A k i . p o u r y p o r t e r l e s p e r s o n n e s a u x q u e l l e s l e p a s *
F ri- s a g e é t a i t d û , e t q u i , d e p u i s l o n g - t e m s , l a n -
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guissaient dans la colonie , en attendant une o c -
casion favorable de la quitter. Presque tous ceux
qu i étaient débarqués du Géographe et du N a turaliste
étaient dans ce cas ; et M. Capmartin,
idemeuré à Saint-Denis, m’écrivant tous ces
détails, me demandait si j ’étais disposé à profiter
du départ du P r in c e .
Lorsque ma mauvaise santé me força de
quitter 1 expédition dont je faisais partie, je
crus pendant quelque tems que je ne reverrais
plus mon pays. Outre les plus grandes
douleurs physiques, j ’éprouvais les peinesmo-
rales les plus profondes. L a moindre d’entre ces
dernières n’était pas la crainte de perdre un
état auquel j ’ai tout sacrifié.
Élevé pour les sciences, par nn parent très-
instruit et très—considéré, la révolution m’arracha
de bonne heure aux occupations paisibles
pour lesquelles il m© formait. Entraîné
aux armees, parce que j ’avais l ’âge de march
e r , je devins soldat. Ce que je dois le plus
a l’éducation qu’on m’a donnée, c’est une certaine
philosophie, à l’aide de laquelle j ’ai toujours
fait , comme le dit un viel adage , contre
fo r tu n e bon coeur.. Une fois dans les rangs, et
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quand je me fus convaincu que je ne pouvais Aîr ^
ni ne devais en so r tir , je fis tout ce qu’il d é -
pendait de moi pour m’y faire remarquer f a - maire.*
vorablement, et n’y pas demeurer confondu,
j ’obtins un grade ; dès-lors toutes mes pensées
e t mes études furent dirigées vers l ’état militaire.
. Lorsque l ’expédition de découvertes partit
de France , la paix paraissait devoir être
très-prochaine (1) ; c’est ce qui me décida a
u tilise r, pour mon avancement et pour mon
instruction, les années de paix que je présumais
dès-lors ne devoir pas être très - nombreuses.
J’avais du ministre l ’assurance qu’à
mon retour je rentrerais dans l ’armée, en
justifiant que je n’avais pas quitté l’expédition,
et que mon tems me serait compté comme
service de mer.
(1) C’était peu après la bataille de Marengo. Tous les
Français crurent alors que les ennemis ne seraient pas
assez forts pour continuer une guerre dont le premier
Consul devenait l’ame sur tous les points de nos vastes
frontières. Dans un discours que le ministre de l’Intérieur
prononça à l’Hôtel des Invalides pour le premier
vendémiaire an I X , en présence des députés de toute
la France, il ne fut question que des vues pacifiques du
général Bonaparte,