. mença de tomber vers deux heures , je
montai à cheval et je pris la route de la plaine
des Cafres. ~ -
Excepté dans l’averse du Grand-Bassin et
daîis quelques bivacs, je n’ai jamais été aussi
mouillé que je le fus dans cette occasion : il
ne cessa de pleuvoir durant le reste du jour.
Après un peu plus de deux heures de route ,
je rencontrai mes gens à la ravine des Cabris ,
où, le mauvais^ tems les ayant pris dès le
matin, ils s’étaient arrêtés sous un vieux
boucan a demi ruiné, mais;qui valait bien
mieux que celui; du piton-de Villers.
Je mis mon cheval sous le- même abri que
moi ; et, sans pouvoir parvenir à faire sécher
mes vêtemens, je me décidai à passer la nuit
dans le gîte que j’avais fait réparer.
Germain Guichard attendait le jour avec
impatience ; il lui tardait d’arriver au camp du
piton de Villers, et d’y embrasser Hubert fils.
Il me réveilla donc de bonne heure ; et comme,
après avoir pris le café quotidien, je montais
à cheval pour continuer ma route, j’entendis
crier hors du camp : « Voilà Georges » ! c’était
en effet mon émissaire. Il m’apportait une
lettre de M. Hubert fils , qui en contenait une
très-intéressante de son oncle : celui-ci me
marquait qu’il ne faisait que de recevoir la 7 7 x 7
lettre que je lui avais écrite de Saint-Joseph ;
tant sont peu fréquentes les communications maire*'
de ce quartier avec celui de1 Saint-Benoît (i).
Hubert fils m’apprenait qu’il était arrivé
de la veille au piton de Villers, comme je
l ’avais appréhendé. Il avait été inquiet de ne
m’y pas voir : Le Gentil était avec lui; M. Patu,
très-occupé par des affaires qui lui étaient
survenues , n’avait pu les accompagner.
Plusieurs habitans de Saint-Benoît avaient
profité de l’occasion des voyageurs qui venaient
me joindre, pour me donner des preuves de
souvenir , en lés chargeant pour moidespre-
(1) La lettre : de M. Hp.bert commençait ainsi:
« J’avais été inquiet de vous, mon cher ami, parce
» qu’on m’avait fait part de votre obstination à monter
» au volcan par le côté de la mer. Je ne savais cepen-
« dant si je devais ajouter foi à ce qu’on me disait de
» l’exécution de ce projet ; mais votre lettre m’a con-
« vaincu, ainsi que le récit de votre Georges qui se
» rappelle sur-tout que vous avez demeuré un jour
» sans boire et deux jours sans presque rien manger,
« Je plainsles domestiques des naturalistes aussi ardens
» que vous; e t , en vérité, vous voyagez comme les
» Français font la guerre, c’est-à-dire, comme ceux
» qu’aucun obstacle n’arrête, et qui croient que le mot
» impossible n’est pas de votre langue ».