graviflànt pendant quatre heures entières. Une agitation'fi viblente,-jointe
à la trop grande fubtilité de l’air, nous ôtoit les forces & la relgràtion.
J’avois déj à monté plus de la moitié du chemin lorfque harafle de fatigué,
& ne pouvant plus refpirer, j e tombai fans cprmoiirance^& preiqu’ëtouffé.
Get accident 'm’6blijgea,Jôrfqué je me trouvai unpèu mieux, de^defcendre,
au pied de la Roche où étoient reliés. nos Inftrumens & nos DomeftifueSj
& de remonter le jour fidvant, à quoi j ’aurois.tout auffi peu réufli fans
le fecourstierquelquë& Indiens,, qui me foutenoient dans les endroits les
plus efcarpés & les; plus difficiles. :
- L ’étrange manière de vivre à laquelle,.nous fûmes réduits pendant le
tems que nous employâmes à mefurer géométriquement la Méridienne-,
mérite qu’on en donne, quelque idée. - C’èft ce que fera .un récit;..abrégé
de ce que nous eûmes àfouffrir au Pichihcha... Car toutes les autres Montagnes
&:Roches étant;prçfque. également fusettes .aux injtue.s,du. ftoi^i
& des' vents £ fl fiera aifélde.juger djUr.eéurage..& de la .opnfltgpge <Jont jl,
falut nous armer pour ne point abandonner un travail qui nous, expofoit
à diverfes incommodités des moins fupportables, & fouvent^même à un
Mngerjévidenf die périr. Toute la ^jKrence qui s’eft trouvée egt^cesjbi^
tes d’endroits, çonfiftoit dans, le plus ou le moins.cfélqigpement des vivres,
& dans le degré d’intempérie qui devenoit plus oum°ins fenfihle.i fuivant-
la hauteur, des lieux, ou la^ cOnfiimtipn;des.tems où ilnoug -yfalloitmonter.
Nous nous tænions ordinairement dans la cabane, tanf à-.çaufe.de la
rigueur du froid & de la violence des vents, que parce que nous, étions
continuellement enveloppés d’une nuée fi épaiffe, qu’elleàpe inpjus per-
mettoit pas dgivoir un objet diftin&ement à la- dilbance de*7 . ou 8.
pas. ^Quelquefois, pourtant ces ténèbres cefloient_& le Giel,^’éela^-
ciffoit, ?‘lorfque les. nuages s^affaiflknt par. leur, propre poids, tdefeen-
doient au_col.de la Montagne & 1-environnoienr-fauv^.tide .prèsquelquefois
à une aflèz^ grande diflance; alors ces-nuages paroiflbignt çjpjg£.
me une ya|te,Mer _ap;milièqj de. laqueflejnqtre Rocher., s^fje^it,^comme
pne Ile. Npuscntendions le bruit des orages qui .crevoient fur, la .Ville
de Quito & furdes environs-; npusrvoyjphs partir la foudrer.(& les éclairs
fort au-deffous de nous, & pendant que-jJps porrens de pluye inpndoient
tout, le Pays d’alentour, nOTs jouiffio^-d’une, paifible férénité. En effet
pendant ce,tems-là npus ne f§ntipns,pre§que.pqint d§: yent-, le Ciel étojt
clair., & le Soleil, dont .les rayons n’ëtpiçnt plus interceptés, tempéroit la
froideur de,jees; Lieux. Mais aufli cetoit tout Je contraire, quandiles nuages
étoient élevés j leur çlçnfité nous rendort la refpiratipn fort dlffiçpiê»
' ■
la neige & la grêlé'toîrfbôient continuellement par gros flocons, la violence
des vents-nous faifoit Appréhender à tousmomens de nous voir en-
levés-avèc^notre habitation; & jet.tés'dans quël^ue abîme, ou de nous
trouverbientét erifévelis four les glaces & les neiges qui s’ammoncelant
fur lé toit pbüvoiëntî'- Crouler -avëcUüi fur nos .têtes.
# La-fordé'dés vehV'ëtbifc tElle que la viteffë avec laquelle gj§ faifoieht
courir‘les liüeïte ëBlouifMt -les yëü£. Le^craquement des Rochers qui fe
détachoient & qui- ébranlbiênt' efo'tombànila pointe'ou mous -étions, aug*
mentoit eneoïë^fs frayeurs. >-IÎ"étôit' ’d’âütârit plus frappant , que-jamais
' aucun aùtre bruit ne s’ën-teridoit dans cësf Deferts j aufli n ÿ avoitûl point
de fomftiéïl qui pûiyltéh^éndmMèMuks.^- 'f 7* ^
- Lorffuaé téms étoit-un'peu tranqtfillé|^^^^ portés
fur les auttës-Montagtfës où rioüs-:dëjipnsfaHp^s^^éf^âtibhs,nàûS
ôtoient le moyen J y vaqùer', nèùs Toftioris-dë - nbtre d^m'e pôur’ faiifé
quelqùev exercice q[m hbu^éèhaùffâVim peu. Takôc nous’ geTélndrons &
remontions un petit efpàce ,\mntôtM^s-n©àsamu#01r ftire rouler de
grbs'caillçmx dtsRocfîeren'bas, & héû^prodyiôâsI^ècétonnelM^|ue
foutes mos forcés' réunies-pouvoiënt à^péiriè égarer celles dé> vents à cet
egard. Au-reffie nous nwqnsnous ' écàreér^bëaùcbu|i | é ja 'pointe'de^no-
tre-Roche, afin d’y pouvoiff-reyenir >p;f®n&e^|nt!dës-què les nuages
commeriçbient à s’en emparer, ainfi qué câè-âfrrvdfbféüvèht &fuBitément.
\ -La -porte-de de câhf de-j3oeSf^& en dedans
nous lavions 'grand fo’lh dë^Bbxfelïèr tous les trous, pour empecherle vent
d'y ‘p é n é t r e rQ u o i q u ’elle ’ fût *-biën %;pÿé?è‘ de pÿifê I? vènt^ne
laifloit pas- â e-sy -ir ltro d ë â sJ^ ^ o^ ^ s^ 'n o s^ ë fiè sWè fufEfant pas
à'Fen bannir entièrement. SbùVénîiSîëi'jours par 'leuf’^tiifee bbfcurité ne
fe diftin'guoient point, des nuits & tbtrte? là clarté que nbus avions Vendit
d’tïnë'bu dêu'x'lampes, que ÿous tenioifedbujours alluméés_, pour nous re-
connoître le^ i^ tIes'autres, "amfJ-qfqe tenïs k Qiiëlfjirp ‘ïec-,
tUre. La nétiteîfe# M cabafiesîfëmpHe de'peflonl^- &^^ch|lèur _qu^
Ôdniîoiént lSs^îampesq abus laifloffiffi encore fiâns la hé'lêffité d avoir cha-
vCunune chaufFérëgt^l? |our „fe'fhpé^r^'■ : froid^' Aveç’ces’pré-
cautions nous- noüi fê?É)hs%.o‘f Ses' dé ^|ï^àure^n<MB Savions été côn-
’ tifîùèïlement dâns^un dàfiger^Fbchàih & fftibutes les fqjs 'qu’il
neige bit nous n’avions été!*ebli(gés. db_fort|r!He notre^Hute munis de; pèles,
pour décharger lb'-teit de Ihfneïg'é-qui's’y ènta-floit, -fanir <|uof-il fe feroit
affaifle fbûs ce-poidsT^Gë n’eft- pàS£-que,^âs tféffiohs’ des' DomeftiqueS
i&des Indiens qui auroient pu faire cet ouvrage 5 mais ils étoient fi en-
5 b 3 • gour