a. r l
Frimaire.
«6.
Bientôt des nuages vinrent ttoûs dérober le
tableau que nous admirions ; mais en nous cachant
la montagne embrasée , ils produisirent
dans le ciel des àccidens d?omb're et de lumière
non moins dignes d’être contemplés.
A minuit on vira de bord , ayant couru le»
nord-est ; à cinq heures du niàtin nous étions
à plus de trente lieues du volcan, dont' on dis*
tinguait parfaitement l’éclat et les lueurs rougeâtres.
L ’on aperçut l’Iled e F rance à la pointé
du jour.
Ce furent les monts méridionaux qui se dis*
tanguèrent les premiers. Après le morne d é
B rab an , parut ce lu i du Tamarin. Les pitons dé
la rivière Noire e t du rempart lüi succédèrent j
on découvrit ensuite la montagne du Corps-de-
Garde : dans le sens wx celle-ci" se montrait,'
elle paraissait double ; des vapeurs s ^échappant
de sa c im e , ressemblaient aux fumées d’un cratère.
Rempli du sôuvenir dessitesfmposàhs que
Bourbon m’avait offerts-, les montagnes dé
l ’Ile -d e -F ran ce , ne me paraissaient plus - que
des monticules, e t le pays entier me rappelait
l ’aspect de la plaine des Cafres.-
Cependant dès midi le teins devint sombre
et froid; à peine éproiiviuris-nous" l’influencé
des vents, malgré que d’épais nuages fussent
chassés sur nos têtes avec impétuosité. L a mer Fri-
, . . * . •. inair a*
était tres-mnue; bientôt on ne ressentit pas
même des risées, ce qui faisait craindre un ouragan.
C ’était précisément la saison où l’on
redoute la fureur des tempêtes.
Les ouragans sont les plus terribles fléaux
de nos colonies orientales ; ils enlèvent les maisons,
déracinent les plus grands arbres, abattent
lesdbrêts, dispersent les récoltes, et malheur
aux navires que les ouragans trouvent au
voisinage des côtes ! On peut se rappeler celui
qui fatigua si fort le Géographe et le Naturaliste
, peu avant leur arrivée à l ’Ile-de-France ;
je crus que nous étions destinés à en éprouver
un pareil.
N ’étant qu’à une lieue du p ort, mais ne pouvant
pas y entrer, Houareau se tint en rade pour
être prêt à appareiller et à gagner le large, en cas
que le coup de vent se déclarât. Il eut la complais
sance de faire mettre un canot à la m e r , et
profitant du peu d’instans qui restaient avant
la tempête, j ’arrivai heureusement à terre»
L e tems étant demeuré incertain pendant i9‘-
trois jours, la Peiite^Fanny n’entra dans le
port que le 19 : elle n ’ayait éprouvé que de
légères avaries.
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