A n X .
Frimaire.
se brisaient en mille éc lats, et faisaient des
bonds prodigieux avec un bruit effrayant, que
répétaient de longs et graves échos.
Des nuages plus’ épais que tous ceux des
jours p r é c é d e n sd ’une blancheur éblouissante
e t apportés par un vent extrêmement froid ,
nous dérobèrent le spectacle que le soleil avait
éclairé de ses premiers rayons. L e thermomètre
était à 8°.
Qui pourrait imaginer que sur le point aride
et glacial où nous étions parvenus à travers
tant de fatigues et même de dangers, l ’amour
de la liberté pût attirer de malheureux marrons
? En cherchant dés échantillons de laves
dans le sol aréniforme du sommet le plus élevé,
sur le piton des Neiges je trouvai des traces
toutes fraîches d’un pied nu : ces traces semblaient
s’être élevées par un ravin étroit depuis
le fond du bras Salaze jusque sur la Crète du
mont ; elles disparaissaient par un précipicë
encore plus dàngereux.
C ’est en vain que je tentai de continuer à
visiter la crête du Gros-Morne, et de la suivre
dans toute son- étendue jusqu’à la fenêtre de
la rivière de Saint - Etienne. Au lieu où la
jnontagne tourne et prend la forme d’une arête
extrêmement aiguë, une cassure profonde iiirterrompt
toute communication, mais elle 11e
prive pas du coup- d ’oeil.
Elevées comme des murs perpendiculaires,
on découvre sur les flancs du mont un grand
nombre de couches, dont plusieurs semblent
reparaître dans la coupée du Brûle de Saint-
Paul. Beàucoup de ces couchés sont minces,
grisâtres; d’autres sont jaunes et plus épaisses;
quelques-unes sont blanches : toutes sont horizontales,
ou à-peu-près. Il me fut impossible
de découvrir de quellès substances elles étaient
formées ; elles présentaient, à - peu - près le
même aspect que les veines parallèles de certains
marbrés ; si je n’eusse été à Bourbon où
tout ce qui est élevé au-dessus du niveau do
la mer, a été fondu , j ’eusse été tenté de
croire que ces lits n’étaient pas de matières
volcaniques.
C ’est ici' que ces laves trappéennes, dont
nous n’avons pas trouvé de filons dans la montagne
du volcan actue l, se présentent sous
toutes les formes et en quantité prodigieuse
sur les flancs, du Gros - Morne. On en remarque
qui ne paraissent pas plus gros que
des cordes ; d’autres ont la mêine épaisseur que
les couches blanches et jaunes de la montagne.
Ces filons traversent sans ordre tous les lits ;