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Ventôse.
Ayant fait mes préparatifs de départ pen-^
dant le milieu du mois de ■ventôse, il ne me
restait plus qu’à prendre congé des personnes
qui avaient eu quelques bontés pour moi; je
fis une tournée de plusieurs jours pour les voir.
Michaux, Dumont, Deslisses, et généralement
mes compagnons de l’expédition que je quittais,
me témoignèrent les plus vifsregrets de me voir
m e séparer d’e u x , peut-être pour toujours.: /
J’éprouvais sur-tout du chagrin én embrassant
Michaux ; je ne sais quel instinct secret mô
disait : C ’est pour la dernière fois;
Je passai la matinée du 26 ch e z le gouverneur,
occupé de - recevoir mes dernieres
instructions verbales. Comblé de ses bontés,'
et me promettant bien de lui prouver ma r e connaissance
, par la manière dont je comptais
remplir ses ordres, je le quittai vers cinq
Jieures f pour me rendre à bord»
Ventôse.
C H A P I T R E X X V .
R e t o u r e n E u r o p e . R e l â c h e à
S a i n t e - H é l è n e .
I j e vent fut si faible durant la nuit , qu’à
peine nous fîmes route. A la pointe du jour,
la terre de l’Ile-de-France paraissait encore ai
d’une certaine élévation ; elle disparut à midi-;
des nuages épais vinrent couvrir l ’horizon ,
et nous dérober la clarté du soleil.
Nous étions aux approches de l ’équinoxe, aj,
tems critique dans les pays voisins du tropique
méridional. Tout semblait faire craindre un
coup de ven t, parce que l’équinoxe allait coïncider
avec la pleine- lune; L e capitaine ayant
un équipage assez faible, et redoutant l ’approche
de la tempête , fit emmener sur le-
pont les mâts de kakatoi et de perroquet.
Sur le soir, la pluie tomba par torrens ;
elle fit cesser jusqu’au moindre souffle des
vents. Le tonnerre grondait avec force ; lorsque
la nuit la plus obscure régna autour de