A n X.
Brumaire.
e ^ >
' Dès la veille nous avions disposé tout ce!
qui nous était nécessaire pour aller visiter de
nouveau le cratère Dolomieu. Le 29 , nous
nous préparâmes à descendre dans l’Enclos
vers six heures et demie, n’emmenant avec nous
que trois noirs et laissant le reste au camp.
Jouvancourt, dont la santé était dérangée, ne
put partager nos fatigues ; nous le laissâmes
avec Cochinard, et nous convînmes qu’il partirait
le lendemain à la même heure pour
venir nous attendre au nord de la plaine des
Sables.
Ce n’était qu’avec effroi que nous .mesurions
de l’oeil le rempart perpendiculaire où il nous
fallait, descendre; Les ambavilles ■ qui croissaient
dans ses brisures me l’avaient fait
présumer praticable et malgré leur nombre
et quelques inégalité? propices ^ l’entreprise
fut des plus périlleuses : il nous fallut une
heure et un quart pour arriver au fond de
l’Enclos. Obligé de tâtonner pour trouver des
qjasp je risquai vingt fois de rouler jusqu’à la
base de la coupée. Deux noirs ¡peu agiles ^
qui ■ restaient/ toujours' derrière*’, ou : plutôt
dessus, détaehaieùt /des pierres qüi faillirent
à nous blesser;
., Levant la tête yers les çimesdontnous étions
tâ w ÿ
descendus, nous y reconnûmes Jouvancourt An x“
et, nos gens, qui paraissaient extrêmement Bru-
petits. Ils nous parlaient en criant; mais nousmairc*;
ne voyions que leurs gestes , et leurs voix ne
parvenaient pas jusqu’à nous. Pour savoir s’ils
nous entendraient mieux que nous ne les
entendions,, nous leur criâmes à notre'toür
de jeter des pierres. Aussitôt un des noirs
ayant lancé une roche, elle tomba précisément
dans les arbustes de la base du rempart, qui
par conséquent avait une obliquité égale à un
bon jet de pierre, quoiqu’il parût tout-à-fait
à pic : sa hauteur était de cent cinquante
toises. Des nuages s’étant élevés du Grand-
Brûlé , nous dérobèrent bientôt la vue de notre
camp.
Nous laissâmes à gauche, à quelques pas,
un cratère sans rebords , creusé dans la partie
plainicre de l’Enclos.
Surpris de n’avoir pas vu briller durant la
nuit la coulée de laves que j’avais admirée du
Piton-Rouge, et de la cime du volcan, un mois
auparavant , je dirigeai la route vers la pointe
du rempart de Tremblet, pour observer les
traces de ce fleuve éteint,. et examiner l’état
des lieux, qu’il, avait parcouru?.
Nous descendions de- cascades de laves ens: