( 3^ )
. Crûmes un moment entendre un grondement
. dans» le sein de la montagne; j ’appliquais l’oreille
; contre le sol pour m’en convaincre, lorsque celui
de pies noirs.qui portait notre calebasse d’e au ,
, s’approcha de nous pour entendre aussi ce p rétendu
tapage ; je reconnus alors que cebruit était
celui que produisait le vent en soufflant dans la
, calebasse, qui était presque vide, Je vous ai
cité ces deux faits, pour vous assurer que si
mes sens et mon imagination me trompent-dér
s sorraais, ce ne sera pas sans que je m’en méfie.
Avant de m’être approché du lieu d’où soy-
, tait la lave, je croyais que, vu la rapidité des
courans près des sources, et le poids des mar-
tières de cette; éruption, préparées dans up
cratère qui est bien à i2 et i 3oo toises perpendiculairesau
dessus des sources dont il s’agit;
je croyais, dis-je, que les matières en fusion
eussent du être poussées en jets au bas de la
montagne ; point du tout, la lave sortait, il est
j v ra i, avec fo rce , mais pas comme j.e l’avais présumé
: la rapidité des courans ne paraissait
venir que de la pente du terrain, de la fluidité
fie la lave et de sa quantité,
Jaes sources de lave qui ne brûlaient pas de
broussailles étaient presque sans fumée sensible,
ce qui. prouve que les grosses fumées qui pré”*
cèdent et accompagnent les éruptions ne sonf
pas produites par la matière seule en fusion (1).
Nous étions encore aux sources, lorsque la
réunion de plusieurs ruisseaux de lave que l ’enfoncement
de la montagne favorisait, forma un
nouveau courant, qui fut bientôt par notre travers
; la rivière de l’Est ne coule pas avec plus
d’impétuosité.
Ayant à notre gauche ce nouveau torrent, lés
noirs virent paraître une fumée à droite sur la
coulée du Retour (2), où nous nous tenions ; ils
en furent effrayés par la crainte qu’il ne sortît de
cet endroit une nouvelle source de feu, ce qui était
* très-probable. Je me décidai alors à redescendre
en suivant le courant que nous venions de voir se
former, et en nous tenant le plus près possible
sans être trop incommodés de la chaleur.
Je ne pouvais marcher que très-lentement,
m’étant enfoncé jusqu’à la cuisse dans une cavité
que couvrait une croûte mince de lave, q u i,
(1) Nous âvons vu à quoi l’on doit attribuer les fumées
qui s’élèvent des courans de laves ( cbap. X X , p.
4o, ). L’observation de M. Hubert confirme ce qui a été
dit à ce sujet..
, (2} L a causée de 17 8.7,