À» 2;.
Ventôse.
Dès qu’on eut dégagé le crochet de ses mà-t
choires , on le rejeta bien vite à la mer} mais le*
compagnon de notre victime ayant, ou moins
d’ap p é tit, ou l’exemple, dont il sut profiter, de
ce qui venait de se passer sous ses y e u x , continua
de nous suivre tranquillement, sans hasarder
de mordre à la chair qu’on espérait devoir
l ’attirer, ■ tlîfebh n
J’examinai avec soin l ’intérieur de l ’estomac,
et des intestins du requin , apfès .l’avoir ouvert
moi-même. J’espérais y trouver quelques vers r
ou quelqu’autre objet d’histoire naturelle. L e s
voyageurs doivent toujours avoir soin d’examiner
l’intérieur des poissons qu’ils prennent} ils
y trouvent quelquefois des productions de l ’abîme
qui ne sont pas encore digérées,et qu’il est
impossible de se procurer par d’autres moyens,
Malheureusement l ’estomac de notre requin ne
contenait que des becs de sèches pareils à ceux;
des sèches de nos climats {1), et un grand nombre
d’yeux de poissons dont les corps? et les tête^
avaient déjà été digérés. 11 est remarquable que
cette partie se conserve assez long-tems dans
l ’estomac} je l’avais déjà observé dans une
couleuvre que j ’ouvris, et qui avait digéré une
( 1 ) Sepia ojjicinalis. L ,
grenouille, dont les yeux se retrouvèrent encore
dans son estomac.
Pour les becs de sèche, j ’en ai trouvé aussi
dans des dauphins* et dans des marsouins ; il
paraît que tous les animaux qui font la guerre
à ce mollusque, n ’en mangent que la tê te ,
qui est succulente, et munie d’un grand
nombre de tentacules. Ils n’avalent pas le
corps-, soit à cause de l ’encre qu’il contient,
et qui peut leur être mal-saine, soit à
cause de la partie crétacée, et qu’on nomme
vulgairement os de sèche. Aussi toutes les sèches
que l’on trouve mortes et flottantes sur
la mer, ou jetées au riva ge, sont seulement privées
de leur partie antérieure : le re s te , où.
il y a cependant beaucoup plus de ch a ir, se
décompose sans utilité.
L e gros rèmore , conducteur du requin
que nous avions p r is , l ’avait abandonné, mai®
deux autres petits animaux de la même espèce
ne l ’avaient pas quitté; ils étaient collés
sous une de ses nageoires, et pensaient sans
doute être à l ’abri de tout malheur, sous l ’égide
de celui qu’ils regardaient comme, le plus
puissant des animaux.
Le monde est plein de gens qui'né sont pas plus sages.
Quoique belle, je trouvai notre capture assez