—' zaîne de jours, mais une lèttre que m’apport#
un exprès, et qui rtie fut remise à l’instant où
. je rentrais chez M. Déjean, vint changer tout-
à-coup mets dispositions. > : «fe i
, Un navirç de la compagnie anglaise, richement
chargé , était parti du Bengale, et faisait
route pour l’Europe :,il se nommait le P r in c e ,
et avàit à. bord des prisonniers français, dont
le plusgrancl nombre était échangé ou libre
sur parole ; un vaisseau de guerre le convoyait.
Pour éviter de la part des Français toutes tentatives
hostiles, .ce dernier tenait le P r in c e à
portée de la v o ix , sous la volée, denses batteries.
Il lui avait fait même amener ses petits
mâts. Ces précautions furent- inutiles. Quelques
uns des.prisonniers , qui n’étaient liçs par
aucun se rmen t, imaginèrent de s’emparer de
leur p rison, e t , par cette capture, de se soustraire
au pouvoir de l’ennemi, en s’enriçhisr
sant de ses dépouilles.' sqlfT) a \ c
On profita d’un soir un peu brumeux, où lâ
mer était grosse. L e nàvire de guerré ayant
hélé le P r in c e , les marins qui le conduisaient
répondirent sans se douter de ce qui allait
arriver» Les Français ,. convenus d’un signal,
se promenaient sur le pont. Ils saisirent aussitôt
des anspecs , des bûches, en un mot tout
( * )
ce qui se présentant sous leurs mains pouvait An
devenir arme offensive ; ils colletèrent les ma- Fr;_ ,
telots et les officiers, en leur signifiant qu’au mairc'’
moindre bruit ils étaient morts. Tous ceux
qui ont eu occasion de se mesurer avec les Anglais,
savent combien d’insolens qu’ils sùnt dans
la prospérité,,; ils deviennent souples et timides
dans le danger. L a sommation faite par les
Français fut accueillie avec la plus grande docilité.
Tout l ’équipage se rendit prisonnier de
guerre à une poignée de braves q u i, loin de
maltraiter leurs captifs, se bornèrent à les
mettre en prison dans l’entre-pont, où on leur
prodigua toutes sortes de soins.
L e navire convoyeur ne hélait le P r in c e que
de tems en teins , de sorte que pendant une
heure environ les prisonniers révoltés avaient la
. certitude que l’ennemi n’aurait aucun soupçon de
ce qui venait d’avoir lieu j ils attendirent donc
toujours en tenant la même ro u te , mais en
diminuant un peu leur marche, que la nuit fût
. tout-à-fait noire ; alors, mettant le cap au sud-
ouest;, le Prince se dirigea vers l’Ile-de-France,
où il arriva en peu de jours heureusement.
L a cargaison du Pr ince fut très-bien vendue,
,et le navire demeurant au gouvernement, il fût
décidé qu’il serait armé et envoyé en France