Anx. Ces arbres cependant paraissent bien,moins
Fri- anciens que toutes les traces des révolutions
physiques qui doivent çtre arrivées en ces lieux.
La pluie se joignit bientôt au brouillard, et
la température était devenue tout-à-fait.rigoureuse
dans le moment ou Guichard qui était
devant nous cria • Voici le coteau Maigre.-
L e : coteau Maigre est un de ces pas célèbres
dans le pays, comme presqu’impraticables.
On nous en avait fait un tableau si effrayant,
que, sans les circonstances fâcheuses qui faillirent
a nous le rendre funeste, j ’eusse été tenté
de le trouver très — commode. C’est une arête
dont les pentes gauches, un peu moins brus*
ques, conduisent les. eaux à la rivière des Marsouins,
et celles de la droite, coupées à pic ,
versent dans le Bras de la Plaine et dans la rivière
de Saint-Etienne.
Les brumes m’empêchèrent de juger de sa
hauteur au-dessus du sol sur lequel elle s’élève :
il n’y a dans ses, sinuosités qu’un quart de lieue
véritablement difficile à parcourir. Pendant ce
trajet, l’arete est absolument aiguë ; des. rocs
en composent la cime : il faut marcher tantôt
à la droite, tantôt à la gauche de ces masses
informes. On voit continuellement à ses pieds,
«u des précipices épouvantables 3 ou des nuages
»
plus épouvantables encore par l’idée des abîmes ^
immenses que leur aspect fait naître. Fri_.
Queiquefois il faut monter presqu’à pic, ou mair®4
descendre brusquement par des voies étroites
sur lesquelles on ne rencontre pas toujours des
arbustes seeourables pour s’accrocher. On dit,
et heureusement nous ne l’avons pas appris
par expérience , qu’il arrive parfois que des
pierres auxquelles on se retient, ou celles
auxquelles on confie le poids de son corps,
cèdent à l’impulsion , se détachent et peuvent
entraîner avec elles dans les régions inférieures
le malheureux qui s’est fié à leur solidité. On
appelle déboulis ces chutes de rochers qui
dépouillent souvent les pentes où ils passent,
de toute verdure , et dont les gorges des monts
retentissent au loin d’une manière effrayante.
Les pluies sillonnent et détruisent peu-à-peu
le coteau Maigre. Comme pour nous montrer
la manière dont elles y agissent, le mauvais
tems redoublait à mesure que nous nous enfoncions
sur l’arête que l’humidité rendait extrêmement
glissante. Inondés par l’eau du ciel
et par les gouttes qui tombaient des végétaux ;
pénétrés de froid par un vent glacial, nous
avions à lutter contre tous les obstacles possibles.
Nos noirs étaient très - chargés j obligés