A * X.
F rimaire.
tristes souvenirs. Craignant d’etre décrié près
des personnes qui m’avaient honore de leur
confiance, j’avais tâché de ne plus songer
qu’aux observations de toute espece dont les
sujets m’environnaient; je m’étais, en quelque
so r te , identifié avec les productions des lieux
infréquentés ; je ne me trouvais bien que loin
des hommes. Toutes les fois que je le pouvais,
je m’échappais seul avec un noir dans les montagnes,
souvent sans autre dessein que celui
¿g m’isoler et d’eviter la société importune des
personnes qui n'avaient pas de chagrin.
Je passai toute la journée du dix à mettre eif
ordre les collections de tout genre que j ’avais
faites depuis mon départ de Saint-Benoît. Je les-
laissaià M. D é je an , qui voulait bien se charger
de les adresse r chez M. Descombes, à 1 Ile-de-
F ran c e , par le premier navire qui viendrait
p r e n d r e un chargement a la riviere d Abord.
Je quittai le quartier de Saint-Pierre, le 1 l
frim a ire , à sept heures du matin. J’avais expédié
les noirs, dans la n u it , et sous la conduite
de Cochinard. L a journée devait être
pénib le, car nous voulions aller coucher à
Saint-Paul, distant de près de dix lieues.,
Montés sur des chevaux que M. Déjean avait
bien voulu nous prêter, nous ne gardâmes à notre
suite qu’un seul noir ingambe, p our p o rte r -— ~
les divers objets d’histoire naturelle que je
pourrais collecter. C’est la partie du Vent de ¿ S *
1 île qu’il était question de traverser. Ses sites
arides et brûlés m’eussent présenté des objets
intéressans à observer, et bien différeris de tout
ce que m’avaient offert l’autre côté de l’île et les
Sommets déserts. Mais je n ’avais que le tems
de glisser, en quelque sorte, sur tan t de r i chesses
; e t , dans la rapidité de notre marche *
j ’eprouvai autant de regrets que je vis de choses
qui m’étaient inconnues^
Cependant nous suivions une grande route
assez bien tenue , m’écartant souvent du che-^
mm pour examiner quelque planté ou quelque
couche de laves qui frappaient au loin ma vue ;
j y rentrais à regret ; le sol était généralement
nu : des habitations dépouillées de verdure s’y
trouvaient çà et là ; des arbres disséminés ombrageaient
des pierres désunies, et Je s Salazes
paraissaient à peine dans un vaguelointain entre
des monts plus rapprochés. Tout portait un
certain caractère de tristesse et dte stérilité*
Deux noirs que nous rencontrâmes couchés au
pied d ’un grand bois de nattes ( i% nous a p -
(1) Arbre du genre achras de Linné;