~ Le lieu où nous étions arrivés, est une confusion
ÀN 3
Brumaire
de crevasses , de soupiraux et de trous
. volcaniques, que des laves noires, roses, grises,
blanchâtres et très-boursouflées remplissent de
leurs aspérités. J’étais tenté de me croire transporté
sur le cote du cratère Bory qui regarde le
mamelon Central, Au reste, je ne pus bieu
juger les environs, car le brouillard était si
épais, que je ne distinguais pas plus loin que
le bout de ma canne. Combien nous éprouvâmes
de peines pour monter et descendre alternativement
d’une fissure dans une autre !
Nous revenions quelquefois sur nos pas sans
y prendre garde , et prenions à droite quand il
fallait aller à gauche. Ce ne fut qu’au bout d’une
heure qu’étant débarrassés des scories , nous
arrivâmes sur les pentes du piton qui regardent
le rempart de la plaine aux Sables ; ces
pentes sont très-unies.
Guichard se croyait hors d’embarras ; mais
un brouillard comme celui qui nous entourait
déroute les meilleurs guides. Il dévia beaucoup
à droite , croyant aller directement devant lui.
Ayant trouvé des traces fraîches que nous imaginâmes
être celles de chasseurs qui s’en retournaient,
nous les suivîmes, espérant bientôt
arriver au pas des Sables, Mais c’est à l’origine
de la rivière de l’Est, que conduisaient ces--------
traces ; et ce qu’il y avait de plus fâcheux pour A» X.
moi, c’est que, les nuages m’empechant de
distinguer les objets, le chemin n’était que fatigant.
Il fallut donc revenir sur nos pas; et,
cette fois, ayant manqué la montée du rempart,
nous arrivâmes au bout d’une heure et demie
à la cascade de laves de la ravine de Làngevin.
Jouvancourt sur-tout était à plaindre ; la fieyre
l’avait repris ; deux capotes ne le garantissaient
pas du froid qui était liumide et pénétrant.
A midi, le thermomètre était seulement à g°
au-dessus de zéro.
Pour mettre un terme à ces incertitudes ,
nous décidâmes de côtoyer le rempart de la
.plaine des Sables, jusqu’à ce que l’on pût trouver
le lieu où nous l’avions descendu. Ce fut dans
ce voyage que j’admirai de plus près cette ancienne
paroi d’un océan de feu. J’observai que,
dans le corps de la lave compacte en prismes et
continue qui en forme les couches , la chryso-
lite est par petits grains épars, tandis qu’on
la trouve en si gros blocs sur la plaine des
Sables. Nous passâmes au pied d’un des avan-
cemens qu’il forme, et où les prismes sont
courts , gros , nombreux, très-bien conservés
, et souvent écartés les uns des autres ; les
ni. *