A n X.
Frimaire.
cette satisfaction que donne l ’aspect d’un
paysage anime mais je n ’éproiivais pas non
plus cette tristesse involontaire que communiquent
au voyageur la rudesse et l ’ingratitude
des sites.
L a chaleur devenait insupportable ; pas un
arbre ne nous offrait d’ombrage..Gomme nous
sortions du ht de la rivière de Saint-Étienne et
que nous montions par une petite coupée pratiquée
sur son bord septentrional , nous, nous
trouyames arrêtés par un grand troupeau de
boeufs que des négrillons conduisaient à l ’abreu-
% o ir , et q u i, n ayant pas jugé à propos de nous
coder le pas, faillirent à nous renverser vingt
fois ainsi que nos chevaux. Froissés par leurs
cornes et par leurs épaules, remplis d e là bave
dont leur gros museau nous couvrait ; il fallut
attendre qu’ils eussent gravement défilé. Heureux
qu’il ne leur ait pas pris fantaisie de
se ruer sur nous, car les boeufs d e là colonie
sont assez farouches, \
Ces boeufs sont d’une taille, presque gigantesque
-ï leurs cornes sont fortes: ? t ‘ ouvertes ;
ils portent une, grosse bosse au-dessus- des
épaules et vers le garot : cette bosse est souvent
aussi volumineuse qu’un m e lo n y alors elle
est mobile et roule droite et à gauche*
L e boeuf a bosse paraît être simplement une An x .
variété de l ’espèce domestique , qui la ra p - Fri_
. -, -M i r ■ i ' , *
proche du bison (r). On le tire de Madagascar,
où il paraît qu’il est indigefte. On prétend
que la bosse est un mets très-délicat. Il nous
fallut prendre notre parti; réduits à gronder
contre les négrillons, sans pouvoir bouger,
nous ne fûmes libres qu’au bout de dix minutes ;
et reprenant notre route , u n accident nouveau
vint encore troubler le voyage;
L es chevaux qu’on trouve dans nos î l e s , :à
l ’orient de l ’Afrique , paraissent y avoir été*
portés de l ’Arabie; ils sont très-degéneres ; on.
en voit peu de bons ; ils ' Sont généralement
vicieux. Leurs défauts viennent, en g en e ra l,
de ce que des noirs sans expérience leur don-
nent la' première éducation. Ces chevaux me-*
diocres ou mauvais; sont d’un prix excessif-,^et
leur rareté fait que les habitansf-ile-les font pîàë
undrer § afin qu’ils puiss'étit^âillh? les -jümëti'sJ
par ce moyen un-étalon rapporte * a s^ d’àr--
gent. On prétend d’ailleurs ;que l!es chèVàu-îc
coupés^ deviennent mous et spnt prompteiñént
( 1) Bos ( Sauras u.. c. Bison ) co rn ih u sd iva rica tis,
jü h â longissimâ} dorso gi6bo$o. {^yst. uat. Ed. X l lL
I , p. 203.