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beaucoup de laves basaltiques. Ces différentes
Fri substances parfaitement confondues ont en-*
maire, semble une couleur grisâtre , que rappelle
assez bien celle de l ’ardoise pilée. Des rochers
volcaniques, ou des ressifs calcaires bordent la
cote depuis la pointe de la Petite-Anse jusqu’à
la ravine des Avirons. Les vents exercent un
empire absolu sur toute cette surface ; ils y promènent
tout ce que la mer repousse, et forment
des monts , dont plusieurs ont jusqu’à
cinquante et soixante pieds d’élévation.
Les eaux que conduisent les torrens supé-r
ï leu r s , arrivant aux sables mobiles qui sont à
leur base, ne peuvent s’y former de lit s , et filtrant
à travers leurs masses, vont se perdre en
dessous, ou former deux flasques d’eau, qu’on
nomme V E ta n g du G a u l et Y E ta n g Salé. Ces
espèces de lagunes sont absolument analogues
aux moieres de la Flandre ; ou aux lagunes
qu’on trouve sur les côtes de Médoc et des
Landes. Ce sont des amas d’eaux pluviales qui,
suivant la pente du p a y s , s’écoulent naturellement
vers la m e r , où des obstacles ne leur
permettent pas d’arriver. La Petite-Anse de
l ’Etang Salé sera probablement bientôt un lac
du même genre.
Ces lacs s’avancent dans le pays à mesure que
le vent les rétrécit du côté de la mer par les T J
A . N A.
nouveaux sables qu’il ne cesse d’y apporter ; .
et par-tout où la décroissance adoucie des côtes maire,
de l ’Océan permet aux flots et aux courans de
l ’air d’y accumuler des sables. Ces sables font
toujours refouler les eaux vers l’intérieur du
pays , qui est tour-à-tourstérile ou m arécageux.
Quelques lataniers (1), grêles et battus des
vents, sont à-peu-près les seuls arbres que je
distinguai çà et là sur le désert mobile que
nous laissions à gauche. Je n ’y pus voir de
ces petites chauves-souris toutes blanches, qui
viennent chercher un asile contre les ardeurs
du jour, dans les feuilles déchirées de ces arbres.
J’aurais bien désiré aussi rencontrer de
ces chauves-souris de la grande espèce, que
les Européens trouvèrent autrefois en quant
ité , quand ils firent la découverte du pays ;
elles étaient grosses comme des volailles. L e
nombre de ces animaux est beaucoup diminué,
et l’espèce même en disparaîtra b ien tô t,
parce que sa chair étant délicate , les chasseurs
et les marrons la recherchent pour la
manger.
Ayant autrefois voulu explorer les dunes qui
(1) Laûania Commersonii. Gmel, Syst, nat.