Vous savez ( car vous Pavez vu de près ) que
dès le mois de novembre le cratère Dolomieu
était en travail, et vous avez vu même sortir au
bas de ce cratère un ruisseau de laves (1), lequel
s’est éteint depuis votre départ, après s’être
avancé très-lentement jusqu’à 2oq toises environ
de la mer. Vous trouverez cette coulée
tracée en crayon noir sur le plan que je joins
ici.
Pendant les mois de décembre et janvier, et
presque tout fé v r ie r , le volcan poussait une
fumee qui s’élevait de plusieurs fois la hauteur
de la montagne 5 les nuages et la fumée éclairés
se voyaient de toute l ’île.
C ’est le 10 janvier qu’un orage terrible , qui
a causé des dommages en ce canton, venant du
cote du volcan, était précédé d’une odeur sulfureuse
(2).
C ’est le 17 janvier qu’un nuage d’un rouge
(1) Voyez chap. X I I , p. 178, et chap. X IV , p. 2Ô2.
(2) Cet orage éclata sur-tout à Saint-Benoît, où plusieurs
maisons furent frappées de la foudre. L’odeur
très-forte de soufre qui raccompagnait, peut être attribuée
au vent violent qui l'emmena, et qui soufflait
du côté du volcan.
noir
tlbir sortit dü cratère , et répandit des cendrefl
jûsqu’à Saint-Deilis (i)*
Cependant aucune lavé ne fut vomie cette
fbisj et à la fin de février $ les signes d’uhé
éruption prochaine avaient cessé. Je éfois Vous
aVoir marqué dès-lors que je hë serais pas surpris
de voir la lave sortir des flancs des montagnes
de Saint-Joseph, ou de la montagne du.
cratère mêiüé (2).
(1) Ce nuage, traversa l’île pour aller crever précisé- i
ment sur la partie diamétralement opposée. Le bruit '
courut alors du côté de Sainte-Rose que c’était du
Cratère Bôry què ce nuage s’était élevé ; mais ce bruit
ne s est pas confirmé.
H y a tout liëu de croiré qüë dés cëndrfes dü gràvois *
vôlcaniqufes jetés par les cratères de la Réunion, ont
été souvent plus loin que Sâint-Denis ; mais cfes réjee-
tions tombées dans la mer n’ont été observées par
personne.
.Quelques jours après le nuage de poussière volca- -
niqué qui crCva sür Saint-Dénis, ij tomba de la grêle
au bras Panon ; des feuilles de .soug-e et de bananier eti
furent criblées. On n’avait jamais vu pareille chose dans
le pays 5 et les habitans, que la présence d’un volcan
dévastateur n’épouvante pas, imaginèrent que le ciel së
brisait. C était une désolation dont on ne peut se faire
d’idée ; on croyait que la sphère,de cristal tombait en
morceaux, et allait écraser la terre.
(2) M. Hubert ayant très-bien observé les voleaps,
SB* t