'fôn prix. Uh partie dû ^us^Eé '‘ées- -cainnes1 eft Convertie
en^Hu' dé vie pour le mieux débiter.1 Au-re'fte- ellës croiflènt fi promte-
meftt qu’bTPl!é§ peut couper deux fois jfar an’, & leur verdure'Variée é-
gaye les caftipaghés. si -
-Il j a auffi beaucoup de Cùtomèrs," dont les uns font-plantés & cultives
, & Ce foïh^ëé'Ûiefflèifrs ; des‘autres font'pfoduits par la 'Fertilité naturelle
de la terré. Le Coton des uns* & sdéFïutres‘ étant filé fert à faire
toufe forte d’ouvrages tiffirs,-dont les Négres des Haciendas & les Indîensr
s’habillent.
. Le C'àiïaôitèr ;ft^à^èorcîs etê- îa Ri^dere-dè laîUu-;'
dèlaine, J&'eh dtluÜÆs’ Reh^>eénvenhblés,a'%et arbre. Le -Cacaotier- de
Cdiiéagénet,eR. leLplus^ftijpé.^, tant parce que le fruit en eft plus gros que
' celui