. français, lia conversation avec moi. H me fit une
A n X. , . 5 7
Floréal, multitude de questions sur les Iles-de-France
et de Bourbon, sur leurs ressources, leur population
, leur défense. J’avais presqu’envie
d’en agir à l’anglaise, et d’exagérer sur tout ce
qu’il me demandait; cependant je lui répondis
vrai autant que je crus devoir le faire. L ’autre
monsieur, qui n’avait rien dit pendant une
heure, prit alors la parole, et après m’avoir
encore retourné, m’apprit qu’il était le commodore
Elphingston,
L e commodore Elphingston jo u it d’une certaine
réputation dans la marine anglaise; il paraît
qu’il a servi avec distinction dans l’Inde.
Sur la nouvelle de la p a ix , il venait de quitter
son vaisseau pour se rendre en Angleterre par
un navire de compagnie. L e commodore a
plusieurs fois croisé devant l ’Ile-de-France. Il
a une haute opinion des taîens du général Ma-
gallon, et m’apprit que si la paix n’eût pas eu
lieu, son gouvernement avaitprojeté d’attaquer
Maurice : il ajouta même qu’il eût été chargé
de cette opération. Comme il me parlait de tous
les moyens formidables qu’on aurait employés,
je lui dis avec politesse , que si cette attaque
avait dû avoir lieu, j’aurais bien désiré que
c ’eût été lui qui l ’eût dirigée, parce que ses
bons procédés pour les prisonniers qu’il avait Aj, ^
faits en plusieurs occasions, lui avaient gagné ^ or^A
l ’affection de beaucoup de monde ; le commodore
prenant ces paroles dans un tout autre sens
que ce que je voulais lui dire, me remercia
beaucoup , et après plusieurs vous êtes trop
h onnête, il ajouta : E n e f fe t , j ’ aurais fa it
mon possible , après la prise de l ’ île , pour
que tout le monde f u t bien traité. Je l’arrêtai
là. « Monsieur le commodore, lui dis-je, vous
ne m’avez pas compris; je n ’eusse désiré vous
Voir venir nous attaquer plutôt qu’un a u t r e ,
qu’afin que le gouverneur fût à* portée de vous
rendre, quand vous auriez été pris, toutes les
bontés dont vous avez usé envers les marins
que vous avez fait prisonniers en diverses occasions
». L a conversation finit là ; mes deux
anglais tournèrent le dos, et ne m’ont jamais
plus parlé depuis.
Quand le colonel de génie me faisait parler,
je lui faisais payer réponse pour réponse ; je lui
fis mille questions sur Sainte-Hélène ; il crut
sans doute que je n’entendais rien en géographie,
que j ’avais des yeux pour n ’y pas voir :
aussi me peignit-il l’île comme grande, fertile,
excellente. Le centre, selon lu i , était un paradis
de fertilité, qui valait mille fois mieux que
y a