An X.
Frimaire.
comme si ces gravois eussent existe avant le
b ou le t, et eussent fait corps avec lui au moment
o ù , encore mou , le boulet fut lancé du
cratère où il avait été fondu.
Différentes anfractuosités qui ressemblent
en petit à des vallées , forment le faite du
G ro s -M o rn e ; sa crête inégale est cernée de
coupures à pic de tous cotes , excepte par
celui où nous sommes venus. Du point le plus
h a u t, on a la dernière source de la riviere
Saint-Etieilne à ses pieds, et le Bénard en face.
L e Bénard est le lieu le plus élevé du Brûlé
de S a in t-P au l : nous l’avons déjà vu de la
plaine des Chicots : il a tout au plus trente
toises de moins qüe le piton des Neiges, et
c’est après lui le point le plus élevé de l ’île.
Du côté où nous l ’apercevons, il est à pic ; on
distingué diverses couches sur ses flancs décharnés;
à sa base part une arête qui v ien t,
en tournant , se confondre avec le G ro s -
Morne : cette arête sépare la source de la
rivière des Galets de celle dé Saint - Etienne.
C ’est l ’èspace compris entré le Bénard et la
montagne sur laquelle nous sommes , qu’on
nommé proprement la finM r e de la rivière
S a in t -E tienne.
Nous nous arrêtâriies un instant pour admirer
l’immensité du tableau au centre duquel a 'n ^
nous étions. Nos Hautes-Àlpes, nos pompeuses V[1_
Pyrénées ne présentent pas un aspect plus im- F^ire‘
posant que celui dont nous jouîmes. Toute
l ’île s’abaissait à nos pieds. Comme dans une
carte géographique , nous y cherchions, nous
y reconnoissions les lieux que nous avions
péniblement parcourus. A u x idées de grandeur
que faisait naître en nous la majesté du spectacle
, se mêlait la pensée d’un étrange isolement
, car la mer paraissant s’unir au loin
avec les cieux,, semblait nous séparer du reste
de l ’univers, et former, pour rapporter toutes
nos idées sur le mont que nous avions g ra v i,
un cadre que l ’imagination n’osait franchir.
Des rochers d’un volume prodigieux, semés
au bord de précipices dans lesquels nous
osions à peine plonger nos regards, semblaient
ne tenir à rien ; le moindre effort les déplaçait :
nous en lançâmes plusieurs sans beaucoup de
peine ; h u it, d ix , douze pieds de diamètre ne
nous arrêtaient pas. Il suffisait la plupart du
tems , pour ébranler ces lourdes masses, de
déplacer une pierre grosse comme les deux
poings ; Alors, se précipitant avec fracas sur
les flancs rapides du p ic , les rocs poussés en
entraînaient d’autres, sillonnaient la montagne*