Ax X. cascades de laves. Chemin faisant , je visitai
^ un cratere dont les bords scorieux étaient den-
maire* teles ; et plus bas, du côté qui regarde la mer ,
il en sortait une légère fumée sulfureuse qui,
s’élevant un peu en spirale , teignait de jaune
un des cotés de son limbe, dont la couleur
d un rouge vif et d’un lilas tendre mêlés à des
gratons du noir le plus sombre , formait des
ceintures tranchées.
Le noir et le rouge sont, sur nos théâtres,
dans nos tableaux et chez nos poètes, la couleur
des démons et des furies. Cette idée est
mythologique; c’est sûrement à l’Italie qu’on
la doit, à l’Italie remplie de volcans qui ressemblent
si fort aux demeures des dieux infernaux
, qu’il y a tout lieu de croire que, dans
les religions qui admettent un enfer, les volcans
ont été pris pour modèles.
Tout près du cratère s’élève un monticule
qui, de ce côté, représente absolument une
marmite renversée ; il est élevé de vingt-einq
pieds. Au milieu des scories et des laves sombres
de ces lieux , la verdure des andromèdes, des
àrmoselles et des scirpes qui le couvrent,
forme un effet siiiguliér; mais, par le lieu où
nous étions venus, ce monticule présentait
une bien autre apparence. Ce n’étaient que
scories rougeâtres, noires, grises, boursouflées, —
entassées sans ordre , et dans lesquelles on ^
distinguait trois soupiraux irréguliers : ces m
soupiraux étaient intérieurement rouges , enduits
de stalactites de laves vernies. Deux
d’entr’eux, presqu’opposés, étaient situes à
la base et plus obliques ; le troisième, pres-
qu’au haut du piton, avait Pair d’une cheminée
de mamelon, et ses bords étaient
à-peu-près à pic. La vue, en y plongeant,
était bientôt arrêtée par une épaisse obscurité
qui dénotait une grande profondeur. Je pris
un gros bloc de pouzzolane que j’y jetai; peu
après il heurta contre les parois rétrécies du
soupirail; mais je ne ' l’entendis pas arriver :
il en fut de même d’autres rochers que je
rendis aux entrailles de la terre. Dans le
même moment, Guiehardse trouvant à portée
du trou inférieur qui regarde le rempart de
l’Enclos, en entendit sortir de longs mugisse-
rnens, qui étaient sans doute produits par
le bruit que faisaient dans des gouffres les
pierres que j’avais jetées ; ce bruit devait être
multiplié encore par les échos souterrains qui
existent sans doute sous une montagne creuse
eomme un chapiteau d’alambic.
Je ne quittai pas ces lieux sans le plus