“— élevée de l’île de Bourbon; mais, les brume#
A n X.
Fri_ devenant à chaque instant plus épaisses, nous^
maire, nous décidâmes à attendre l’embelli de la nuit
dans quelque caverne , afin d’être rendus à la
pointe du piton des Neiges dès le lever de
l ’aurore, et d’y jouir d’un point de vue des
plus étendus.
A dix heures, le thermomètre ayant été
présenté au soleil, avait marqué 29° > mais ,
à l’ombre, il ne s’était tenu qu’à i 5° : dès que
les brumes eurent couvert l’horizon, le mercure
était tombé à i 3° , et à deux heures, il
n’était plus qu’à 11° 1.
Depuis que nous promenons le lecteur dans
les hautes montagnes , il doit avoir remarqué
que dans la matinée une grande quantité de
brumes arrive de, la mer; ces brumes s’échappent
par les gorges qui leur ont donné passage,
lorsque le soleil approche du terme de sa
carrière. Cette circulation de vapeurs est constante
lorsque, le teins n’est pas décidément
mauvais, au point que jamais une belle nuit
ne promet un beau jour, et que jamais un
jour pluvieux n’est l’indice d’une nuit humide»
Deux courons d’air contraire qu’on appello
vent de terre et vent du large , occasionnent
le phénomène dont il vient d’être question»
C 109 )
On doit, je crois, l’observer dans toutes les
îles du plus au moins, quoiqu’il ne doive pas
y être aussi sensible qu’à Mascareigne où deux
grandes montagnes exercent alternativement
une attraction et une répulsion puissantes. Le
vent de terre est frais, souvent même froid, et
bien plus fort dans les gorges; on le ressent
quelquefois jusqu’à deux et trois lieues en mer»
Les cavernes que nous choisîmes pour asile,
sont situées dans les antiques coulées de ces
lieux, et l’on distingue facilement, à leur
disposition, qu’elles ont été des canaux intérieurs
formés autrefois dans la lave coulant©
à l’intérieur, tandis que sa surface était figée.
L ’une de ces cavernes, bien plus sûre que
les autres , a près de quinze pas de profondeur
sur quatre et cinq de large. Un peu d’humus
végétal en forme le sol, et des pommes de
terre (1) croissaient dans cet humus. Ayant
youîu creuser pour en arracher quelques-unes,
je trouvai des ossemens humains confondus
avec des os de cabris. Sans douté, c’étaient les
restes de quelques infortunés chasseurs ou de
marrons qui , égarés et sans secours, avaient
fini dans ces solitudes une vie pénible, et y
ÂK X.
Frimaire
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(1) Solanum tuberosum. L.