Gros-Morne, ou le tec-tec (1) vient leur faire
la guerre.
Avant le cou cher du soleil, le thermomètre
était à io° ; dès dix heures du s o ir , il était
tombé à zéro. Il dut faire bien froid hors de
nos grottes ; car , lorsque nous en sortîmes \
et quoique le soleil commençât de briller ,, le
mercure n ’était remonté 'qu’a 5 ï. L e volcan
que nous avions en face avait jete tin eèlat
extraordinaire pendant l’obscurité 5 sa lueur
aidait à distinguer sa forme, e t , avec une
bonne lunette , nous découvrions l ’agitation
des flots ignés que vomissait sa bouche en-*
flammée.
L e s vapeurs qui nous environnaient dès le
point du jour , nous faisaient désespérer'de
notre entreprise ; cependant à six heures nous
étions en ro u te , et à huit nous^ fûmes rendus
sur la crête la plus sourcilleuse du Gros-Morne.
Si nous n ’eussions pas tâtonné le chemin , qne
heure eût été plus que suffisante pour y gravir.
Comme nous avions voyagé dans un nuage
et sans espoir de trouver un horizon pur au
terme de notre pénible entreprise, nous fûmes
(1) M o ta c illa Borbonica. Syst. nat. ed. XIII. cun
Gmel. i. p. 981«
agréablement
Agréablement surpris , lorsque parvenus a u—-- :.-n-
sommet du piton , nous eûmes le ciel assez Ali x ‘
beau pour jouir du point de vue dont nous ^¡Tej
avions désespéré.
Depuis nos cavernes jusqu’au faîte du Gros-
Morne , nous parcourûmes un sol dont la vol-
canisation, pour être très-antique, n’en a pas
moins conservé une certaine apparence dé
fráicheur. D ’abord c ’etaient des scories parmi
lesquelles on trouvait encore des plaques verticales,
et de ces canaux profonds qu’on reconnaît
pour avoir ete des galeries intérieures
d ’une coulée refroidie à sa surface. Après ces
scories, nous rencontrâmes des blocs désunis ~
d une laVé toute rouillee a l ’extérieur et d’un
aspect assez semblable, pour la couleur, à la
pierre pyritcuse dont la basé des Salazes et la
plus grande partie du Gros-Morne sont composées.
Eri cassant cette pierre, je reconnus
qu’elle était basaltique, bleuâtre, compacte
assez aigre et dure 5 elle contenait du feld-spath
disposé souvent comme de pelités belemnites
• Ou des cubes. la cassure avait parfois un aspect
vitreux.
Parmi tant de débris des rejections volcaniques,
je trouvai des coulées dures, mais
poreuses, trè s -prop re s à faire d’excellentes
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