mesquine, parce qu’on juge toujours par corn-»
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paraison, et que le premier requin que ) ai
vu était d’une taille gigantesque. Il fut pris
au port Nord-Ouest, au lieu même ou mouil
lent les navires, et très-près des quais. C ’était
l ’avant-veille du départ àu. N atu ralis te , lors
que je quittai l ’expédition. J’avais été voir Mi-
liu s , qui se trouvait de garde a bord; comme
nous causions sur le p o n t, le ehien d’un matelot
d’un autre bord, qu’on faisait sautera l’eau
pour rapporter, fut'attaqué par un requin, qui
le coupa en deux d’un coup de dent, et s’enfuit
après avoir avalé la tête et les épaules. Nous
crûmes d’abord que c’était un homme qui était
aux prises avec le poisson ; au milieu de la
consternation où cet événement nous jeta r
Milius saute dans un canot, pousse au req
u in , auquel il donne un coup de gaffe sur la
tête , dans l ’instant où il venait rechercher
le reste de sa proie. Obligé de lâcher prise ,
l ’animal ne cessa de rôder autour de la moitié-
du chien , que Milius conduisit à bord.
L ’équipage résolut alors de prendre le ravisseur,
en lui faisant un appât de ee qu’i l
avait laissé. Il ne manqua pas de revenir u n e
troisième fois , et comme s’il eût craint un
second coup de ga ffe , il avala ce qui restait
du ch ien , avec une précipitation marquée. Ajt
I l fallut beaucoup de bras et un palan pour le Ven_
hisser à bord. Je n’ai jamais vu quelque chose
de plus hideux et de plus effrayant que cet animal.
I l avait près de quinze pieds de longueur ,
cinq pieds et demi de circonférence , et onze
pouces d’un oeil à l ’autre; son dos était gris
de souris, et son ventre du plus beau blanc.
L a chair du requin est d u re , jaunâtre,
comme transparente ; son goût est très-désagréable;
les matelots la mangent cependant ,
en la laissant amortir , et en la pressant sous
la culasse d’un canon. ^
- Les premiers jours de germinal furent c a l- minai,
mes et chauds ; nous faisions peu de route ;
al est vrai que le navire était très .- mauvais
marcheur ; et depuis, avec de très—bon v en t,
nous n’avons jamais été bien vite.
L e soir du 2, nous vîmes un très-beau phénomène
lumineux. L e ciel était pur, sur-tout vers
le couchant; et au moment où le soleil approchait
de l’horizon, on distingua du côté diamétralement
opp o sé, cinq ou six faisceaux de rayons
lumineux. Iis partaient, en divergeant, d’un
demi-disque pareil à un grand g lo b e , dont
l ’horizon sensible eût caché la moitié. Ce demidisque
était de la couleur du cie l, quand son
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